Bilan de l’agenda 21 de Bordeaux 2009-2013

Conseil municipal du 24 novembre 2014

D-2014/581 Rapport sur la situation de développement durable à Bordeaux conformément à la loi n°2010-788 du 12 juillet 2010

L’article 255 de la loi du 12 juillet 2010 portant engagement national pour l’environnement soumet les collectivités territoriales à la présentation, préalablement au débat sur le projet de budget, d’un rapport sur la situation interne et territoriale en matière de développement durable. Le rapport développement durable est une obligation légale qui permet de mesurer la mise en œuvre des politiques publiques favorisant la transition écologique du territoire. Il permet aussi à l’organe délibérant de pouvoir débattre des choix politiques et de leur cohérence sur le territoire au regard des enjeux locaux et des finalités du développement c’est pourquoi un tel rapport se doit d’être exemplaire et solide.

Or ce document verbeux comportent des manques, des erreurs, des approximations voir des chiffres détournés.

Étant nouvelle élue, je me suis replongée dans les précédents rapports et seul celui de décembre 2008 contient des indicateurs clairs et compréhensibles sous forme de tableau pour toutes les actions (on peut reprocher l’absence d’objectif dans ce document) mais au moins il y avait des indicateurs.
Aujourd’hui on nous présente un document qui ne permet pas d’aller à l’essentiel et de voir les progrès réalisés et les points à améliorer sur le territoire de Bordeaux.
Sur les 57 actions seulement 37 graphes récapitulatifs permettent de voir l’évolution sur la période 2009-2013 pour des sujets donnés (il devrait y en avoir au 260)
Parmi ces graphes disponibles j’ai pu en recenser 6 d’incomplets (sans les données 2013), 3 concernant d’autres territoires et 2 faux (j’y reviendrai plus tard).

Où sont donc les 260 indicateurs de l’agenda 21 de Bordeaux ?

Comme nous le demandons depuis plusieurs années, je le redemande aujourd’hui, fournissez nous les indicateurs et déposez les sur le portail open data de la ville.

Étant limitée dans le temps de parole je me contenterai de faire un focus sur trois actions du rapport.

Action 28 : agir et informer sur la qualité de l’air intérieur et extérieur

Malgré mon intervention au conseil consultatif du développement durable, les chiffres 2013 des alertes et jours d’information sur la pollution de l’air aux particules fines n’ont pas été corrigés, je réaffirme Mr Le Maire qu’il y a bien eu 4 jours d’alerte et 22 jours d’information et de recommandations.

Action 38 : privilégier la production alimentaire locale et les réseaux d’autoproduction

Les AMAP :
Il n’y pas d’évaluation précise de la situation bordelaise. Le rapport mentionne une dizaine d’amap sans plus d’information. Or un rapport DD devrait mentionner des données telles que le nombre d’amap, le nombre d’adhérents, de personnes réellement touchées et le nombre de producteurs engagés, leur répartition géographique ainsi que leur évolution dans le temps.
Dans le document aucune information sur les actions menées par la ville pour aider les AMAP. En quoi la ville de Bordeaux a promu la démarche ? Des locaux ont bien été mis à disposition des adhérents pour faciliter les distributions mais cela n’est même pas le cas pour l’amap de Nansouty mise en avant dans le rapport DD. Et ils continuent tant bien que mal à distribuer les légumes sous la pluie et dans le froid en hiver !

Avec un bon constat la ville pourrait se poser les bonnes questions et répondre aux besoins des amapiens notamment en matière d’organisation et de communication.

À titre d’exemple une des grandes difficultés des AMAP est la gestion des adhérents et des commandes, travail lourd qui demande aux bénévoles beaucoup de temps et d’investissement. Aussi, pour faciliter la tâche des AMAP les pouvoirs publics pourraient accompagner, et financer le développement d’un logiciel libre qui pourrait être utilisés par toutes les AMAP qui le désirent. Le projet existe, seul le financement fait défaut.

En terme de perspective les AMAP étant des associations créatrices de lien et de mixité sociale on pourrait accompagner un travail entre le CCAS et les AMAP bordelaises afin de faciliter l’accès à une nourriture saine et de qualité pour des bénéficiaires des minimas sociaux.

Pour finir sur l’action 38, les données concernant les jardins partagés et familiaux ne permettent pas de voir les évolutions sur la période, ni le nombre d’ha dévolus pour chaque catégorie de jardins. Sans omettre le fait qu’il semble y avoir moins de jardins familiaux en 2013 qu’en 2011, puisque aujourd’hui on nous dit qu’il y en a 94 alors qu’en 2011 d’après le rapport Agenda 21 il y en avait 97 recensés.

Action 9 : favoriser les modes de déplacements doux ou alternatifs

J’ai été très surprise à la lecture de ce paragraphe de l’absence de données quantitatives et qualitatives sur le vélo en ville !
Les seules données que l’on trouve sur le vélo sont dans le baromètre et ne permettent pas de montrer la réalité de la situation du vélo à Bordeaux.
Le linéaire cyclable de la ville est de 187 km en 2013, 164 km (méthode certu) en 2012. Le graphe du baromètre ne montre pas cela.
D’après  le rapport  du club des villes et territoires cyclables  Seulement 26 % de la voirie bordelaise est aménagée. Voilà un indicateur intéressant qui permet de se projeter dans l’avenir.
Enfin, L’indicateur du baromètre relatif aux double sens cyclables nous dit qu’en 2012 il y a 49 km d’aménagés, hors la ville a déclarée au club des villes et territoires cyclables 32 km en 2013. Où est donc la vérité ?

Par ailleurs, mettre en avant dans le rapport agenda 21 le classement du Copenhagenize index 2013 est simplement une farce. Ce prix n’est en rien objectif, je tiens à votre disposition une liste non exhaustive de 12 villes de plus de 100000 habs où la part modale du vélo est supérieure à 20%. Ces villes ne faisaient ni parties du Top 20 2011 ni de celui 2013.

Qu’en est-il de la part modale du vélo à Bordeaux ?
Vous affirmez qu’elle est passé de 6,5 % en 2012 (chiffre déclaré dans la fiche de la ville des rubans du développement durable et au journal terra eco) à 11% en 2013. Quel bon incroyable !!
Quelle ne fut pas ma déception quand j’ai réalisé qu’il s’agissait d’une erreur d’interprétation d’une phrase du rapport de l’Insee et de la Dreal.
En effet, ce rapport dit : »Près de 11 % des Bordelais utilisent le vélo lorsqu’ils restent en ville pour travailler ou étudier » alors que la part modale indique le pourcentage des trajets effectués sur un territoire défini. Le chiffre de la part modale du vélo donné dans cette étude pour Bordeaux est évalué à 8% pour cette catégorie bien particulière de la population bordelaise (étudiants et actifs bordelais travaillant à Bordeaux, soit 129 380 personnes), les 11% concernent « Bordeaux centre, son pôle urbain et sa couronne ». Donc au mieux la part modale du vélo à Bordeaux se situe entre 6,5% et 7% mais ni 8, ni 11% !

Enfin, l’objectif de 15% de part modale du vélo à bordeaux doit être revu et augmenté au moins à 20% car nous savons tous que pour atteindre son à objectif de 15 % défini dans la charte de Bruxelles, la CUB doit compter plus fortement sur la ville centre. Il va donc falloir accélérer l’apaisement de la ville en généralisant les zones 30 et généraliser les études participatives comme celle réalisée pour le secteur Dupeux tout en les mettant en œuvre.

Le rapport sur la situation en matière de développement durable est nécessairement construit en s’appuyant sur la connaissance des forces, faiblesses, opportunités et menaces du territoire et des enjeux qui en découlent. La hiérarchisation et la précision des objectifs à atteindre ainsi que les orientations stratégiques conduisent à mettre en perspective le cheminement de la collectivité vers un développement durable.

Si on part d’une hypothèse fausse tout le raisonnement est faux, donc si nous partons de données inexactes pour mener à bien des politiques publiques toutes ces politiques mises en œuvre ne permettront pas d’atteindre les vrais objectifs.

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