Quelle vision politique pour le Piémont Oloronais d’ici à 2030 en considérant la raréfaction des énergies fossiles et le changement climatique ?

à l’initiative de l’association « Oloron en Transition« , un débat a eu lieu le 16 juillet dernier autour du Haut-Béarn en 2030 en considérant la raréfaction des énergies fossiles et le changement climatique.

étaient invités à présenter leur vision en 10 minutes, des représentants locaux de différents partis politiques :
CNIP, Jacques Naya ;  EELV,  Cédric Laprun ; Parti de Gauche, François Maniere ; PS, Bernard Uthurry ; NPA, Miele Thomas ; UMP, Pierre Boeuf.

Retrouvez quelques photos et l’intégralité des interventions des représentants politiques sur le site de Radio Oloron

Ci-dessous le texte de l’intervention de Cédric Laprun,  co-porte-parole d’EELV Béarn
Pour paraphraser Martin Rieussec, je dirai que je vois un avenir prospère pour le Piémont oloronais, le Haut-Béarn et le Béarn.
Pour cela, il va falloir changer nos façons de faire, nos façons d’être et surtout, nos façons de penser.
Tout ne se fera pas en un jour, mais nous sommes réunis ce soir pour ouvrir le champ des possibles.
Vous verrez au cours de cette soirée que nous sommes quasiment tous d’accord sur les constats, et souvent, sur les perspectives.
Mais nos carcans idéologiques empêchent la majorité d’entre nous d’aller dans le sens de ces perspectives.
Je ne parlerais pas de tous les « dossiers » qui pourraient être évoqués ce soir, dix minutes sont évidemment trop courtes et je voudrais surtout insister sur la transition énergétique et sur la démocratie.

En préambule et très rapidement, 2 dossiers emblématiques de notre Haut-Béarn
L’agriculture : nous savons tous que nous vivons dans un pays de cocagne. Malgré, parfois, un certain fond conservateur, et malgré parfois la mauvaise image de « mon » parti dans le syndicat majoritaire agricole, je sais les paysans béarnais prêts à passer le cap d’une agriculture différente, plus proche des consommateurs et plus respectueuse de l’environnement.
J’en veux pour preuve le véritable pôle « agriculture de proximité, circuits courts, vente directe et agri-tourisme » de la Chambre d’agriculture des Pyrénées-Atlantiques, avec une 10aine de techniciens (alors qu’il y a 10 ans, quand j’y travaillais, nous n’étions que 1,5).
J’en veux pour preuve le développement de l’agriculture bio dans le département
(un sujet que je connais bien : un quart des surfaces exploitées par les vignerons indépendants du Jurançon sont certifiées (ou en conversion) « agriculture biologique »).
J’en veux pour preuve encore que la moitié des JA s’installant dans le département, s’installe avec un mode de commercialisation en vente directe.
Enfin, j’en veux encore pour preuve les installations hors cadre familial (même si le chemin est souvent difficile) qui souvent, innovent, expérimentent, inventent.
Même si çà ne va pas assez vite pour certains, je sais que nous sommes sur la bonne voie, reste à la jeune génération à « prendre » le pouvoir dans les syndicats et les instances professionnelles ou à inventer une nouvelle représentativité.
Reste enfin à l’ensemble de la profession agricole à reprendre le pouvoir dans leurs coopératives qui se diversifient, parfois à outrance, en s’éloignant de leurs activités originelles, au mépris de leurs adhérents (on l’a vu avec l’affaire Lur Berri – Spanghero).

Les transports
Malgré la place laissée à de nouvelles autoroutes parfaitement inutiles, je me réjouis que le gouvernement ait repris les préconisations du rapport sur les grands projets d’infrastructures.
Oui, il faut en priorité moderniser les voies existantes.
L’actualité récente (à Brétiggny sur orge et à Saintes ce matin) nous donne raison : il faut investir massivement dans l’amélioration du matériel roulant et dans les voies ferrées existantes.
Localement, la mise à niveau de Bordeaux-Pau pourra nous faire gagner 30 minutes ; la rénovation de Toulouse-Bayonne, voie en déshérence depuis trop longtemps, est une autre priorité.
Oui au cadencement entre Pau et Oloron et oui, à la réouverture de la Bedous-Canfranc
Nous ne pourrons limiter les déplacements en véhicule individuel qu’en proposant des modes de déplacements alternatifs et collectifs les plus performants possible.
Quant à la Pau-Oloron, je ne reviendrai pas sur ce dossier qui obnubile le Béarn depuis trop longtemps
Personne ne sera étonné de m’entendre dire qu’elle existe déjà, et que c’est la nationale 134.
Améliorons la RN 134 et souvenons-nous de cet avis de la Cour des comptes « le développement socio-économique par les infrastructures relève plus du slogan que de la réalité »
La transition énergétique.
Très rapidement sur le nucléaire, sujet d’actualité : le mythe de l’énergie pas chère grâce au nucléaire est dénoncé par les écologistes de tout poil depuis fort longtemps et voilà qu’enfin, politiques et médias semblent l’avoir compris.
Localement, des choses très simples peuvent être entreprises rapidement pour diminuer notre consommation d’énergie : étude énergétiques sur les bâtiments publics, nouveaux bâtiments à énergie positive, aide à l’isolation chez les particuliers etc etc
Selon les études, rien que cette partie pourrait créer des centaines de milliers d’emplois en France (Dernière en date : étude du CNRS : la transition écologique s’évalue à > de 600 000 emplois dans les transports-bâtiment).
J’insiste aussi sur le fait que si les collectivités et entreprises doivent diminuer leur consommation énergétique, nous devons, chacun individuellement y prendre notre part. (un clin d’oeil au mouvement Colibri)

Au-delà des actions, je voudrais insister sur la territorialisation de cette transition énergétique .
Je regrette qu’aucune intercommunalité béarnaise n’ait répondu à l’appel à projets lancés par la Région Aquitaine l’an dernier sur les territoires à énergie positive (les TEPOS)
Pourtant nous sommes bien placés en Haut-Béarn : hydroélectricité, solaire, filière bois énergie et méthanisation … pourrait permettre à notre pays d’être auto-suffisant en énergie .
Sur la méthanisation, une association s’est créée en Ossau « Pyrénergies » pour travailler sur cette thématique et inciter les paysans à se lancer dans cette production d’énergie, qui a terme, pourrait même permettre des compléments de
revenus.
La transition énergétique ne pourra se faire qu’à partir des territoires : la politique énergétique doit être décentralisée
Le récent débat national sur la transition énergétique a fait ressortir les grands axes de réflexion, résumés en quelques mots par le nouveau ministre de l’Ecologie Philippe Martin, le 8 juillet dernier : « La question du bouquet énergétique est
territoriale. Il faut clairement identifier les ressources des territoires. De fait, une forme d’autonomie énergétique des territoires est recherchée, sous contrôle de l’Etat pour garantir la solidarité nationale« .
A mon sens, la région doit être le chef de file en matière de planification et d’animation territoriale, via le schéma régional Climat-Air-Energie .
Le département pourrait, quant à lui, développer des capacités d’ingénierie au service des collectivités rurales à faibles moyens et dédier un service sur la précarité énergétique compte tenu de ses compétences sociales actuelles, et
évidemment en lien avec les intercommunalités qui gardent le contrôle des SCOT et PLU.
La démocratie
Nous devons changer de paradigme : la situation que nous vivons aujourd’hui n’est pas seulement une crise écologique majeure doublée d’une crise sociale et économique (que certains croient conjoncturelle) : cette crise globale que nous
traversons est un changement de monde
Antonio Gramsci : « La crise, c’est quand le vieux se meurt et que le jeune hésite à naître »

J’ai dit en préambule que, collectivement, nos façons de penser et nos carcans idéologiques nous empêchaient d’imaginer le monde de demain.
C’est pourquoi, il est urgent de rénover la vie politique française et renouveler le personnel politique en laissant une large place aux jeunes.
– cumul des mandats : pas de mandat national et exécutif local
(j’entends souvent l’argument fallacieux « un député doit rester en prise avec la réalité de terrain ») : il suffit pour cela d’être simple conseiller municipal ou bénévole actif dans une association sociale, environnementale, sportive ou culturelle, et la réalité du terrain, le député la vivra pleinement.
Mais pas, non plus, de cumul maire (d’une grosse commune) et président ou vice-président de région ou de département
– Mais aussi cumul dans le temps : je suis pour la stricte limitation à 2 mandats consécutifs.
– Élection au suffrage universel des conseillers communautaires dans les intercommunalités (la réforme pour les prochaines municipales va dans le bon sens).

A EELV, nous disons qu’il faut en finir avec le centralisme à la française.
L’Etat doit être là pour garantir la solidarité nationale, mais il faut donner le droit à l’expérimentation, aux Régions notamment.
A terme, il faudra une véritable République décentralisée (et nous avons vu qu’en matière de transition énergétique, ce sont les collectivités locales qui auront la main pour imaginer l’avenir).
On peut imaginer cette nouvelle décentralisation sous plusieurs formes : des régions plus grandes (Aquitaine + MP), des euro-régions (notion de Coeur des Pyrénées et Pays Basque),
Est-ce que cela impliquera la disparition des départements ?
Je crois à une Europe des Régions avec une direction de l’Europe élue par les citoyens et pas cooptés après on ne sait quel conciliabule.
Pour finir, j’évoquerai la place des citoyens dans les affaires locales.
Selon une enquête IFOP parue en juin, 12,5% de Français sont engagés dans la vie associative (+14% en 3 ans). Ce n’est pas que le gentil côté boy-scout qui apparaît là, mais la vitalité de la société civile.
Les partis politiques traditionnels se délitent d’une certaine façon, mais je vois partout ailleurs un mouvement inverse : souvent brouillon et multiforme, il invente l’avenir de notre « vivre ensemble ».
Ils ne correspondent pas aux clivages politiques que nous connaissons, mais ces associations, ces expérimentations, ces alternatives, ces cercles de débat font l’inventaire du possible et du souhaitable. Ils ont le goût de l’avenir. Sachons les écouter et les entendre.
Les élections municipales approchent et j’espère enfin entendre des candidats sur la place donnée aux forces vives de nos communes. J’espère entendre parler commissions extra-municipales, groupes d’actions municipales, démocratie
participative locale ….
Mais plus qu’en entendre parler jusqu’en mars, et parce que je crois à l’intelligence collective, j’espère que çà sera une réalité et qu’en 2030, nous nous retrouverons ici pour dire que oui, au niveau local, élus, associations, professionnels et citoyens peuvent co-élaborer des projets et co-gérer des actions communales ou intercommunales
Cédric Laprun

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