Béarn : Le Train, pour une mondialisation sociale et progressiste

Le 18 juillet 1928 la ligne ferroviaire Pau-Canfranc-Saragosse était inaugurée en présence du Roi d’Espagne Alphonse XIII et de Gaston Doumergue, Président de la République Française.

Dans le numéro spécial « Numéro extraordinario » du journal hebdomadaire « El Pireneo Aragonesa »,

Miguel Allé Salvador, maire de Saragosse, célébrait ainsi l’évènement :
« La facile communication entre les deux grands peuples les unira davantage pour les hauts idéaux du travail et de la paix. »

Francisco Garcia, maire de Jaca déclarait :
« J’ai la certitude que cette date glorieuse sera le point de départ d’un Jaca neuf et moderne… si les hommes qui aujourd’hui unissent leurs destins complètent le bien que nous apporte la Nature. »

Et Alfred de Lassence, maire de Pau :
« Ce 18 juillet sera une grande date pour notre vie régionale et internationale, le point de départ d’une collaboration permanente : collaboration entre les collectivités locales, collaboration de savants et d’artistes, collaboration économique et intellectuelle… Aragon et Béarn démontreront que pour la paix du monde il ne faut pas cesser de se donner la main. Il faut collaborer pour le bien du progrès humain. »

Le 27 mars 1970, 42 ans plus tard, même pas la durée moyenne d’une vie humaine, le lien était rompu par un banal accident sur le pont de l’Estanquet en Vallée d’Aspe. Ce pont n’a pas été réparé. Cela fait 43 ans que ça dure. Les pouvoirs politiques qui se sont succédés n’ont pas voulu rétablir, entre nos deux pays, une magnifique liaison ferroviaire qui portait en elle le sens d’une vie plus étroite, plus intime, plus belle, plus en symbiose avec un destin plus heureux de l’humanité.

Cette réalisation, souvent grandiose à travers la montagne pyrénéenne, a été abandonnée par l’Homme alors qu’elle venait à peine de naître. C’est inouï, irresponsable et impardonnable. Car elle avait coûté un travail immense, une intelligence, un courage, une passion, un art hors du commun. Pendant ses vingt ans de percement et de traversée des Pyrénées, elle avait payé le prix de beaucoup de vies humaines.

On doit se poser la question : pourquoi un tel abandon?
L’explication a été donnée par la préférence accordée, quelques années plus tard, à la réalisation de la voir autoroutière internationale dite E7 et de son tunnel du Somport, attendus par les sociétés sans âme d’un commerce international en développement. Pour ces sociétés et leurs gouvernants, l’art du Viaduc d’Escot, de la Gare de Canfranc, et la peine de l’Homme, étaient bien secondaires.

Aujourd’hui un projet de remise en service de cette ligne ferroviaire est à l’ordre du jour. Un premier élément, d’Oloron à Bedous, avant Bedous – Canfranc, est financé, très heureusement, par le Conseil Régional d’Aquitaine. Il se heurte à l’opposition à l’origine de la Chambre du Commerce et de l’Industrie, et maintenant à l’opposition d’une toute récente association animée notamment par les habitants voisins de cette ligne. La raison donnée par cette opposition est que cela coûterait très cher pour le rétablissement d’une ligne qui ne serait pas utilisée. Ils commettent une erreur considérable. Ils situent le train dans le contexte d’une économie capitaliste chère aux sociétés multinationales et pour le commerce pesticidé de plus en plus contesté.

Le train pour le développement de nos territoires de proximité dans le cadre d’une Europe progressiste nouvelle, ce sera toute autre chose. Il alliera intimement l’économie et la culture. Il ne sera pas seulement question de fraises et d’automobiles, le train fera vivre aussi l’artisanat, le tourisme, le sport, nos langues, la beauté des viaducs et des pierres de taille, le souvenir des constructions et des visages d’autrefois. Le train avec ses wagons de voyageurs et de marchandises sera rempli de la vie plus saine, plus belle et plus responsable en Aquitaine et en Aragon.

En vérité, c’est une civilisation nouvelle et d’espérance en un avenir humain qu’il s’agit : le Train de Pau à Saragosse doit être rétabli, il y va de l’honneur de nos pays et des institutions Européennes.

Danièle IRIART & Eurydice BLED, pour le bureau EELV Béarn

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