Réponse à l’enquête publique sur l’exploitation de granulats marins

CINQ ANS DE RECHERCHES… ET APRES ?

L’estuaire de la Gironde et ses côtes proches, objet des convoitises de chasseurs de granulats matins, est-il voué à cesser d’être le dernier estuaire d’Europe à l’état presque naturel ?

La demande d’un permis de recherches exclusives, « Granulats Large de laGironde » ouvre la voie à de sombres interrogations pour l’avenir.

Cinq ans de sondages sismiques, carottages, chalutages, même sur des périodes très brèves, dans des espaces bien circonscrits, annoncent, si l’autorisation est donnée, une exploitation à grande échelle de granulats au large de nos côtes.

Certes, on prend note des besoins de l’agglomération bordelaise qui espère 50 000 logements nouveauxd’ici 2020, pour atteindre le million d’habitants.

Certes, il faut bien construire 1 « école » (au singulier dans le texte), des prisons (au pluriel dans le texte), des hôpitaux, des places, des voies de chemin de fer, et protéger nos plages contre l’érosion.

Notre presqu’île médocaine, dans le cas à une exploitation à grande échelle serait décidée après la phase d’exploration, resterait toujours le « parent pauvre » en matière de routes, de chemins de fer, d’hôpitaux de projets de défense de la côte, et, pourquoi pas de prisons ou d’école ! Nous payerons toujours notre redevance, nous, malheureux estuariens, à ceux qui vivent… à l’amont.

On essaie bien de nous séduire avec l’exemple du rechargement des plages du Pyla en 2009 et 2010. Les habitants du Signal devraient apprécier et faire des manifestations pour applaudir au programme de recherches.

Aménagement de places ? Les Soulacais savent ce que cela veut dire depuis l’aménagement « minéral » de la place de la Basilique. Il en aura fallu des granulats pour réaliser ce projet !

Les poissons ? On leur promet la fuite, au mieux. Les oiseaux ? Ils sont assez malins pour passer entre les grains. Les Tirs militaires ? Le PER, véritable Triangle des Bermudes à l’envers, se situe en dehors des zones de tir.

On aimerait lire cependant, dans ce bel et bon dossier, que les courants marins, lesquels transportent le matériel alluvionnaire, sont imprévisibles.Les sédiments que l’on va nous enlever définitivement au large pour rejoindre des chantiers plus lointains que proches du gisement d’extraction, auraient pu être ramenés un jour ou l’autre tout naturellement sur nos côtes.

On recherche en vain à la loupe les perspectives de routes, de voies ferrées, de programme de défenses des côtes, d’hôpitaux, d’école (au singulier), et pourquoi pas de prisons (au pluriel), dans notre presqu’île médocaine.

Je souhaite que le PER « Granulats Large de la Gironde » ne soit pas accordé par les autorités compétentes.

Les impacts géophysiques, halieutiques, sur la pêche, avec le problème des frayères de soles, mais pas seulement, sont suffisamment sévères dans le cas d’une exploitation continue sur 10, voire 40 ans, comme cela existe déjà dans d’autres pays européens, pour motiver un refus.

La proximité des ZNIEFF, de Natura 2000,« Panache de la Gironde », doit inciter nos instances étatiques à reculer face à un tel projet.

Pourquoi accorder un permis de recherches si c’est pour refuser, par la suite, un permis d’exploiter ?

Il semble que l’on puisse s’aider, pour faire échouer ce projet, de la législation européenne. Elle a servi dans d’autres cas.

Le granulat terrestre est devenu quasiment inaccessible, étant donné la rigueur des exigences environnementales. Sera-t-on plus laxiste en matière de granulats marins qu’en matière de granulats terrestres ? Ce serait un total non-sens.

Le granulat qui est, selon le dossier, la seconde matière première utilisée en France après l’eau, constitue » un enjeu économique fort qui s’accompagne d’enjeux sociaux significatifs ». Ceci reste à prouver.

Parmi les risques évoqués dans le remarquable dossier de CREOCEAN, il est envisagé de rencontrer des engins explosifs ou de susciter une pollution marine à partir d’une épave non encore identifiée.
A mon sens, il y a
plus dangereux encore, c’est d’accorder le permis demandé aux chasseurs de granulats marins sur la côte girondine.

Il s’agit d’une volonté politique, comme souvent. N’est-ce pas assez de devoir renoncer au Parc Naturel Marin, Aire Marine Protégée ?

Josiane Nouvel

Mairie de Soulac, le 30/11/2012

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