Eva Joly au colloque du Centre des Jeunes Dirigeants le 30 mars 2012
C’est devant près de 600 personnes, femmes et hommes chefs d’entreprise le plus souvent, qu’Eva est intervenue à l’occasion du colloque du Centre des Jeunes Dirigeants. Le CJD avait souhaité entendre les candidats, Eva avait été précédé par François Bayrou, Xavier Bertrand (au nom de N. Sarkozy) et Laurent Fabius (au nom de F. Hollande).
Les positions prises par le CJD, notamment dans son Livre blanc « Objectif Oïkos » ont maints traits communs avec les ambitions que porte Eva. Celle-ci l’a rappelé, en soulignant les convergences, mais sans omettre les quelques désaccords sur les mesures à préconiser à court terme, telle que l’augmentation de la TVA que le CJD préconise pour diminuer les cotisations assises sur la travail, alors qu’Eva souligne le côté anti-redistributif qu’aurait une telle mesure dans un contexte de crise et de fort chômage.
Ainsi Eva a-t-elle insisté : « nous partageons je crois le même horizon. Notre horizon commun, c’est une économie qui met les femmes et les hommes « au centre », qui prend en compte la finitude de la planète et des ressources. Notre horizon commun, c’est une Europe politique forte, ce sont des Etats Unis d’Europe. Notre horizon commun, c’est un pays solidaire, qui ne laisse personne au bord du chemin, qui progresse vers l’instauration d’une allocation universelle ».
Réforme fiscale d’ampleur, création d’emplois par le développement de nouvelles filières industrielles contribuant à la conversion écologique de l’économie, soutien aux PME dont l’enracinement local correspond bien à notre modèle de société, promotion de l’innovation, livret Vert pour financer la conversion écologique, Small Business Act à la française et étendu à l’échelle Européenne par la négociation avec nos partenaires, volonté d’aller vers les Etats-Unis d’Europe … autant d’axes bien appréciés par la salle.
Eva a conclu son intervention en affirmant que « pour lancer la transition écologique, il faut tourner le dos au capitalisme financier à vision court-termiste qui sévit depuis des décennies en France, et il faut rénover la gouvernance de nos entreprises ». Le CJD a joué un rôle important, voici trente ans, dans l’élaboration des Lois Auroux sur le dialogue social dans l’entreprise. Et pour Eva, « Je suis dans le même état d’esprit que ceux qui ont fait les lois Auroux : « citoyens dans la cité, les travailleurs doivent l’être aussi dans leur entreprise ». Il ne s’agit pas de brider les initiatives individuelles et collectives, il faut au contraire les stimuler ».
D’autant que, tout montre, parfois dramatiquement, que la souffrance au travail s’est accrue fortement. Au-delà du stress, de la pression, « le travail n’a plus de sens. On ne peut s’y projeter personnellement. Il ne vous renvoie pas une image positive de vous-même. Et c’est là le drame des Français. Car pour eux, le travail est très important. Ils cherchent à s’y réaliser, à s’y épanouir. Le travail devrait être une fierté mais trop souvent il n’a plus de sens, ou pire il fait honte ».. Raison de plus, pour Eva, pour mettre en œuvre le chantier d’un nouveau dialogue social dans l’entreprise.
Le débat qui a suivi a permis d’élargir le spectre à des questions comme la gouvernance politique (la République exemplaire), la recherche du « mieux-vivre » préférable au « avoir plus » …
C’est dans une ambiance amicale que cette réunion s’est achevée.