La conversion écolo … en quelques mots

Petit bréviaire à l’usage des nouveaux militants

 

DEUX CONSTATS

 

En tant qu’écologistes, notre analyse des évolutions économiques repose sur deux constats fondateurs :

D’une part, ce modèle de développement ne peut perdurer car il épuise les ressources de la planète, qu’il contribue au changement climatique, mais aussi parce qu’il est générateur d’inégalités, de précarité, de mal-être.

• D’autre part, il fait reposer toutes les solutions sur le retour de la croissance, or nous sommes réalistes. Nous constatons que l’accroissement des inégalités et le niveau d’endettement public et privé ne peuvent faire espérer à l’avenir qu’une croissance molle dans les pays occidentaux. Celle-ci s’affaiblit d’ailleurs tendanciellement : elle était de 2,2 % en moyenne sur la décennie 80, de 1,9 % en moyenne sur la décennie 90, de 1,5 % en moyenne sur la décennie 2000.

DEUX OBJECTIFS

 

Pour nous, c’est un autre modèle de développement qu’il faut inventer, de nouveaux modes de production et de consommation, une conversion écologique de l’économie qui concilie deux objectifs :

• La réduction de l’empreinte écologique de l’économie

• Et l’amélioration de la qualité de vie pour tous. Et quand nous disons qualité de vie, nous disons en premier lieu emploi et revenu, mais nous disons aussi santé, diminution de la précarité, de la souffrance au travail, des temps de trajet, augmentation du temps libre, … Notre objectif est de réorienter l’économie, pour la mettre au service de l’être humain.

 

CROISSANCE OU DÉCROISSANCE ?

 

Il est temps que l’attention ne porte plus que sur le seul PIB. La croissance ne peut être une fin en soi : ce qui nous importe, c’est l’impact sur l’emploi et la qualité de vie de tous.

Les politiques publiques doivent être guidées par des indicateurs alternatifs qui prennent en compte la diversité des éléments qui composent la richesse au sens large du terme.

Définis démocratiquement, ces nouveaux indicateurs doivent être pluriels et composer un véritable « rapport annuel sur le développement humain durable ». Il devra intégrer des indicateurs environnementaux à l’image de l’empreinte écologique, des mesures des émissions de carbone ou des bilans énergétiques, mais aussi des mesures des inégalités (comme le BIP40- Baromètre des inégalités et de la pauvreté, créé en France en 1999, des indicateurs de ’santé social’ ou de ’bien-être économique’)

 

8 PILIERS POUR UN PROGRAMME ÉCONOMIQUE ÉCOLOGISTE

La conversion écologique de l’économie peut se décliner en 8 axes :

La création d’emplois verts, pour majeure partie non délocalisables, dans l’isolation thermique, les énergies renouvelables, les transports collectifs, l’agriculture biologique, .. .et la reconversion des secteurs en déclin vers ces nouveaux emplois

La réduction du temps de travail : abrogation des exonérations sur les heures supplémentaires, limitation de la durée maximale, nouveaux droits au temps libéré, travailler mieux et moins pour travailler tous, …

La relocalisation de l’économie : en donnant un prix au carbone sur tous les produits y compris ceux qui sont importés, et en développant les circuits courts, et en favorisant la souveraineté alimentaire dans chaque région du monde.

La qualité de vie au travail : notamment en aidant les entreprises pour qu’elles s’engagent dans une démarche d’amélioration des conditions de travail et de prévention des risques psychosociaux, et en les sanctionnant quand elle ne le font pas.

La réduction des dépenses contraintes : aujourd’hui le logement (25%) et le transport (15 %) représentent les premiers postes de dépenses des ménages. Les mesures que nous proposons en faveur du logement, de l’isolation thermique, des transports en commun, sont autant de moyens de diminuer ces dépenses contraintes.

Une juste répartition des richesses : par l’augmentation des minimas sociaux, la réhabilitation de l’impôt progressif, et en se donnant comme objectif la réduction de l’échelle des revenus : revenu minimum et maximum.

Une fiscalité au service de l’écologie : internalisation des coûts environnementaux par des outils adaptés aux différents secteurs : contribution climat énergie, taxe carbone aux frontières, bonus malus, …

La maitrise du capitalisme financier : orienter le système financier vers le long terme et diminuer la financiarisation de l’économie en contrôlant les risques pris par les banques, en diminuant la complexité des produits financiers, en instaurant une taxe sur les transactions financières. Il ne peut pas y avoir une économie réelle orientée vers le développement durable, si elle s’appuie sur un système financier centré sur le court terme.

 

QUELLE APPROCHE DE L’ENTREPRISE ?

 

La Responsabilité sociale et environnementale des entreprises : l’entreprise est un acteur inséré dans la société et qui profite de toutes ses infrastructures (éducation, protection sociale, équipements, sécurisation du système bancaire, ….). Elle doit rendre des comptes à l’ensemble des parties prenantes : Etat, collectivités locales, riverains, consommateurs, actionnaires, salariés. Elle inscrit son activité dans le cadre d’une législation qui protège les intérêts de tous les partenaires et qui doit imposer :

o des obligations de transparence : rapport développement durable issu de la loi NRE, transparence fiscale, ….

o Une conditionnalité des aides reçues des pouvoirs publics, en fonction de des contraintes environnementales, de l’utilité sociale des activités et de la qualité des emplois induits.

o Un principe de responsabilité ,

– dans le domaine social : société mère vis-à-vis de ses filiales

– dans le domaine environnemental : principe pollueur/payeur et protection de la santé des salariés et des consommateurs

o Un renforcement des pouvoirs des comités d’entreprise sur les orientations de l’entreprise.

La reconnaissance de l’économie sociale et solidaire. L’économie ne se résume pas à l’entreprise capitaliste, elle est plurielle : sociétés de capitaux, sphère publique, économie sociale et solidaire. Certaines formes d’entrepreneuriat social (associatif, coopératif, mutualiste, solidaire …) doivent être encouragées comme alternative à l’économie libérale.

 

TRANSITIONS

 

La transition vers ce nouveau modèle de développement doit être traitée à part entière

• Avec une sécurisation des parcours et un droit effectif à la formation tout-au-long de la vie

• Avec de véritables démarches de GPEC (Gestion Prévisionnelle des Emplois et Compétences) territoriales, qui permettent aux salariés d’avoir une vision prospective des emplois en développement et de prendre en main leur parcours professionnel plutôt que de subir les mutations (qu’elles soient économiques, technologiques ou environnementales),

• Avec un souci permanent d’équité dans les réformes mises en œuvre : Pas de réforme sans justice. C’est la condition sine qua non de l’adhésion à la réforme, comme on l’a vu sur la taxe Carbone. C’est donc notamment aux entreprises, et aux plus aisés, de s’adapter en premier.

• Avec un volontarisme réel vis-à-vis des lobbies : celui des grandes entreprises, des agriculteurs, du nucléaire, …

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