INCENDIES : LE PIRE EST À VENIR

ll y a eu, depuis le début 2017, entre deux et trois fois plus de feux de forêt que les années précédentes. La saison des incendies est aujourd’hui proche de cinq mois et ne se limite pas aux seuls mois d’été ; ces feux de forêts sont désormais plus précoces, sont plus violents et détruisent de plus en plus d’arbres. Les scientifiques s’accordent sur le fait que le changement climatique a d’ores et déjà une influence sur ces incendies ; influence qui devrait s’accroître considérablement dans les années à venir.

Ces scientifiques s’appuient désormais sur un indicateur : l’indice forêt météo (IFM) qui permet d’estimer le danger météorologique de feux de forêts en tenant compte de la probabilité de son éclosion et de son potentiel de propagation.

 

 

Il est utilisé dans la plupart des pays y compris par Météo-France en lien avec la Protection Civile. Ces projections climatiques permettent également d’étudier son évolution à plus long terme. (Rapport de Météo-France en 2010 sur l’impact du changement climatique dans le cadre de la mission interministérielle sur l’extension des zones sensibles aux incendies de forêts).

Les incendies seront aussi de plus en plus fréquents dans des pays jusqu’àlors peu touchés.

D’aures facteurs aggravant se combinent pour rendre la lutte contre les incendies à la fois coûteuse pour la collectivité (plus de 536 millions d’€ par an en France, dont seulement 4 M€ via l’UE) et difficiles pour les services d’incendie (mitage du milieu forestier par l’urbanisation, ce qui entraîne l’utilisation croissante des moyens disponibles pour défendre les habitations ou entreprises). Selon les experts, ce coût devrait progresser de 20 % dans les années à venir.

Il n’y a pour l’heure pas de réelle politique Européenne visant à prendre en compte ces futurs risques, le financement de la prévention et des moyens de défense (en particulier la flotte aérienne). Le rapport de février 2017 de la commission au Parlement Européen et au Conseil concernant les progrès réalisés et les déficits subsistant dans la capacité européenne de réaction d’urgence pointait déjà ces insuffisances (par exemple, après les incendies en Grèce, la commission avait co-financé…1 avion pour l’ensemble des 27 pays !).

De plus, quel que soit le pays (la France n’y fait pas exception), la prévention reste le parent pauvre de la lutte, en raison de l’exode rural et de la reforestation naturelle qui ferme les paysages et élimine les coupures agricoles, de la non application des règles de débroussaillement, de la faiblesse des effectifs de surveillance (en particulier publics).

Il y a donc urgence à déterminer une véritable politique Européenne de prévention, d’adaptation des peuplements forestiers au changement climatique, de politique urbanistique, de revalorisation des zones agricoles visant à limiter la propagation. Surtout, il est essentiel de renforçer les services publics de surveillance (ONF, gendarmerie, forestiers sapeur départementaux, services de surveilance d’ONCFS et des Parcs).

Enfin, parce qu’une forêt gérée par ses propriétaires est mieux entretenue, mieux protégée (à l’exemple du massif Landais), il faut donner de la valeur à ses produits, améliorer la gestion, redonner vie et substance à la forêt et aux espaces naturels.

René MONTAGNON

 

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