Climat et nature: le temps sera-t-il écologiste?
Journées d’été EELV, Bordeaux, août 2014
FORUM de la Commission Nature & environnement
Pré-requis
La forte et rapide augmentation des gaz à effet de serre ou GES est un phénomène unique sur 800 000 ans. Le réchauffement est réel et son niveau projeté en 2100 oscille entre +2 à +5°, selon les modèles (avec une incertitude de l’ordre de 2° pour chaque modèle). Le moindre est déjà important et grave.
Christophe Orazio: changement climatique, forêts et biodiversité
Ingénieur forestier, directeur de l’antenne Atlantique de l’Institut Européen de la Forêt, Bordeaux.
La forêt atténue le changement climatique en stockant du carbone, mais la déforestation émet 20 % des GES, (+ de 7 millions d’ha ont disparu chaque année dans la décennie 2000…). Elle abrite aussi une grande part de la biodiversité terrestre (moitié des sites NATURA 2000).
Elle subit déjà le réchauffement : sècheresses plus graves, humidités plus fortes, augmentation des tempêtes et incendies, développement et changements d’aires de distribution des pathogènes et mortalités induites importantes
Des impacts importants sont attendus sur les écosystèmes et le paysage forestier, les pertes de production chiffrées en centaines de milliards d’euros et une tension sur la demande de biomasse dès 2020. Mais une part peut être atténuée par le choix de politiques spécifiques (pratiques, règles). Dans ce contexte changeant, la politique de conservation de la biodiversité in situ type Natura 2000 est interpellée.
Ne pas oublier cependant le rôle majeur de la forêt dans le stockage du carbone et la nécessité de la maintenir en bon état fonctionnel, gage de sa résilience au changement.
Françoise Goulard: Garonne 2050
Ingénieur chargée de la Prospective Eau, Agence de l’eau Adour-Garonne, Toulouse
La Garonne sera plus chaude de 2° (entre 1,5 et 2,8°) vers 2050, selon le scenario A1B. L’étiage sera plus sévère (de 20 à 50%), plus précoce (de 2 mois), et plus long (2 mois),…Les besoins des usages actuels seront difficilement satisfaits, la tension inter-usages sera forte, les arbitrages difficiles…
Cinq scenarios ont été étudiés : sobre, croissant (vert), tendanciel, dé-carboné, libéral, en considérant différentes variables technico-économiques et l’évolution plausible des usages. Résultat : la biodiversité (poissons migrateurs ici), par rapport à son état actuel, en difficulté, ne reste stable qu’avec le scénario sobre ; elle décline ou disparait avec les autres. .
La stratégie d’adaptation sera d’ampleur (échelle, rythme, moyens) et se divisera en 3 voies : économies et efficience hydrologique (insuffisant), pompage dans la nappe (faisabilité et coût ?), mobilisation des réserves hydroélectriques (1100 Mm3 actuels). Des recherches sont nécessaires en écologie, agronomie et économie.
A noter la faible participation du public et des élus à cet exercice de prospective.
Gilles Euzenat : saumon et changement climatique
Ingénieur R&D, Docteur en écologie, ONEMA, Dast, Station Biologique de Eu (76)
Ecologiste, responsable de la commission nationale EELV Nature et Environnement
Rapide focus sur le saumon face au réchauffement climatique, pour éclairer l’objet du forum.
Cas de la Bresle (Haute-Normandie), travaux de G.Euzenat & F. Fournel, ONEMA : la survie en mer a baissé de moitié en 30 ans pendant que l’eau dans les mers nordiques (voies de migration et aires d’engraissement) se réchauffait d’un demi-degré.
Cas de la Garonne et Dordogne. Ici, il s’agit d’un essai de restaurer le saumon, disparu au début 20ème, suite aux aménagements hydro-électriques….A effort de repeuplement égal sur 20 ans, on observe une baisse d’un facteur 5 des retours. Baisse corrélée avec le réchauffement de la mer dans le Golfe de Gascogne. Travaux de MIGADO et ONEMA Toulouse.
Cas global, américain et européen, en Atlantique Nord, modélisation de Kevin Friedland du NOAA-NMFS (USA) . Dans le siècle à venir, avec le scénario moyen du GIEC (A1B), la mer devrait se réchauffer de 2°, côté européen, de 2,8°, côté américain. Ce qui se traduirait par une baisse d’abondance pré-pêche en 2100, de 90% côté US et 56% côté EU, en projection allométrique car en linéaire, c’est 100% et 56% dès 2050 (et 100% en 2100 côté EU).
Ronan Dantec,
Sénateur, chargé des questions de biodiversité et environnement
« Beaucoup ont intégré l’idée du changement climatique et semblent s’y résoudre. Ils se concentrent sur les mesures à prendre pour s’y adapter, faisant l’impasse sur les mesures propres à l’atténuer, ce qui est extrêmement inquiétant »…
Questions-réponses : non-enregistrées
REPONSE : le temps sera un peu écologue, il ne sera probablement pas écologiste…..