Arbres d’alignement sur les routes: forcément coupables quand cela arrange les aménageurs!
Le Ministre de l’intérieur a déclenché la polémique en demandant à ses Services un inventaire des alignements d’arbres « dangereux » sur le réseau routier au nom de la sécurité routière, comme si c’étaient les arbres qui tuaient les hommes et non les hommes qui allaient se tuer contre les arbres.
La justification donnée par le ministre est d’autant plus étonnante qu’il est avéré que les arbres ont plutôt un effet protecteur. De nombreuses associations et experts soulignent en effet le rôle des alignements sur la réduction de la vitesse, la visualisation des reliefs et virages, et partant, l’amélioration de la sécurité. La réalité est plus prosaïque : La volonté de développer et mettre au gabarit supérieur nombre de routes au nom du développement de la circulation entre pôles urbains, les projets d’enfouissement de réseaux de communication sans avoir à acquérir de terres agricoles… On est loin de la sécurité routière!
Cette initiative portera atteinte aux paysages, à la biodiversité; elle est contraire au maintien des trames vertes, à la circulation et à la protection de la faune (oiseaux, insectes…) liées à ces milieux. Cette continuité est cruciale pour la transition liée au changement climatique. Comme le maillage des haies, qui perd plus de 15000 km de linéaire par an, la trame des arbres d’alignement cède peu à peu sous la pression routière et urbanistique. Le dernier inventaire européen d’occupation des sols Corine Land Cover relève une augmentation des infrastructures de transport larges (+19%) au détriment des espaces naturels.
La gestion des patrimoines arborés routiers ne peut s’envisager que sur le long terme, compte-tenu des cycles de vie des arbres allant de 60 ans à plus de deux siècles ; des chartes et schémas de gestion doivent être établies en concertation avec tous les acteurs, élus, services de l’Etat et associations. EELV demande au gouvernement de renoncer à cet inventaire aux conséquences prévisiblement dévastatrices, et, au contraire, d’inclure dans tous les nouveaux projets d’infrastructures les superficies nécessaires à la plantation d’arbres. Ce n’est pas en sacrifiant systématiquement les arbres aux aménagements que l’on luttera contre le changement climatique. Il est plus que temps de réévaluer nos priorités!