Le Front national dans le NPdC : vers un enracinement ?

Un nombre de voix en constante progression depuis 2009

 Le 22 avril 2012, Marine le Pen a battu dans la région le record que son père avait établi le 5 mai 2002, franchissant pour la première fois la barre symbolique du demi-million de suffrages. Avec 517 115 voix (23,29%), le Front national, troisième,  n’est devancé par l’UMP (23,62%) que de 7 231 voix. Entre 2007 et 2012, Nicolas Sarkozy a perdu environ 115 000 voix dans la région quand Marine Le Pen en gagnait 200 000.

 

La montée du Front national est d’abord la responsabilité de l’UMP, qui a échoué à tenir les promesses de 2007 (pouvoir d’achat, République irréprochable) et qui n’a pas cessé de légitimer l’idéologie frontiste (débat sur l’identité nationale, discours de Grenoble, etc.). L’élimination massive des candidats de la droite parlementaire aux dernières élections cantonales (23 duels PS/FN au second tour sur les 78 cantons renouvelables du Nord et du Pas de Calais) en est la plus flagrante manifestation.

 

Mais cet enracinement du Front national dans le paysage politique régional est aussi la responsabilité de la gauche qui peine à se renouveler et à proposer des solutions innovantes tenant compte de la crise sociale et écologique. Les succès du Front national dans le Bassin minier en témoignent.

 

Dans le même temps, les bons résultats des écologistes aux élections européennes puis régionales prouvent que de nombreux citoyens attendent l’émergence d’un nouveau modèle. Si la présidentielle ne nous a pas réussi pour de multiples raisons (vote utile, bipolarisation, communication, etc.), elle n’hypothèque en rien la diffusion de notre discours, et sa pertinence en réponse au Front national.

 

 

Qui sont les électeurs du Front national ?

 

Aux cantonales de 2011, 90% des cantons où le FN était présent au second tour ont un taux de chômage supérieur à la moyenne.

 

Dans le Nord Pas de Calais, le FN a un électorat essentiellement populaire, particulièrement affecté par les évolutions de la société, et qui, autant d’un point de vue sociétale qu’économique, n’a pas l’impression de tirer profit de ces évolutions. Ces électeurs se servent du vote FN comme d’un moyen d’exprimer leurs inquiétudes. Néanmoins, ce ne sont pas les personnes les plus pauvres qui votent le Pen (elles s’abstiennent massivement), ce sont celles qui ont peur du déclassement social.

 

La xénophobie (contre les « étrangers qui profitent ») n’est que la conséquence de cette peur légitime du déclassement. Les vociférations et amalgames du Front national attisent les symptômes sans jamais traiter les causes.

 

 

Le modèle roubaisien ?

 

A Roubaix, Marine le Pen a fait 4834 voix (15,6%), bien loin des 5947 voix (19,4%) du second tour de 2002 et surtout des 7210 voix (22,1%) du premier tour de 1995. Le FN a perdu 2 400 voix sur Roubaix en quinze ans, alors que le nombre de votants est resté constant sur cette période (autour de 70% de participation).

Le soutien aux associations qui promeuvent la citoyenneté, les campagnes pour l’inscription sur les listes électorales ou la lutte contre l’abstention semblent donc payer. A Roubaix, le thème de « l’islamisation rampante » qui a longtemps porté le vote FN ne paie plus : des mosquées se construisent en bonne entente, des liens se tissent entre représentants des différents cultes, un dialogue est né autour des valeurs de fraternité et de partage. Des initiatives y ont aussi porté leurs fruits, à l’image de «  Nos Quartiers d’Eté », portés par Majdouline Sbaï, vice-présidente EELV en charge de la Citoyenneté au Conseil régional.

 

 

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