Y-a-t-il des mots frontistes et y-a-t-il des mots écologistes ? Le compte-rendu de notre atelier aux JDE d’EELV 2014

Alors que le message écologiste se veut porteur de solutions d’avenir, c’est le discours du FN qui séduit « les perdants de la mondialisation ». Cela nous pousse à nous questionner: comment le discours écologiste est-il perçu? Quels mots utiliser pour présenter les solutions écologistes ?

Intervenants :

  • Julien LONGHI, Maître de conférences à l’Université de Cergy-Pontoise, directeur du département Métiers du multimédia et de l’internet
  • Laurent TERRISSE, président de l’agence de communication LIMITE
  • Damiens HENSENS, coordinateur de Génération Cobayes
  • Sophie CAILLAT, journaliste et auteur de Comment j’ai sauvé la planète
  • Animation : Cyrielle Chatelain, membre du groupe de travail de lutte contre l’extrême droite

La réussite du discours frontiste:

un discours cohérent: le discours FN est très cohérent historiquement et se construit autour de phrases types qui incarnent l’idéologie du parti et qui sont reprises par toutes les figures du FN. Ce discours s’articule autour de 4 pôles : Français, France, national et liberté.

un émetteur identifié: l’émetteur c’est Marine Le Pen;

des récepteurs identifiés: Elle s’adresse à ceux qui souffrent, aux « perdants de la mondialisation ». Électoralement, elle parle aux classes moyennes péri-urbaines en perte de vitesse.

une volonté de gagner le pouvoir: Elle dit clairement qu’elle veut le pouvoir : usage du présent, concessions au détriment des radicaux du FN, main tendue aux hésitants…

un discours qui impose ses présupposés: Les membres du FN intègrent dans leur discours des présupposés qu’ils imposent dans l’interaction. Ex : « l’explosion de l’immigration entraîne une hausse de la délinquance » Lorsque la personne conteste le lien entre immigration et délinquance, elle admet implicitement le présupposé de l’explosion de l’immigration.

Les difficultés du discours Ecolo:

1° un discours hétéroclite: le discours écologiste est beaucoup plus hétéroclite. Le mot « politique » est au centre des discours, puis viennent les mots écologie, écologiste, société, rassembler, monde, défendre et courage.

Des émetteurs divisés: On ne sait pas qui parle, le discours n’est pas incarné. 

Des destinataires non identifiés: aujourd’hui les écolos ne savent pas exactement à qui ils s’adressent. Pour avoir un discours performant, il faut commencer par assumer son ciblage électoral, ce que comprennent ces publics et quels sont les points de rencontre entre leurs logiques et les nôtres.

Une volonté de gouverner qui n’est pas affirmé : les écologistes n’assument pas leur volonté de prendre le pouvoir. On est encore dans « l’écologie lanceuse d’alertes », un parti « contrepoids » du PS, etc. L’intention perceptible par les électeurs est donc de peser sur les socialistes et non de les remplacer.

Quelles pistes pour améliorer notre discours :

Simplifier note message : Il est nécessaire d’expliciter certaines expressions écolos comme « Principe de précaution » et rendre notre discours plus accessible en partant de la vie quotidienne. Par exemple sur la question des perturbateurs endocriniens, Génération Cobaye réussit à toucher un nombre de jeunes grandissant en prenant appui dans son discours sur des actes de consommation du quotidien et la question de la justice sociale.

Faire sens et donner à voir un projet global : les programmes « catalogues de mesures » censés tout changer sont désormais à éviter absolument. Tout le monde sait que « ça plante ». La perspective d’enlisement de la crise et de stagnation économique réintroduit ici une temporalité́. S’il est une notion dont l’opinion publique crédite les écolos, c’est celle de la temporalité́. Travailler dans la durée, pour attaquer les problèmes dans leur complexité́, de sorte qu’on passe vraiment « à autre chose » à la sortie de la crise, cela fait sens. Il y a un espace pour un discours expliquant qu’en 2020, le monde ne sera plus le même et que si nous voulons y être heureux et prospères il faut profiter de la crise pour y adapter nos modes de vie, de travail, de consommation, etc.

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