Actuellement entre les mains du PS, le nouveau canton de Schiltigheim, qui rassemble désormais la troisième ville du Bas-Rhin et la commune de Bischheim, pourrait changer de couleur politique au lendemain du scrutin départemental.
Le 19/02/2015 05:00 par Philippe Wendling
Situé à la lisière nord de Strasbourg, le canton de Schiltigheim qui, outre la ville éponyme (31 700 habitants), englobe désormais Bischheim (17 500 habitants), va voir s’opposer sept binômes lors des élections départementales des 22 et 29 mars. Ce nombre, et plus précisément la présence de plusieurs candidats de gauche, inquiète Raphaël Nisand, le conseiller général PS sortant. « Les progressistes doivent voter utile dès le premier tour, c’est-à-dire socialiste. Voter Front de gauche ou Europe Écologie serait ouvrir la voie à un duel entre l’UMP et le FN au second tour » , lâche-t-il en rappelant que la formation lepéniste est sortie en tête des urnes à Bischheim (25,01 %) et en deuxième position à Schiltigheim (19,78 %) lors des européennes 2014.
Celle-ci s’était même hissée au second tour à Schilik lors des cantonales 2011. « Avec un peu de chance, nous y parviendrons encore » , espère quant à lui le candidat frontiste Denis Gabel (en duo avec Laure Pfeiffer), tout en précisant que l’une de ses principales motivations « est de faire bouger les élus en place et de les obliger à respecter l’argent public » , un thème récurrent de son parti.
Quid du cumul ?
Autre crainte de Raphaël Nisand : s’il avance « ressentir des frémissements à gauche » , il reconnaît que « la droite a le vent en poupe » dans ce canton populaire de presque 50 000 habitants, où le taux de chômage flirte avec les 15 %. Pour rappel, l’élu PS a perdu son fauteuil de maire de Schiltigheim en mars 2014 face à l’UDI Jean-Marie Kutner, quand l’UMP a conservé, elle, la majorité à Bischheim grâce à la victoire de Jean-Louis Hoerlé, le président de la Chambre de commerce et d’industrie d’Alsace. Ce dernier brigue, lui aussi d’ailleurs, le mandat de conseiller départemental du canton en binôme avec Danielle Diligent, conseillère municipale UDI de Schiltigheim.
« Notre union vise à ne pas disperser les électeurs du centre et de droite, mais répond davantage à une question d’hommes que de partis , avance la principale intéressée. Avec Jean-Louis Hoerlé, nous travaillons déjà ensemble dans le cadre des échanges entre nos communes ainsi qu’à l’Eurométropole de Strasbourg [ex-Cus] dont je suis conseillère et lui vice-président. »
Leur élection au conseil départemental, au même titre que celle de Raphaël Nisand, lui-même conseiller de l’Eurométropole, serait dès lors synonyme de cumul des mandats. Danielle Diligent n’y voit pas d’objection car « les prérogatives des deux assemblées n’ont pas encore été établies. Notre maîtrise de leurs dossiers respectifs serait un plus dans la définition de celles-ci » , estime-t-elle.
Les Verts en embuscade
Dans la même situation, la candidate d’Europe Écologie-Les Verts (EELV), Danielle Dambach, promet, au contraire, « de quitter [ses] sièges de conseillère à Schiltigheim et à l’Eurométropole en cas de victoire » le mois prochain, afin de « pouvoir négocier sereinement les attributions » du conseil départemental, et notamment celles liées « à la solidarité ». Son binôme, Gérard Schann, élu d’opposition bischheimois, en fera autant. Se présentant comme « l’alternative au PS » dont elle est « déçue » , Danielle Dambach veut aussi l’être à la droite. Parmi ses raisons qu’elle va décliner en arguments de campagne : le maire UMP de Bischheim et son homologue UDI de Hoenheim refuseraient, « au détriment de l’environnement, la création d’un tram passant par leurs communes » , comme l’envisage l’Eurométropole.
Outre ceux du PS, de l’UMP-UDI, du FN et d’EELV, trois autres binômes ont déclaré leur candidature dans le canton de Schiltigheim. Jonas Schiff et Laurence Winterhalter défendent les intérêts du Front de gauche. Fatih Karaya et Selay Yumlu représentent le Parti Égalité Justice, une nouvelle formation dite « musulmane » prônant, entre autres, l’intégration de l’islam dans la loi de séparation de l’Église et de l’État. Unis pour l’occasion, le Parti Fédéraliste Européen et Unser Land ont pour candidats Hervé Bégeot et Andrée Munchenbach.
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