OuiBus, filiale de la SNCF, va fragiliser les liaisons ferroviaires Paris-Normandie
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La SNCF veut-elle vraiment nous faire préférer le train ? Conséquence de la libéralisation des transports autocar inscrite dans la loi Macron, OuiBus, filiale directe de l’entreprise publique lance une offre de transports par cars entre Caen et Paris et Le Havre-Rouen-Paris, risquant ainsi d’aggraver un peu plus les difficultés des lignes ferroviaires existantes. Le risque est d’autant plus grand que le transport par route, contrairement au train, ne paie pas ses coûts d’infrastructure : la construction et l’entretien du réseau routier est entièrement à la charge des contribuables, tous les contribuables, quand les usagers du train s’en acquittent dans le prix de leur billet.

Le symbole est terrible : la SNCF organise sa propre concurrence sur le tracé de la future Ligne nouvelle Paris-Normandie (LNPN) ! A quoi bon tant de communication et de promesses, à quoi bon les engagements budgétaires des collectivités pour permettre la LNPN, si c’est pour déjà l’enterrer ? A quoi bon, si la SNCF elle-même abandonne le train ?

Normandie Ecologie condamne ce renoncement de la SNCF à ses missions de service public ferroviaire et s’inquiète du désengagement persistant de l’Etat qui conduit à cette situation.

Pour Yanic Soubien, tête de liste régionale Normandie Ecologie :

« On finit par être dans l’absurde. Parce que l’Etat est incapable d’assumer un pilotage sérieux de l’offre des transports, et en particulier de la politique ferroviaire, on voit aujourd’hui la SNCF scier la branche sur laquelle elle est assise. Pire : la SNCF reçoit d’un côté les subventions des Régions pour la circulation des trains TER et, de l’autre, fragilise les lignes soutenues par les Régions ! C’est inacceptable du point de vue de la dépense publique, et inacceptable que le gouvernement ait créé les conditions d’un tel gâchis. »

Il eut été plus utile que la SNCF propose à la future région normande des solutions qui répondent au besoin des populations : par exemple une liaison routière entre Le Havre et Caen entre lesquelles n’existe aucune liaison directe en transport en commun.

Claude Taleb, vice-président de la Région Haute-Normandie et tête de liste Normandie Ecologie en Seine-Maritime, précise :

« La loi autorise la collectivité à faire appel à l’Autorité de régulation des activités ferroviaires (ARAF) lorsqu’elle estime qu’une ligne de transport par car fragilise (sur une distance inférieure à 100 km) une ligne ferroviaire qu’elle subventionne. C’est le cas, concrètement, de la ligne Le Havre-Rouen, subventionnée en TER par la Région Haute-Normandie. Il est donc nécessaire que la Région sur ce point s’exprime, c’est en tout cas ce que je demanderai dès lundi en réunion de l’exécutif régional. A quelques semaines de la COP21, la conférence mondiale sur le climat à Paris, il serait désolant que notre pays renforce encore un peu plus le transport routier au détriment du ferroviaire. »