Dans les Vosges avec la filière bois et l’économie du XXIème siècle – 04 novembre
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RENCONTRES DANS LES VOSGES

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La papeterie UPM de Docelles : reprise par la SCOP des salarié-e-s ?

Sandrine Bélier a rencontré les salarié-e-s de la papeterie fermée par UPM à Docelles. Ils se sont constitués en SCOP, ont obtenu des promesses de la multinationale finlandaise et ont finalement été trahis par UPM, qui refuse de leur céder l’usine et propose plutôt de la vendre à 10 millions d’euros. Le prix étant trop élevé, les salariés constitués en SCOP n’arrivent pas a racheter leur usine. La machinerie moderne se délite faute d’entretien suffisant par UPM, qui a pourtant été condamnée par le tribunal de commerce à entretenir les outils de travail. Malgré la mobilisation de certains politiques comme le Maire de Docelles, les salarié-e-s doivent résister aux pressions d’UPM, qui est la deuxième plus grande multinationale au monde et participe notamment au chantier de l’EPR finlandais d’Okiluto avec Areva et EDF. Comment un groupe d’ouvriers licenciés peut-il résister à une multinationale organisée ? Dans le contexte économique et juridique actuel, difficilement. Il appartient à la puissance publique – l’Union européenne, l’État, la Région – de prendre ses responsabilités. A la puissance publique de ne pas céder aux moindres désirs des multinationales qui, à chaque changement de stratégie décidé en haut-lieu, n’ont pas de scrupules à fermer une usine rentable, sans considération aucune pour les ouvriers. Une région écologiste agira dans ce sens, et soutiendra la reprise d’entreprises par les salarié-es

Sandrine Bélier à Tendon
Valoriser le hêtre à Tendon

Le Maire de Tendon Gérard Clément et la première adjointe Sandrine Thierriot-Brevot ont fait visiter le centre périscolaire construit en grande partie en bois de hêtre local grâce à un processus novateur. Les contreforts des Vosges autours du village de Tendon sont couverts de hêtres, mais la filière feuillue peine à trouver de bons débouchés. Avec l’entreprise Yves Sertelet et la scierie Lagarde, le Maire de Tendon a mis sur pied un projet viable et un beau bâtiment en caissons de hêtre pour les enfants, avec un poêle central. La force du projet a emporté avec elle la création d’un statut pour le hêtre dans la construction, avec des normes et certificats, ce qui permettra à d’autres d’utiliser le hêtre dans le bâtiment. Voilà une manière courageuse d’agir pour l’économie avec la commande publique.

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Reconstruire une scierie à La Baffe avec Daniel Lagarde

La scierie de Daniel Lagarde a brûlé le 18 juillet, et le bâtiment doit être démoli. Malgré des difficultés avec les assureurs qui rechignent à verser les sommes dues et en dépit des difficultés de la filière des petites scieries bois, il a déjà les plans pour la reconstruction d’une scierie pour repartir de plus belle ! Ses principales motivations sont le maintien des emplois, et son amour pour les petits acteurs du bois et sa volonté de développer l’activité économique de son village, dont il est Maire.

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Entreprendre à Bains-les-Bains

Frédéric Denninger est un entrepreneur vosgien qui œuvre dans l’énergie, avec la production de granulés bois et l’électricité (photovoltaïque et hydraulique). A l’origine de nombreux projets,  toujours avec en ligne de mire la transition écologique et l’économie locale, il fait face à des difficultés administratives ubuesques pour réactiver des barrages et des turbines hydro-électriques. Des documents juridiques vieux de plusieurs centaines d’années mais vides de sens aujourd’hui empêchent les Vosges de réaliser son autonomie énergétique, pourtant à portée de main vu la profusion de micro-centrales hydroélectriques abandonnées sur les cours d’eaux vosgiens.

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IN’BÔ

Une visite rapide à l’entreprise IN’BÔ à Les Voivres a permis de découvrir leurs produits : vélos en bambou, lunettes en bois, skateboards et longboards. Les entrepreneurs ont participé plus tard à la soirée « Biodiversité économique pour les Vosges » avec Sandrine Bélier à Epinal.

 

« BIODIVERSITÉ ÉCONOMIQUE POUR LES VOSGES » : UNE SOIRÉE A ÉPINAL

IMG_4354_Avec IN'BÔ et Il était un arbre

La SCIC Bio-Vair

La SCIC Bio-Vair, c’est la construction d’un projet économique entre 160 membres producteurs et avec les consommateurs. Le but est d’avoir tous les produits de base disponible sur un même magasin. « On a failli fermer la porte au bout d’un an, mais on a pas baissé les bras. Aujourd’hui, la SCIC est membre du réseau BIOCOP, on fait partie des magasins les moins chers pour les produits de base et on commence à attirer des jeunes qui s’installent sur des productions nouvelles. Notre chiffre d’affaires progresse de 10 % par an. Notre problème est celui de la taille des locaux, que nous voulons agrandir. On nous a vu, nous avons fait un peu effet boule de neige, et d’autres SCIC sont nées. »

La monnaie locale complémentaire en Déodatie

80 % des bénéfices faits dans les grandes surfaces s’en vont à l’étranger. A partir de là, comment faire en sorte que les profits restent ? D’où l’idée d’une monnaie locale. Aujourd’hui la monnaie locale, le Déoda, est un échec. Mais l’expérience peut bénéficier aux prochains ! « Quand on commence à parler argent, comment payer, comment acheter, on commence à toucher aux susceptibilités de chacun. Au plus fort du Déoda, il y en avait 15 000 en circulation et 35 entreprises qui acceptaient la monnaie. Mais nous manquions de moyens humains, de soutiens politiques, de communication et de marketing. Si nous voulons recommencer, il faudrait solliciter les politiques, contacter les structures comme les piscines, les bibliothèques… Aujourd’hui il y a le Stück à Strasbourg, l’Euscal au Pays Basque, l’Épi à Nantes. Il y a toujours un aspect sympa, un sourire échangé avec les autres consommateurs. En dehors de l’intérêt humain, il y a l’intérêt de faire circuler la richesse dans le pays et de créer du lien. »

Jean-Pierre Simon, producteur laitier membre d’une AMAP

Une Association pour le Maintient de l’Agriculture Paysanne, il y a l’idée de soutenir le producteur, et l’idée d’avoir accès à une production de qualité. Les premières AMAP sont nées pour permettre l’installation d’un producteur. Ici, l’AMAP a beaucoup de contrats (viande de porc, viande de bœuf, œufs, légumes, fromages…), et on grandit. Mais elle est très éclatée en termes de producteurs et en termes de consommateurs. Les consommateurs font l’amalgame entre un produit local et de qualité, et un produit bio. En même temps, les questions des consommateurs encouragent les producteurs conventionnels à faire la transition.

Il était un arbre (entreprise en couveuse)

Il était un arbre produit des cabanes en bois dans les arbres, et est porté par trois jeunes ingénieurs tout juste sortis de l’ENSTIB. La couveuse dont bénéficie Il était un arbre, en fait c’est une alliance entre trois dispositifs. C’est 500€ par mois et par personne (par l’association Terre de Hêtre), un statut juridique offert (par la couveuse Pass’Lorr), et la mise à disposition d’un parc de machines (par l’ENSTIB). Le Salon de l’Habitant d’Épinal et le Gipeblor ont déjà exposé Il était un arbre.

IN’BÔ (entreprise en couveuse)

IN’BÔ est fabriquant d’articles de sport d’extérieur en bois – des skateboards, des lunettes et des vélos. A l’origine, ils fabriquaient ces articles sur les machines à l’école, pour eux-mêmes. Tout comme Il était un arbre, IN’BÔ n’existe pas juridiquement, mais est hébergé par la couveuse, qui aide au niveau juridique, administratif, de stratégie, de communication et du bâtiment. IN’BÔ est d’ailleurs le premier projet hébergé par la couveuse : un projet pionnier.

Le but d’une couveuse, c’est de tester son activité, pas de faire de la croissance. Embaucher des personnes et acheter des machines n’est pas possible dans la couveuse. « Si on a besoin de faire ça, c’est qu’il faut sortir de la couveuse. On perd un peu de vue la réalité économique, la chance qu’on a d’être dans ce dispositif, alors que c’est une chance inouïe. C’est aussi pour cela qu’on est accompagnés. C’est la seule couveuse en France qui offre des bourses. »

Vers une couveuse agricole

Selon Alain Gérard, président du groupement des agriculteurs bio des Vosges et seul producteur de cochon bio du département, « il y a une agriculture qui s’auto-détruit, qui détruit son outil de travail ». Mais il y a aussi des gens qui se lèvent et qui ont envie de mettre les mains dans la terre d’un nouveau modèle. La couveuse s’est mise en place pour aider ceux-là. « Il nous manque certains soutiens institutionnels et d’aides publiques, mais il y a une opportunité pour un terrain à Les Voivres. L’association sert à soutenir ceux qui ne peuvent pas se payer, et qui ont besoin de temps pour se construire un modèle rentable. La Couveuse va être soutenue par le réseau des agriculteurs bios. »

Epinal en Transition avec Julien Perrin

« Il y avait déjà un mouvement de transition en Déodatie, alors on en a créé un à Epinal ». Partant du constat de la double problématique du changement climatique et du pic pétrolier, la démarche initiée par Rob Hopkins au Royaume-Uni a donc essaimé dans les Vosges. Un petit groupe de personnes a décidé d’échanger, de mettre en commun, de proposer des actions et des dispositifs. Quand les élus voient un engouement pour certaines pratiques, ils deviennent de plus en plus bienveillants vis-à-vis de la démarche. « Or nous avons besoin de leur aide, notamment pour les infrastructures, car pour faire du vélo on se heurte vite au problème des infrastructures. »

Arlette Jaworski, adjointe au Maire à Contrexéville coordinatrice de l’Agenda 21

Elle est rentrée sur la liste en conditionnant sa venue à la mise en place d’un Agenda 21. C’est une démarche volontaire, dans laquelle la collectivité s’engage vis-à-vis du Ministère. La démarche correspond aux finalités du développement durable : climat, biodiversité, cohésion sociale, l’épanouissement… « Dès le lancement il y a eu un soutien. Il y a vraiment des aides. Vu l’endettement de la commune, nous n’avons pas pris de chargé de mission. La démarche, c’est un état des lieux, puis des axes stratégiques, puis des actions. L’Agenda 21 se fait avec la population : c’est une exigence lourde, chronophage mais intéressant. Il y a des marges de manœuvre au niveau de l’agriculture bio, au niveau de l’usage de la forêt… Les collectivités doivent s’emparer de leurs marges de manœuvre. L’Agenda 21 aurait pu démarrer au niveau de la communauté de communes, mais il a démarré au niveau communal pour montrer l’exemple. Mais la communauté de communes est plus éloignée des citoyens… »

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