Toulouse et Détroit, même combat ? Pour une biodiversité des activités économiques.

Et si Toulouse devenait le « Détroit du 21ème siècle » ? Trop de similitudes pour rester insensibles. Ne pas être interpellés serait une erreur, il faut bénéficier des expériences des autres, surtout quand le contexte semble si comparable.
La principale caractéristique commune qui saute aux yeux est l’organisation d’un développement autour d’une seule activité dont la force centripète attire les habitants et l’économie présentielle qui leur est nécessaire. Ce fut l’automobile à Détroit, c’est l’aéronautique (des avions au spatial) à Toulouse. L’A380 est la Ford T du début du XXème siècle. Il était alors question de doter chaque américain d’une voiture de « n’importe quelle couleur pourvu qu’elle soit noire », comme l’affirmait Ford dont le modèle était la production et donc la consommation de masse. Aujourd’hui, Airbus crée les A380, modèle moderne du transport de masse, de la mondialisation triomphante des échanges. Ford fut le symbole de la prospérité américaine comme EADS est celui de la réussite française mais surtout européenne. Toulouse, c’est aussi la conquête spatiale. Ford a inventé le fordisme, Airbus a porté à son firmament une culture de l’entreprise hyper intégrée avec ses centres de formation, ses moyens de transports internes, ses bases de loisirs, sa salle de spectacle…Toulouse est la ville d’Airbus et à l’intérieur comme un cœur vivant mais indépendant, il y a Airbusville, sa propre ville, indépendante, mastodonte qui se développe, qui attire.
Airbus est le fleuron de l’économie nationale en même temps qu’il a un effet d’entrainement pour preuves les pôles de compétitivité présents dans son orbite.
Quoi de plus emblématique que la construction en un temps record de la route à grand gabarit entre Toulouse et Bordeaux. Les digues des marchés publics, les dédales de l’administration ont cédé face à la déferlante d’Airbus, de l’A380 en l’occurrence. L’économie a mis les procédures à ses pieds. Dans les années 30, les Big Three ont fait l’essor de Détroit (Ford, Chrysler, Général Motors), à la Motors City d’hier, on peut objecter la ville spatiale toulousaine avec ses 3 grands ATR, EADS et le CNES.
Faut-il lire les similitudes au-delà de la réussite, faut-il puiser dans l’analyse du déclin de Détroit des prémices de ce qui pourrait être vécu de ce côté-ci de l’Atlantique ? Détroit a périclité par l’inadéquation de la production américaine à la demande et, pour vendre, la délocalisation a alors permis de pénétrer les marchés extra américains mais, de fait, a provoqué une mise au chômage des ouvriers basés à Détroit.
Et alors, que lire dans cette analyse factuelle ? Ce sont deux signaux d’alerte pour une industrie locale qui a investi massivement dans l’A380, pendant que ses concurrents, notamment en Asie travaillent sur des modèles plus adaptés à la régionalisation du transport aérien. Le second est l’augmentation des contrats conditionnés par la délocalisation d’une partie de la production voire par l’échange de savoir-faire. Ces deux parallèles ne doivent pas cesser de nous adjoindre à la vigilance.
L’Oncopôle et les pôles de compétitivité autour de l’agroalimentaire, de la chimie verte sont des moyens de diversifier une économie beaucoup trop enfermée autour de l’aéronautique dont les centres de décision sont européens. Toulouse dépend d’EADS mais EADS ne dépend pas de Toulouse. Le vrai danger se situe dans cette vision asymétrique de la relation. Pour preuve, il y a quelques temps, le déplacement dATR sur les anciennes pistes de Francazal aurait relevé de l’intelligence territoriale, mais le projet a été vite enterré parce qu’à déplacer l’entreprise, les italiens, partenaires de l’affaire, auraient très bien pu revendiquer un déménagement transalpin.
Ici, on a la preuve que Toulouse est un centre industriel majeur mais la précarité de l’exemple américain doit inviter à une prise de conscience collective. Que serait Toulouse sans l’emploi lié au complexe aéronautique ? Comment se protéger contre un risque non certain mais probable lié à l’obsolescence programmée des industries, hier l’automobile, demain l’avion ? Biodiversifions les activités économiques !

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Ce sursaut ne viendra pas des partis de la gauche gouvernementale qui ont montré leur incapacité à sortir du modèle libéral et productiviste, et dont le bilan est extrêmement décevant.

Notre région Languedoc-Roussillon Midi-Pyrénées, résolument ancrée à gauche, offre une opportunité rare - et peut-être historique - de modifier profondément la donne lors des élections régionales de décembre 2015, offrant alors - par la force de l’exemple - un puissant levier de régénération politique à l’échelle du pays.

Le discrédit frappe largement les formations politiques et s’exprime au travers de la montée de l’abstention. Pourtant l’attente confuse mais palpable d’un nouveau modèle d’implication civique et politique (qui se cristallise avec force sur certaines luttes), et l’exemple de mouvements populaires dans des pays voisins (même si ces mouvements sont issus d’une réalité sociétale bien différente de la nôtre) appellent à ré-interroger profondément la façon d’envisager une échéance électorale mais aussi ce que nous souhaitons faire au-delà d’un simple scrutin.

La construction d’une dynamique citoyenne autour d’une proposition et d’une méthode politique nouvelle (programme, valeurs, méthodes, représentation…) ne doit pas rester un vain mot d’ordre, mais doit se traduire par la mise en place d’outils participatifs concrets, en rupture avec l’offre traditionnelle qui a échoué. Plusieurs initiatives, affirmant une même volonté de rassemblement politique large au service d’une mise en mouvement citoyenne, ont vu le jour dans notre région. Nous mettons aujourd’hui à disposition, pour contribuer à leur convergence, un outil participatif d’échange programmatique que nous avons choisi de nommer « Le projet en commun ». Cette plateforme doit permettre à chacun-e non pas simplement d’observer, mais d’agir, en toute transparence dans un cadre souple et efficient où chacun-e doit se sentir responsable et se porter garant-e de l’objectif.

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