AQUADOMITIA: POURQUOI DEVENIR DÉPENDANT POUR NOTRE APPROVISIONNEMENT EN EAU ?

AQUA DOMITIA :
POURQUOI DEVENIR DEPENDANT POUR NOTRE APPROVISIONNEMENT EN EAU ?

CONTEXTE :
Le Languedoc Roussillon est soumis à un climat méditerranéen, caractérisé par une aridité estivale, et une pluviométrie printanière et automnale marquée par des épisodes ‘‘Cévenols’’. C’est-à-dire beaucoup d’eau sur de courtes périodes de précipitations concentrées sur quelques mois de l’année. Cette eau s’infiltre de moins en moins car les sols sont de plus en plus recouverts de surfaces imperméables, notamment en milieu urbain, et s’écoule vers les réseaux hydrographiques des bassins versants : ceux de l’Hérault, de l’Orb, de l’Aude, puis vers la mer. Sur son chemin, une partie est déjà utilisée pour l’irrigation des cultures, notamment.

L’Espagne a qui l’on avait proposée l’eau du Rhône, a souhaité garder son indépendance d’approvisionnement et a opté pour une usine de désalinisation de l’eau.

Ainsi, au lieu de s’inscrire dans une politique d’importation de l’eau pour satisfaire des besoins toujours croissants, par exemple pour l’irrigation de nouvelles surfaces de Golf, nous posons la problématique inverse :

COMMENT RESTER INDEPENDANTS VIS-A-VIS DE NOTRE RESSOURCE EN EAU ET MENER UNE POLITIQUE D’ECONOMIE ET DE GESTION DE NOS PROPRES RESSOURCES ?

Comment retenir l’eau douce des précipitations, avant qu’elle ne s’écoule jusqu’à la mer ?
Comment permettre le maximum d’infiltration dans les sols et les sous-sols par des pratiques culturales différentes et la limitation de l’emprise urbaine sur les sols ?

LA VIGNE, CULTURE DE CLIMAT MEDITERRANEEN, A-T-ELLE BESOIN D’EAU ? :
Est – il nécessaire d’irriguer la vigne, culture méditerranéenne par excellence, adaptée au plus haut niveau à ce climat, semi-aride en été et pluvieux surtout en automne ?
Depuis quelques décennies, pour tenter de concurrencer les productions de vins plus « haut de gamme » des autres régions françaises, le Languedoc Roussillon abandonne progressivement ses cépages, au profit de cépages bordelais ou bourguignon.
Or, on s’aperçoit que ces cépages non méditerranéens souffrent de plus en plus du déficit hydrique estival : ce stress hydrique n’affecte pas les cépages méditerranéens. Est – il donc nécessaire de placer des kilomètres de tuyaux d’irrigation pour arroser des cépages non méditerranéens, ou bien est-il souhaitable de revenir à des cultures de cépages méditerranéens, comme le picpoul, le grenache, … ?
On nous dit que les consommateurs n’en veulent pas ; pourtant ces cépages se vendent bien, alors que l’ensemble des vins Languedociens sont en perte de vitesse sur les marchés : l’offre actuelle ne parait pas en adéquation avec la demande des consommateurs ….
Revenir à ces cultures de cépages méditerranéens, en compléments des efforts fournis sur les méthodes de vinification, ne devrait pas poser de problème puisque l’ensemble des cépages mondiaux sont conservés au Domaine de Vassal, INRA, Marseillan, Hérault.

L’IMPORTATION DES EAUX DU RHONE, CLASSEES A3 SELON LES NORMES DE QUALITE, ET LEUR EPANDAGE SUR NOS TERRES, EST-ELLE SOUHAITABLE ?
La pollution potentiellement serait transportée par les eaux du Rhône :
elle contient en effet des métaux lourds, de nombreux résidus de médicaments dont des résidus hormonaux, des perturbateurs endocriniens, des PCB (PolyChloro-Biphényles) famille moléculaire proche des dioxines, cancérigènes, …
En ce qui concerne les PCB, ils ne sont pas uniquement présents dans les sédiments, mais également en suspension dans l’eau : ceci est mesurable grâce à l’existence de bio-marqueurs tels que la mesure de l’activité enzymatique EROD (Ethoxy Résorufine-O-Dééthylase) dans le foie des poissons vivants dans les eaux du Rhône (hotu, gardon, ombre par exemple). Ce bio-marqueur, dont l’activité avoisine les 100% dans certaines portions du Rhône (d’après ‘’L’eau dans l’espace rural’’, INRA 2001,) renseigne sur l’exposition des poissons à des polluants majeurs : plus le milieu de vie de l’animal est pollué, plus l’enzyme est active, car l’activité de cette enzyme EROD se traduit par la destruction par oxydation de la plupart des molécules organiques, dont les PCB.
Donc les eaux du Rhône sont polluées, et ses polluants se retrouveront évidemment dans les eaux brutes, mais également dans les eaux potabilisées à partir de ces eaux brutes, puisqu’ils ne sont pas éliminés par les méthodes de potabilisation de l’eau.
Donc, non seulement nous serons amenés à boire de cette eau polluée du Rhône, , mais cette pollution représente en outre est un risque majeur pour nos terres.
D’après le Journal du Dimanche du samedi 29 octobre 2011, un éleveur de Mayenne a dû abattre tout son troupeau de vaches contaminées aux PCB (lait et viande).
Une fois nos terres du Languedoc Roussillon imprégnées de PCB et autres polluants, les raisins pourraient devenir impropres à la consommation …. Souhaite-t-on un tel scandale sur nos terres du Languedoc Roussillon ?
Les agriculteurs doivent rester les garants de la qualité de nos produits de terroirs, pour leur santé, biologique et professionnelle, et pour la nôtre.

ENFIN, PLUS GENERALEMENT, L’IMPORTATION DE L’EAU DU RHONE NOUS INTERROGE A PLUS D’UN TITRE :

– Nous souhaiterions que soit communiquée l’étude de faisabilité sur les prélèvements en eau du Rhône : ces prélèvements ne pourraient-ils pas mettre en danger l’approvisionnement en eau de refroidissement des centrales nucléaires de la vallée du Rhône ?
– L’approvisionnement de la région sera-t-elle une priorité, garantissant un apport d’eau face aux autres besoins de la vallée du Rhône ?
– L’irrigation de la Camargue ne sera-t-elle pas menacée par ces prélèvements, face à une baisse du débit du Rhône qui subira aussi les effets des changements climatiques par diminution de son approvisionnement en amont et hausse de l’évaporation le long de son cours ?
– La diminution du débit du Rhône ne risque-t-elle pas d’entrainer une remontée de la nappe d’eau salée sur les terres de Camargue (sans parler de la remontée de la mer) qui risquent alors de devenir incultivables ?
– Les conduites d’eaux acheminant l’eau du Rhône seront-elles résistantes à d’éventuelles secousses sismiques ? Après l’expérience de Fukushima, nous savons que rien ne peut-être garanti.

SOLUTIONS PROPOSEES :
Ainsi, l’apport extérieur d’eau du Rhône ne semble pas être une solution pérenne et saine pour notre région, avec un coût qui fera augmenter le prix de l’eau. D’autres solutions existent.
– Les études montrent que la consommation en eau des foyers de la région Languedoc Roussillon est supérieure de 25% à la moyenne nationale : des campagnes de sensibilisation des ménages doivent donc être menées pour réduire leur consommation.
– Les collectivités locales doivent apprendre à stopper l’arrosage du bitume, à installer des végétaux résistants aux contraintes du climat méditerranéen pour minimiser les arrosages, ainsi que les pertes.
– Les pertes sur les réseaux de distributions d’eau s’élèvent de 20 à 40 % : un effort de sécurisation des réseaux devra être réalisé nécessairement, chez les particuliers, et les réseaux des collectivités locales.
– Les ressources qui s’écoulent dans les rivières et vers les nappes de la région chaque année, sont de l’ordre de 7 milliard de m3 : seulement 10% sont utilisées pour la production d’eau potable et l’irrigation agricole. Une politique de subvention pour l’équipement de matériel de récupération des eaux de pluie chez les particuliers, d’investissement pour la réalisation de retenues colinéaires, d’optimisation des eaux du barrage du Salagou construit par le ministère de l’agriculture, permettrait de retenir l’eau des précipitations avant qu’elles n’atteignent la mer.

– ENFIN, DANS UNE OPTIQUE D’AUTOSUFFISANCE POUR NOS RESSOURCES EN EAU, IL SEMBLE NECESSAIRE DE DIVERSIFIER LES CULTURES SUR NOTRE TERRITOIRE :
L’avenir de l’agriculture régionale passera par une diversification des productions agricoles : nous consommons du raisin de table, des raisins secs (le Servant sèche très bien sous nos latitudes), des amandes, de l’huile d’olive, … pourquoi ne pas produire sur place ces cultures très bien adaptées à notre climat méditerranéen et qui ne subissent pas le stress hydrique ?

CONCLUSION :
La politique de gestion des ressources locales en eau doit être économe et écologique, associée à une politique de maitrise de l’urbanisation : l’emprise foncière ne doit pas se faire au détriment des terres agricoles, perméables et permettant l’infiltration de l’eau vers les nappes phréatiques, et nourricières de l’ensemble des habitants de la Région Languedoc Roussillon.
Le développement de l’accueil touristique doit être également géré dans un souci constant d’économie de cette ressource, tant précieuse pour la Vie, l’eau.
Je rejette radicalement le projet Aqua Domitia, dont le cout, exorbitant, ne ferait qu’alourdir substantiellement la facture des usagers de l’eau.
Nous ne voulons pas des polluants contenus dans les eaux du Rhône sur nos terres.

2 réponses à “AQUADOMITIA: POURQUOI DEVENIR DÉPENDANT POUR NOTRE APPROVISIONNEMENT EN EAU ?”

  1. Je viens de lire la première partie de cette contribution et je suis stupéfait ; en effet la position de l’article sur les plantations de cépage bordelais par rapport aux cépages traditionnels de notre région est très exagérée ; Les nouvelles plantations tournent aujourd’hui autour du cinsault entre autre, le piquepoul quant à lui n’est interressant que dans la partie AOC dédiée à ce cépage….

    Quant à l’analyse générale qui sous tend cette contribution mérite, je crois, plus de réflexion et moins d’affirmation;
    Je propose de rencontrer les amis ou/et camarades cargés de cette partie afin de creuser plus cette contribution;
    peut être serge azais, membre du parti de gauche, pourrait si ce n est pas fait ce joindre à cette discussion;
    Je crois qu’il faut, avant toute publication, faire en sorte que le texte proposé ce soit au maximum affranchi des erreurs et des dogmes, ce serait très préjudiciable à notre crédibilité;
    veuillez excuser le ton employé parfois et merci pour votre travail

  2. Assez gêné aussi par cette contribution: sur le prélèvement dans le Rhône notamment ça ne va pas. Le débit maximal revendiqué par le projet est de 2,5m3/s, celui moyen du Rhône de 1700 m3/s; le captage est celui déjà utilisé pour l’actuel canal Philippe-Lamour et est en aval de toutes les centrales (sauf peut-être une centrale à fioul en voie d’arrêt). Pas de risque d’assécher le Rhône donc! Inversement le débit disponible n’en fait pas une solution absolument miracle (les Barcelonais y songeaient seulement pour l’eau potable). Ce qui ne veut pas dire inexistance des soucis de démographie (une nouvelle agglo de Perpignan par mandat local côté LR) et de changement climatique (baisse des précipitations, plus prononcée en zone méditerranéenne).
    La qualité de l’eau par contre est une vraie question, la réduction des pollutions par les régions d’amont et le filtrage dès le début du réseau seraient fort utiles.
    La maîtrise de l’eau également en effet: cultures adaptées, économies chez les ménages, captage d’eaux de pluie et de crues qui aurait aussi le mérite de calmer ces dernières. Sur ce dernier point, attention toutefois à ne pas retomber sur des projets de barrages pouvant s’avérer problématiques.

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Notre démarche

La crise majeure – sociale, environnementale, économique, culturelle, démocratique – que traversent nos sociétés appelle sans délai de notre part une réponse politique nouvelle seule à même de rompre la spirale de désespérance qui fait le lit d’une extrême-droite plus dangereuse que jamais.

Ce sursaut ne viendra pas des partis de la gauche gouvernementale qui ont montré leur incapacité à sortir du modèle libéral et productiviste, et dont le bilan est extrêmement décevant.

Notre région Languedoc-Roussillon Midi-Pyrénées, résolument ancrée à gauche, offre une opportunité rare - et peut-être historique - de modifier profondément la donne lors des élections régionales de décembre 2015, offrant alors - par la force de l’exemple - un puissant levier de régénération politique à l’échelle du pays.

Le discrédit frappe largement les formations politiques et s’exprime au travers de la montée de l’abstention. Pourtant l’attente confuse mais palpable d’un nouveau modèle d’implication civique et politique (qui se cristallise avec force sur certaines luttes), et l’exemple de mouvements populaires dans des pays voisins (même si ces mouvements sont issus d’une réalité sociétale bien différente de la nôtre) appellent à ré-interroger profondément la façon d’envisager une échéance électorale mais aussi ce que nous souhaitons faire au-delà d’un simple scrutin.

La construction d’une dynamique citoyenne autour d’une proposition et d’une méthode politique nouvelle (programme, valeurs, méthodes, représentation…) ne doit pas rester un vain mot d’ordre, mais doit se traduire par la mise en place d’outils participatifs concrets, en rupture avec l’offre traditionnelle qui a échoué. Plusieurs initiatives, affirmant une même volonté de rassemblement politique large au service d’une mise en mouvement citoyenne, ont vu le jour dans notre région. Nous mettons aujourd’hui à disposition, pour contribuer à leur convergence, un outil participatif d’échange programmatique que nous avons choisi de nommer « Le projet en commun ». Cette plateforme doit permettre à chacun-e non pas simplement d’observer, mais d’agir, en toute transparence dans un cadre souple et efficient où chacun-e doit se sentir responsable et se porter garant-e de l’objectif.

Le projet solidaire que nous voulons bâtir n’est pas celui d’un simple cartel d’organisations ou d’un rassemblement d’élu-e-s qui se substitueraient à une dynamique citoyenne. Nous voulons permettre un vrai débat de fond, en confrontant sereinement les idées, pour co-élaborer un projet commun à même de répondre aux urgences sociales, environnementales et démocratiques autour de pratiques nouvelles basées sur des valeurs humanistes.

C’est la force et la cohérence de ce projet qui sera le levier de l’espoir.

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