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Le bio dans les cantines

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Le service public à l’heure
de l’écologie

La crise financière s’estompe mais les crises économique, sociale et écologique demeurent. Les agitations présidentielle et gouvernementale n’y changent rien : le chômage et les inégalités progressent, les pollutions et nuisances portent atteinte à notre environnement et notre santé.
Depuis des années, les écologistes prônent un autre modèle de développement plus respectueux de la planète et de ses habitants, plus équitable dans l’accès aux ressources et le partage des richesses. Aujourd’hui, pour sortir de l’impasse « penser globalement, agir localement » n’a jamais été autant d’actualité. C’est ce que nous faisons au quotidien en tant qu’élus des Verts au sein de la majorité à Villeurbanne, c’est ce que nous voulons pour la restauration collective avec la future cuisine centrale qui ouvrira ses portes en mars 2010. Elle fournira 6 000 repas par jour dans les écoles, crèches et résidences de personnes âgées de la ville et sera gérée par la Ville.

C’est pourquoi nous avons choisi de consacrer ce nouveau numéro du journal des Verts de Villeurbanne à la restauration collective. Pour les Verts, la cuisine centrale doit permettre d’offrir un service public de qualité, avec des produits locaux et issus de l’agriculture biologique. Un tel objectif entraîne des changements globaux. D’abord, en terme de justice sociale, en permettant à chacun, quelle que soit sa situation sociale, de bénéficier d’une nourriture saine et de qualité. Mais cela va bien plus loin : par la commande publique, nous influençons très fortement un secteur économique important, l’agriculture. Favoriser une agriculture biologique et de proximité, c’est créer des emplois en zone rurale ou périurbaine, c’est sortir l’agriculture de la logique des subventions (qui profitent aux gros exploitants de l’agro-industrie), c’est favoriser le développement local. Choisir l’agriculture biologique, c’est évidemment respecter les sols et les écosystèmes, c’est supprimer les engrais et pesticides et réduire la pollution des eaux que nous buvons. Privilégier les produits locaux et de saison, c’est réduire les transports et les émissions de gaz à effet de serre qui dérèglent le climat. Bref, choisir du bio dans les assiettes de nos enfants à la cantine, c’est prôner un service public qui, à l’échelle de tout un territoire, peut amorcer la pompe d’un autre système.

Les Verts de Villeurbanne font donc de la question du « Bio à la cantine » une priorité au sein de l’équipe municipale. Vous trouverez dans ce numéro spécial les arguments détaillés en faveur du bio et plusieurs témoignages, ainsi que quelques brèves sur d’autres sujets villeurbannais d’actualité. Bonne lecture et bienvenu au débat le 21 octobre !

Béatrice VESSILLER, adjointe au maire, les Verts

Quelques définitions :

Agriculture conventionnelle :

agriculture intensive, chimique
et industrielle.

Agriculture raisonnée :

attention
au terme trompeur, qui signifie que l’emploi des engrais et pesticides est moindre que dans l’agriculture conventionnelle, mais sans contrôle des volumes utilisés ni certification.

Agriculture biologique :

agriculture traditionnelle, utilisant à la fois des pratiques anciennes (absence d’intrants chimiques, lutte biologique…) et des connaissances gronomiques actuelles, et certifiée très rigoureusement.

Objectif environnemental :
le respect des écosystèmes

C’est la règle essentielle de l’agriculture biologique, elle supprime les produits chimiques de synthèse et vise à :

Préserver les équilibres naturels du sol et des plantes et notamment la qualité de l’eau puisque les engrais, herbicides et pesticides sont les principales sources de pollution de l’eau que nous buvons !


Choisir les espèces animales et végétales adaptées aux conditions naturelles d’un territoire c’est garantir un rendement satisfaisant sans utilisation de produits polluants.

Respecter au mieux les paysages ainsi que les zones sauvages.

Préserver la biodiversité : au contraire de l’agriculture « chimique » intensive qui favorise la monoculture, l’agriculture biologique sans pesticides privilégie des cultures diversifiées qui permettent de réduire les maladies et de lutter contre les insectes ravageurs.

Objectif social :
la santé pour tous et un lien renforcé entre producteurs et consommateurs

Respecter la santé des agriculteurs qui ne respirent pas de produits chimiques à longueur de journée, des animaux et des consommateurs qui mangeront des produits sains.
Privilégier les rapports de coopération et les filières courtes tels que les marchés, associations pour le maintien d’une agriculture paysanne (AMAP), coopératives de consommation locales : on évite ainsi les intermédiaires, comme les hypermarchés. Les producteurs gagnent mieux leur vie et le consommateur paie un prix moins élevé. Les deux extrémités de la filière agroalimentaire peuvent aussi plus se rencontrer et échanger.

Permettre aux producteurs de vivre de leur travail et de leurs terres… et pas des subventions de la Politique Agricole Commune (PAC), qui privilégient aujourd’hui une minorité de très gros agriculteurs polluants !


Objectif économique :
la recherche d’un développement cohérent

L’agriculture biologique est un des rares secteurs en très fort développement malgré la crise : la vente de produits bio a progressé de 25 % en 2008. Cette bonne santé économique va de pair avec la remise en cause d’une économie fondée sur le seul profit et la productivité :

Favoriser l’emploi dans le secteur agricole :
à investissement égal, l’agriculture biologique crée au moins 30 % d’emplois en plus que l’agriculture conventionnelle. Transférer les subventions de l’agriculture polluante à l’agriculture biologique permettrait des créations d’emplois locaux non délocalisables.

Contribuer à une occupation équilibrée des territoires dans les zones rurales. L’agriculture biologique peut en effet prendre place dans des espaces ruraux devenus insuffisamment concurrentiels pour l’agriculture conventionnelle, comme par exemple les zones de montagne.

Pierre Bouquet

Adjoint au maire de Villeurbanne à l’éducation de 2001 à 2008
Auteur du livre Ma commune à l’école du développement durable
En tant qu’adjoint, vous avez porté le projet de cuisine centrale. Pouvez-vous nous en présenter la démarche ?

Il n’était plus possible de continuer à gérer plus de vingt cantines avec chacune des modalités d’approvisionnement et de cuisine différente. Le projet de cuisine centrale s’est imposé, après un important travail d’études et une longue concertation. La ville a choisi la gestion directe de la cuisine pour garder la main sur la qualité du contenu de l’assiette. La régie directe, c’est aussi favoriser de meilleures conditions pour les salariés. Et puis, personnellement, je ne suis pas pour que des sociétés privées fassent du profit avec un service public aussi important que l’alimentation des enfants. Les études ont démontré, par ailleurs, que la régie publique ne coûte pas plus cher.

La qualité de l’assiette, ça passe par des produits Bio ?

Oui, c’est une vraie priorité. Pas seulement Bio d’ailleurs, car la logique de réduction des coûts écologiques et de liens directs avec les producteurs implique aussi que les produits soient locaux. On veut une vraie cantine de qualité. Par exemple, j’ai souhaité très fortement que la cuisine centrale comprenne une légumerie

afin d’acheter de « vrais » légumes et de les transformer sur place, au lieu d’acheter des produits tout prêts. C’est ainsi revaloriser le rôle des personnels de la cuisine. Introduire des produits Bio et locaux est une petite révolution qui demande une forte volonté politique.

Et les enfants, qu’en pensent-ils du Bio ?

Les produits issus de l’agriculture bio sont meilleurs pour la santé mais c’est aussi une démarche d’éducation au goût et au développement durable. Cela nécessite d’organiser des sorties de classe chez les producteurs agricoles, des interventions dans les classes des personnels de cuisine, des jardins potagers dans les écoles… En sensibilisant les enfants, on leur donne le goût du « bien manger », et c’est un véritable enjeu social face à la montée de l’obésité et des maladies liées à l’alimentation. Sans compter que les enfants jouent souvent un rôle éducatif envers leurs parents: ils demanderont à leurs parents de cuisiner plus souvent ! C’est moins cher et bien meilleur.

Caroline Lagarde
Conseillère municipale à Villeurbanne

Pourquoi proposer des produits bio et locaux
est-il une priorité pour les Verts ?

80 % des maladies, aujourd’hui, sont dues à notre mode de vie et en particulier à notre alimentation. La santé, et les produits bio ne doivent donc pas être réservés aux riches : la restauration collective doit permettre que tous les enfants villeurbannais et les résidents de maisons de retraite puissent bénéficier d’une alimentation saine. C’est tout simplement une question de justice sociale ! Par ailleurs, l’agriculture intensive est la principale source de pollution de l’eau et cela coûte des sommes astronomiques pour dépolluer l’eau potable. Il y a donc urgence à transformer les pratiques agricoles dans notre région.

Où en est-on de l’introduction des produits bio
dans les cantines de Villeurbanne ?

Aujourd’hui, la part de produits bio à Villeurbanne est estimée à 6,5 %, alors que les collectivités les plus avancées atteignent déjà les 50 %. Sous l’impulsion des Verts, le passage à la cuisine centrale devrait s’accompagner d’une augmentation sensible des produits bio, par exemple 50 % du pain, 20 % des légumes et 10 % de la viande. C’est un premier pas significatif mais il faudra aller beaucoup plus
loin d’ici 2 ans.

Est-ce possible ?

Bien sûr, même si aujourd’hui, l’offre en produits locaux ne permet pas de répondre totalement aux besoins des 6 000 repas par jour de la cuisine centrale. Pour permettre à cette offre de progresser, il faut augmenter chaque année nos commandes en bio de manière significative et progressive. Mais, parallèlement, il faut aussi travailler directement auprès des producteurs pour les aider à se convertir à l’agriculture biologique, en particulier dans les zones agricoles proches de Villeurbanne, dans l’agglomération ou tout près, dans l’Ain, par exemple. C’est un projet innovant pour lequel nous devrons convaincre nos partenaires de la majorité.

Jacques Boutault

Maire (Vert) du
2e arrondissement
de la Ville de Paris

À Paris, qu’avez-vous fait ?

Dès 2001, j’ai fait de la qualité des repas servis dans les restaurants scolaires du second arrondissement de Paris un objectif prioritaire. Lutter contre l’accumulation de molécules de synthèse (pesticides, engrais chimiques, produits phytosanitaires…) dans l’organisme via l’alimentation est une urgence sanitaire, surtout lorsqu’elle concerne les enfants. Après la crise de la « Vache folle », nous nous sommes aperçus lors des concertations avec les parents d’élèves que le label bio permettait plus de confiance pour réintroduire le boeuf dans les menus. Depuis nous avons poursuivi progressivement la démarche pour atteindre 50 % de produits bio aujourd’hui : le boeuf, les volailles, les entrées et les desserts, ainsi que le pain sont bio, et tout le monde souhaite continuer dans cette direction.

Cette politique a-t-elle provoqué
une augmentation du prix des repas ?

Non. Les produits bio coûtent effectivement un peu plus cher, mais des solutions existent pour ne pas faire augmenter le prix pour les parents d’élèves. Par exemple, en respectant mieux le Plan National Nutrition Santé qui recommande de réduire un peu la consommation de viande. C’est un devoir de la collectivité de proposer la qualité au plus faible coût pour les familles les plus défavorisées, et c’est pourquoi le conseil de Paris subventionne aussi un peu plus les produits bio que nous achetons.

Les enfants ont-ils été satisfaits
de ce changement ?

Tout à fait. Il est totalement faux de dire que les enfants n’aiment pas le bio. On a constaté une vraie amélioration de la qualité gustative, qui s’est traduite par une réduction du gaspillage. C’est très important pour tout le monde et notamment pour les parents. Il est vrai que pour les enfants, les fruits bio paraissent parfois un peu moins « beaux », mais cela fait aussi partie de l’éducation de leur apprendre que ce n’est pas l’apparence qui compte !

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