28 mars 2012

Assemblée Plénière du 23 mars 2012

INTERVENTION DE MARC BORNECK Il est difficile dans le contexte d’émotion extrême que l’on vient de vivre collectivement de s’exprimer sur des sujets qui renferment au quotidien des formes de violence. Or la société d’aujourd’hui tend à les démultiplier. Ce qui doit nous interroger en tant qu’élus sur nos choix politiques et la vision de la société que nous voulons pour demain. Pour nous, l’écologie politique c’est aborder des causes globales et leurs multiples conséquences : - N’est-il pas grave sinon violent de condamner une partie de nos concitoyens à la précarité sociale à laquelle s’ajoute la précarité énergétique ? - N’est-il pas violent de s’en prendre à un système éducatif dont dépend toute notre capacité à vivre ensemble ? - N’est-il pas lourd de conséquent d’amener la plupart de nos concitoyens à une aussi forte défiance par rapport aux politiques en générale et par rapport aux instances décisionnaires, les condamnant, au pire au désespoir, au mieux au fatalisme ? - N’est-il pas dramatique de condamner au chômage une partie des travailleurs, car on n’a pas su anticiper la transition écologique de notre économie ? Evidemment, la crise « financière » étant passée par là, chacun se saisit dans l’urgence de la question des licenciements, des délocalisations et des fermetures d’usines. Bien sûr, il y a urgence pour les centaines de personnes laissées sur le bord de la route ! Mais l’urgence, ce n’est pas de traiter seulement les conséquences en refusant de voir ce que sera le monde de demain, mais bien de s’attaquer aux causes profondes, et d’enclencher bien avant que le mal ne ronge jusqu’à la moelle notre système économique, les transitions indispensables pour un nouveau modèle de société. Il est urgent qu’on abandonne le PIB comme indice de référence, et qu’on mette en œuvre une politique volontaire pour instaurer l’IDH comme nouveau référent. Car c’est bien la condition humaine qui doit être au cœur de nos préoccupations. D’ailleurs la communauté internationale à travers la conférence de Rio+20 prend de plus en plus en compte la réalité d’un système qui arrive à bout de souffle et qui engendre des conséquences gravissimes et irréversibles. Elle pointe du doigt la nécessité d’une autre répartition des richesses et d’une prise en compte rapide des questions d’environnementales. Et pendant ce temps là en France, l’écologie n’est pas vraiment au cœur des priorités et des messages. Pour preuve de la manière dont est traité l’écologie dans l’hexagone : Depuis 1971, date de création du premier ministère chargé de la protection de la nature et de l’environnement, c’est donc depuis 71, la première fois que l’écologie n’a plus de ministre attitré en France. Déjà à l’époque, le ministre en charge de cette question décrit ce ministère, comme, je cite : « ce Ministère de l’impossible dont l’aventure était étonnante et qui par bien des côtés dérangeait trop de gens pour qu’on lui donne tous les moyens d’agir. » Imaginerait-on la défense ou l’économie sans ministre durant plusieurs mois ? C’est pourtant bien la situation actuelle de l’écologie dans notre pays. N’hésitons pas à le dire, les moyens déployés par la France ne sont clairement pas à la hauteur des enjeux. Et ce, du fait d’une frilosité politique générale qui refuse de voir l’inéluctable. Face à cette situation, L’échelon régional devient de plus en plus l’échelon pertinent. Et d’ailleurs ici dans notre collectivité, ce raisonnement est déjà enclenché. Notre conscience partagée des enjeux, amène notre groupe à vous faire une proposition concrète en lien direct avec un rapport à l’ordre du jour de cette assemblée plénière. Aujourd’hui nous avons à nous prononcé à un pacte d’actionnaire public au sein de la CNR. Notre collectivité fait partie de cette instance pour des raisons historiques, et c’est une chance à plusieurs niveaux : D’une part on assure la maîtrise de la puissance publique sur les choix qui y sont faits, d’autre part, disons le, c’est un apport financier conséquent pour notre collectivité, puisque bon an mal an cette manne approche le million d’euros. Cette somme provient de la production d’énergie renouvelable. Et bien, ayons le courage collectif de la flécher à notre niveau sur le développement des énergies renouvelables de la région. Visons à notre niveau l’autonomie énergétique de la Franche-Comté ! C’est l’occasion de prendre à notre échelle la mesure des enjeux énergétiques qui sont considérables comme l’a souligné Madame la Présidente lors des assises du SRADDT de mardi dernier. D’ailleurs des cas concrets sur notre territoire doivent nous interpeller : Alors que nous déplorons que la France soit dans l’obligation d’importer ses éoliennes, comment peut-on comprendre qu’une société comme Alizéo implantée dans le Jura, l’une des seules entreprises françaises fabriquant d’éoliennes, subisse aujourd’hui les effets de la crise et se trouve en difficulté de trésorerie, malgré un carnet de commandes rempli. N’est-il pas de la responsabilité du politique de s’interroger sur des aberrations de ce type et de devoir y répondre localement ? N’avons-nous pas ici des responsabilités immenses dont je vous demande qu’on les assume collectivement ? Ce n’est qu’un exemple parmi tant d’autres qui montre qu’à notre échelon régional nous avons des leviers, des responsabilités.

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