Intervention de Véronique MOREIRA sur le soutien de la région Rhône-Alpes aux étudiants sans papiers

Véroniques Moreira est vice-présidente à la coopération et à la solidarité internationale

Monsieur le Président,
Mes cher(e)s Collègues,
 
 
Vous ne serez pas surpris de savoir que le groupe politique EELV s’associe favorablement à ce rapport.

Faisant les frais dans leur quotidien des basses œuvres du ministère de la rafle et du drapeau, ministère de la chasse aux migrants et à ceux qui les aident, le groupe EELV tient à rendre hommage aux jeunes majeurs scolarisés et à leurs soutiens (corps enseignant, collectifs des sans papiers, organisations syndicales et associations telles que RESF…) qui ont montré au travers des mobilisations menées depuis de nombreuses années qu’ils peuvent parfois l’emporter sur l’injustice.
Nous, nous avons toujours été à leur côté et le demeurerons tant que la politique de notre pays bafouera les droits des étrangers, le droit d’asile, les libertés fondamentales et la dignité humaine.

Oui, résolument, nous ne laisserons pas détruire la vie de ces jeunes majeurs sans papiers. Ils sont nos élèves, les copains de nos élèves ou de nos enfants. Ils étudient dans ce pays, et pour la plupart d’entre eux, depuis toujours. Las de vivre dans la peur, ces jeunes n’ont qu’un souhait : que la France les adopte car leur vie est ici.

 Alors, puisque cette délibération propose de placer sous la protection de l’Assemblée Régionale les élèves étrangers mineurs ou majeurs susceptibles d’être expulsés, le groupe EELV souhaite que la Région renoue, en guise de solidarité, comme nous l’avons fait en 2007, avec les  parrainages républicains en exigeant la régularisation sans délai de chacun d’eux.

Renouer, parce que depuis 2007 la situation ne s’est pas améliorée .Les jeunes sont toujours confrontés à l’aggravation de la crise économique, aux blocages des systèmes politiques, aux exclusions et pauvretés ici et ailleurs, auxquels s’ajoutent le durcissement des contrôles aux frontières, le renforcement des murs autour de nos forteresses, comme si les migrations n’étaient pas liées à des besoins vitaux

D’aucun  croit que les processus pourraient être freinés avec plus de contrôles, mais en fait les flux se déplacent, les hommes meurent toujours en mer, et malgré cela hommes et femmes cherchent à quitter les terres hostiles.

Pourtant on sait bien que si ces mouvements existent c’est parce que les paillettes de notre mode de vie , paillettes diffusées sur tous les réseaux du monde, en miroir aux situations de désespoir dans les régions où on ne peut pas vivre, ces paillettes donc, leurrent des milliers d’hommes et de femmes qui viennent se heurter à une vaine illusion.

Tant que les conditions ne seront pas sécurisées pour vivre dignement sur cette planète, tant que le système économique mondialisé ne sera pas remis en question, avec plus de solidarité, de partage, les migrations, qui sont aussi liées à la mobilité des êtres humains, seront  cause d’injustices et d’ oppressions

Au-delà des raisons des migrations, l’application aveugle de lois qui se durcissent ne tient pas compte de la dignité humaine ni même des chartes internationales. La loi Besson se méfie du juge judiciaire dont l’intervention est repoussée à 5 jours après le placement en rétention des familles ou étrangers célibataires, ce qui ne fera qu’aggraver la situation.

Le gouvernement français a aussi supprimé la fonction de protecteur des enfants, même si la fonction était symbolique, sa suppression l’est encore plus. Désormais plus personne ne veillera de près sur les droits des enfants et des jeunes.

La Région ne pourra pas, en l’absence de volonté politique nationale, remplir tous les rôles de protection que l’Etat devrait assurer cependant, elle peut manifester sa solidarité auprès des jeunes et des associations qui se mobilisent, et solliciter les autres régions, avec celles qui ont déjà engagé leur soutien,  pour qu’ensemble nous élevions nos protestations citoyennes et affirmions que nous avons une vision plus globale et plus généreuse de la citoyenneté.

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