CANONS À NEIGE, RETENUES COLLINAIRES : STOP AU PILLAGE DE LA RESSOURCE EN EAU

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La ruée vers l’or blanc entraîne le pompage tous azimuts au mépris de la faune, de la flore et de tous les usages en aval. Les élus écologistes demandent que la loi soit respectée et qu’une réflexion soit lancée au plus haut niveau sur le modèle économique des stations de ski.

Il fait sec en ce moment sur les Alpes du Nord ; très sec. Pourtant partout en montagne, les canons à neige continuent à cracher de « l’or blanc » sur les pistes de ski. Or, les retenues collinaires qui les alimentent en grande partie sont aux trois quarts vides.

Pierre Lestas, président de Domaines skiables de France, expliquait récemment que dans la retenue de 200 000 m3 qui alimente l’essentiel des canons à neige de La Clusaz ne restent que 8 000 m3 d’eau. Mais que des dépassements lui ont été accordés par la préfecture de Haute-Savoie, et qu’en conséquence la station va pouvoir pomper dans les cours d’eau voisins pour assurer l’enneigement.

Claude Comet, conseillère déléguée au tourisme et à la montagne, s’en alarme : « Les gestionnaires des stations sont prêts à aller chercher jusqu’à la dernière goutte d’eau pour « fiabiliser le produit neige », comme ils disent. Sans contrôle puisque les agences de l’eau et les préfectures n’ont pas les moyens de mettre en place une réelle police de l’eau… quand les préfectures n’autorisent pas tout simplement les prélèvements!»

Licites, et souvent illicites, les pompages se multiplient partout en montagne, sur le moindre ruisseau. Sans grand cas pour les débits qui devraient être normalement réservés à la préservation de la faune et de la flore. Sans grand cas non plus pour la période d’étiage qui touche fortement ces cours d’eau d’altitude, pour l’équilibre général du bassin versant et des lacs naturels et des zones humides qui s’assèchent. Sans grand cas encore pour les populations : « Nous le savons aujourd’hui, dégrader l’environnement revient à dégrader directement nos conditions de vie », rappelle Alain Chabrolle, vice-président de la Région délégué à la santé et à l’environnement.

Il faut 4 000 m3 d’eau pour enneiger artificiellement un hectare sur une épaisseur de 70 centimètres. Soit deux piscines olympiques à l’hectare. A l’échelle nationale, la consommation en eau destinée à la neige de culture égalise celle annuelle d’une ville comme Grenoble (20 millions de m3). Surtout, cette consommation s’accroît d’un million de m3 supplémentaire chaque hiver.

« Une telle quantité, ne tenant pas compte des bouleversements climatiques aujourd’hui avérés, n’est pas neutre pour l’écosystème auquel nous appartenons et impacte tous les usages à l’aval, souligne Claude Comet. La connaissance de l’impact de ces retenues, des volumes prélevés dans les cours d’eau, voire directement sur l’eau potable, nécessite des contrôles sérieux, techniques, réguliers et pas seulement basés sur du déclaratif, si l’Etat veut se donner les moyens d’honorer les arrêtés de 2003. »

Pourtant, les projets continuent (3 pour la seule Maurienne en ce moment). Après la période des retenues de moyenne capacité (15 000 m3), s’est amorcée une course au gigantisme, avec des capacités allant de 150 000 à 400 000 m3. A tel point qu’il a fallu reclasser les retenues collinaires en barrages de manière à mieux encadrer les risques engendrés par leur construction. Paru en juin 2009, un rapport du Conseil général de l’Environnement et du Développement Durable (CGEDD) dénonçait un manque global de transparence en la matière. Depuis rien, ou presque n’a vraiment été clarifié.

« Jusqu’où, et combien de temps encore, cette course en avant va-t-elle continuer ? Pour quel gain ? Pour quel public ? A quel prix pour l’environnement ? », demande Yves Paccalet, conseiller régional savoyard. Les élus écologistes à la Région Rhône-Alpes demandent donc :

– Que l’Etat mette en place un contrôle réel des mesures qui encadrent l’installation et le fonctionnement des retenues collinaires et des équipements liés aux prélèvements d’eau destinés à la fabrication de la neige de culture

– Qu’enfin le Conseil national de la montagne, le Ministère de l’Ecologie et du Développement durable et le Secrétariat d’Etat au Tourisme engagent un travail sérieux sur le modèle économique des stations de ski de moyenne altitude (comme le préconisait le rapport du CGEDD mentionné plus haut)

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