Intervention de Gwendoline DELBOS CORFIELD sur le lycée Mounier

Delbos-Corfield-06

Monsieur le Président, Monsieur le Vice-président, Cher-e-s collègues,

Je vais profiter du temps de parole qui nous est donné sur cette délibération des dotations de lycées, pour faire un point sur le lycée Mounier, établissement dont les dernières évolutions ont agité notre majorité récemment. Je parle en tant que représentante de la Région dans le conseil d’administration de ce lycée, et je le fais parce que nous pensons qu’il est essentiel que ce sujet soit évoqué pendant cette session.

Cette intervention n’a pas pour objectif de vous faire un procès d’intention auquel je n’ai jamais souscrit ou de mettre en avant une position de notre groupe sur ce sujet. C’est important de le dire. C’est important surtout que la reconstruction de Mounier sur site soit un projet porté par cette majorité dans son intégralité, et certainement pas par un groupe ou deux contre les autres. L’histoire Mounier nous interpelle dans la période que nous vivons car elle est une mobilisation d’espoir. Coïncidence des calendriers politiques, la mobilisation sur Mounier s’est confondue avec celle contre le projet de réforme sur les retraites. Les jeunes lycéens prennent du temps sur leurs études et leurs loisirs pour défendre un outil de travail, de formation, de culture. Nous voulions déjà souligner ce point. L’énergie déployée par les Mounier trouve ses racines dans deux histoires.

Une histoire ancienne, celle de nos valeurs communes de solidarité, pour une société où chacun a sa place et où existent des services publics de qualité pour tous.

Mais la lutte parfois enflammée des Mounier fait aussi écho à une histoire plus récente et moins drôle ; elle est la réponse en creux et en positif du haïssable discours de cet été du Président de ce pays à la Villeneuve.

Nous ne reviendrons pas sur les aspects techniques du dossier et la chronologie de ces derniers mois. Nous souhaitons, en revanche, souligner que c’est cette majorité qui a acté la reconstruction de Mounier, contrairement aux majorités précédentes, et elle avait raison. Monsieur le Président, je vous ai écrit un courrier – et je vous remercie d’ailleurs de m’y avoir répondu – et j’y expliquais les raisons politiques et structurelles qui fondent pour nous la priorité de ce dossier. Je disais : « Vous connaissez les qualités de Mounier : son projet pédagogique pluridisciplinaire, qui fait se côtoyer les différences de parcours et qui défend l’excellence pour tous, sa mixité sociale, sa double vocation générale et technologique. Mais, c’est aussi dans sa localisation géographique que ce lycée nous semble essentiel. L’emplacement fait sens, car c’est dans cette espace entre le centre-ville historique et les grands ensembles des quartiers sud que se fréquentent notamment les populations. Zone de frottement qui évite les entre-soi et les vies parallèles des quartiers, ce sont 3 arrêts de tramway qui séparent les derniers équipements du centre-ville (grande poste et cinéma multiplexe) des vastes poches d’habitat social, de précarité et de concentration de difficultés urbaines. La venue au lycée Mounier amène les jeunes gens de la Villeneuve et de Village Olympique en dehors de leurs repères, au contact du Conservatoire, d’une Maison de la Culture prestigieuse, de cafés et commerces de proximité. Proposer aux élèves de vivre leur scolarité dans d’autres quartiers périphériques, en aggravant la ségrégation spatiale déjà fortement pénalisante à Grenoble, c’est priver une nouvelle fois les habitants de Villeneuve et VO d’un accès au centre-ville. »

Parfois, sur ce dossier, le dialogue entre la communauté éducative et les services de la région n’a pas été aisé. Cela n’est évidemment pas irrémédiable. Des enseignants et des parents ont déjà participé à un groupe de travail. Ils connaissent la plupart des éléments de ce dossier et ils vivent aujourd’hui une situation délicate où ils se sentent mis devant un fait accompli de fermeture qu’ils n’ont pas compris. La présence de fissures dans les bâtiments à Grenoble nous est chose banale. C’est pourquoi l’urgence de la question de la sécurité ne fait pas sens pour eux. Pour vous et vos services, la prise de risque pénal prime. Dans cette contradiction logique entre les priorités des uns et des autres, un chemin existe sans aucun doute. Ce dossier sera extrêmement lourd pour les services techniques et il nous faudra accompagner leur travail. Mais c’est un choix politique que nous vous demandons de faire parce qu’il se joue là un véritable enjeu de nos sociétés.

Nous sommes convaincus que nous trouverons ensemble une solution pour Mounier.

Remonter

UA-25684560-1