Le Budget 2012 Enseignement supérieur et recherche

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Ces informations sont issues de la séance plénière du Conseil régional de décembre 2011 consacrée au budget 2012.

 

 

Vous pouvez lire en ligne ici, ou  vous pouvez  télécharger ici la présentation faite par Sandrine Rousseau, Vice-présidente en charge de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche.

 

 

Vous pouvez lire ci -dessous l’Intervention de Patick Tillie du au nom du Groupe Europe Ecologie Les Verts sur  ce budget.

 

L’avalanche des réformes imposées par le gouvernement, les faiblesses historiques de l’enseignement supérieur français perdurent quand elles ne s’accroissent pas. La forte inégalité entre les disciplines, l’importance du taux d’échec à l’université, les discriminations territoriales qui explosent avec le plan campus, et les initiatives d’excellence qui ne financeront que de rares pôles de prestige, tous ces constats auxquels s’ajoute la paupérisation des étudiants vont à l’encontre des orientations que nous portons pour un véritable service public de l’enseignement supérieur et de la recherche.

  •  Nous saluons  la démarche proposée pour élaborer le schéma régional de l’enseignement supérieur et de la recherche :

– une démarche de participation (via les Assises), qui implique la communauté régionale dans son ensemble, chercheurs, enseignants, personnels (et pas que les présidents des universités ou grands dirigeants des laboratoires).

– une démarche de partenariats qui associe étroitement les collectivités territoriales ayant pris la compétence ESR, y compris dans la gouvernance qui est en train de se mettre en place, et qui crée une dynamique avec les acteurs économiques que sont les entreprises et la CCIR

– une démarche territoriale, qui décentralise la réflexion dans les principaux territoires universitaires régionaux, via les ateliers qui se dérouleront sur le littoral, dans l’Artois, le valenciennois et sur la métropole

Le tout en se donnant le temps (6 mois) pour un travail approfondi et une véritable participation des « parties prenantes ».

Nul doute que les analyses et préconisations qui résulteront de ce travail seront très utiles pour l’écriture du futur schéma, dont l’enjeu est aussi de poser les bases des négociations futures qui s’engageront dès la fin de l’année prochaine pour la contractualisation avec l’Etat d’une part et avec l’Europe d’autre part.

  •  Nous nous réjouissons de  la création du nouveau segment budgétaire, autour de la transformation sociale et écologique, aussi bien en Recherche qu’en Enseignement supérieur. Cela recouvre des dispositifs nouveaux et souvent originaux, comme par exemple :

– la mise en place de programmes de recherche « critiques », sur des sujets qui font controverses et interrogent notre évolution sociétale, comme par exemple la convergence des nanotechnologies, de la biologie et des TIC

– le développement du 1% Nord-Sud pour partager les savoirs.

– l’appui aux Universités pour les aider à mettre en œuvre leur Agenda 21

– le soutien aux innovations en matière de transmission des savoir (avec les Learning Center)

– l’appel à projets « Chercheurs citoyens », ouvert à tous les thèmes de recherche : environnement, sciences humaines et sociales, agriculture, sciences de l’éducation, physique, chimie. La particularité de ce programme est qu’il a pour objectif de faire travailler ensemble des acteurs associatifs, qui sont sur le terrain et posent des questions en lien avec leur expérience, et les chercheurs qui cultivent une démarche scientifique, dans le but de répondre à une problématique sociétale.

Toutes ces mesures donnent une impulsion nouvelle à notre politique et envoient un signal fort à la communauté régionale de recherche et d’enseignement supérieur

  •  Néanmoins, malgré ces avancées réelles et encourageantes, nous ne pouvons qu’exprimer notre réelle inquiétude quant à l’avenir qui se dessine pour la recherche régionale et nos universités publiques.

– En se réfugiant derrière la quête de « l’excellence », qui déstructure lentement mais sûrement la recherche publique, le Gouvernement a ouvert la grande compétition entre les équipes de recherche, les laboratoires et les universités. Bien peu de médaillés seront sur le podium ! En dénonçant cette mécanique il ne s’agit pas de se lamenter sur les résultats régionaux des appels à projets, mais de contester le cœur même de la méthode employée : là où devraient régner coopération et partenariat, c’est la concurrence et la compétition qui prévalent. En s’alignant au départ, malgré de très lourds déficits structurels (liés notamment au sous-investissement des grands organismes de recherche dans la région, au nombre de chercheurs insuffisant, et à la faiblesse de la recherche privée), le Nord-Pas de Calais est parti avec un sacré handicap ! Résultat des courses, au titre du PIA, programme investissement d’avenir,  quelques projets régionaux lauréats des Labex, Equipex ou autres IRT (Railenium), mais un double échec retentissant aux IDEX (initiative d’excellence). Comme le soulignait à l’instant Sandrine Rousseau, ce sont 700 millions qui vont très cruellement manquer au Nord-Pas de Calais !

Nous avons déjà dit ce que nous pensions des limites de la méritocratie qui est la morale du vainqueur, où les vaincus méritent leur sort. La justice individuelle se transforme en injustice collective et mène à l’exclusion, contre toutes les règles élémentaires de l’égalité des chances, valeur fondamentale de notre république.

– que vont devenir nos universités, et en particulier celles qui sont en dehors de la  métropole lilloise ? de quels moyens disposeront-elles pour accueillir les milliers d’étudiants qui les fréquentent ? pour développer leurs recherches ? comment seront reconnus les diplômes qu’elles délivrent ? Les évocations actuelles de « pôles universitaires de proximité » ou autres « collèges universitaires » par le Ministère n’ont rien de rassurant.

– Et enfin, dire notre inquiétude sur l’hyper concentration des pôles de recherche d’une part et des thématiques mêmes de recherche. La carte nationale que le Gouvernement est en train de créer favorise le regroupement de l’essentiel de nos forces sur quelques sites, et donne une nette priorité aux sujets de recherche qui présentent un potentiel de valorisation économique à court terme. Autrement dit, que devient la recherche la plus fondamentale, celle qui pose les bases des inventions de demain ? Quel moyens aux Sciences humaines et sociales, qui seront une composante essentielle des connaissances à mobiliser pour faire face aux mutations auxquelles nous allons être confrontés ? Faire avancer les connaissances, toutes les connaissances, est un enjeu crucial, un bien commun à privilégier. La politique nationale actuelle nous fait prendre, hélas, un tout autre chemin …

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Dans ce contexte un peu sombre, certes, saluer la détermination politique de la Région et de sa vice-présidente. Avec nos moyens contraints, dans un domaine très marqué par la politique gouvernementale, et qui ne relève pas de nos compétences obligatoires, nous portons une ambition : celle d’un enseignement supérieur et d’une recherche en prise avec le territoire, qui réponde aux interrogations des citoyens et nous fasse progresser dans la connaissance, qui nous donne l’assurance de la diffusion de celle-ci. La connaissance est un bien commun, pas celui de quelques uns, et elle a une vocation culturelle. Elle est le ciment du lien social.

Nous souhaitons que la Région porte haut et fort ces valeurs et ces ambitions.

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