14 avril 2011 – Francine Herbaut Dauptain et Catherine Bourgeois – Plan régional de santé

SEANCE PLENIERE DU JEUDI 14 AVRIL 2011
Groupe Europe Ecologie
INTERVENTION DE Francine HERBAUT DAUPTAIN
En complément de celle de Catherine BOURGEOIS
Plan Régional de Santé
Catherine Bourgeois et moi nous sommes rendues le 1
e
 avril à l’inauguration officielle de
l’ARS en présence de Madame Bachelot et de Monsieur Bertrand. Celui-ci dans son discours
a rappelé qu’il y a quelques années, je cite «On a fait des erreurs. Nous avions pensé qu’en
diminuant le nombre de médecins on réduirait le nombre d’acte, donc les dépenses de santé,
c’était une erreur »
Je crains fort que Monsieur Bertrand ne continue à  faire des erreurs dans sa déclinaison
libérale de la loi HPST Hôpital Patient Santé Territoire.
Celle-ci permet en effet le transfert des activités « rentables » du secteur public vers le
secteur privé avec un corollaire négatif pour les usagers : les dépassements d’honoraires
dont ils sont  en totalité captifs.
Autre erreur celle d’une vision purement gestionnaire qui amène les établissements, au nom
de la rentabilité, à fusionner, restructurer  à marche forcée extrêmement douloureuse pour les
personnels de santé.
Il existe aussi une RGPP qui ne dit pas son nom dans le monde de la santé.
Je voudrais juste profiter de votre présence Monsieur Lenoir pour vous donner deux exemples
de conséquences vécues dans les établissements.
Le premier exemple est celui d’un établissement accueillant des personnes âgées.
Il reste aujourd’hui  1 IDE et 1 AMP la nuit pour 60 résidents dont les pathologies sont de
plus en plus lourdes et nécessitent donc des soins, même la nuit.
Dans cet établissement, il arrive que des personnes se réveillent et ont besoin de quelqu’un, ils
sonnent, une fois deux fois…. Au bout d’un moment la personne âgée essaye de bouger seule,
de se lever tant bien que mal et …. Tombe de son lit.
Là elle peut y rester un certain temps car pendant ce temps là l’infirmière et l’AMP courent
d’un patient à l’autre et gèrent les priorités comme elles peuvent.
Mais dans le cadre de la gestion des risques vous savez que les chutes sont comptabilisées,
c’est un indicateur et ça fait tâche !
Alors des consignes ont été données au personnel : les patients sont désormais attachés dans
leur lit la nuit pour éviter les chutes.
Donc quand, dans le PRS, on parle de bientraitance, permettez moi de dire que la première
bientraitance c’est de mettre les moyens adaptés.
Inventer un nouveau label AQE semble dérisoire et on en rirait si les situations n’étaient pas si
dramatiques. Au lieu d’un label définissez donc, comme cela se fait par exemple en néo nat
ou aux soins intensifs des normes de personnels nécessaires par secteur ou pathologie. Ce sera
plus efficace !
Deuxième exemple : nous l’appellerons Didier.
Il travaillait depuis longtemps dans un établissement de santé. Il enchainait des horaires
décalés, il était fréquent qu’on lui demande de faire une nuit supplémentaire après en avoir fait déjà 3 consécutives, parce qu’une collègue était absente. Quand  le cadre de
fonctionnement est au minimum, toute absence désorganise le planning des horaires de toute
l’équipe.
Il était reconnu comme un bon professionnel, compétent, aimant son métier.
Et un jour il s’est présenté au travail est monté sur le toit et s’est jeté dans le vide.
Burn out !
Des exemples comme celui là j’en ai plusieurs en mémoire.
Au CHSCT exceptionnel la Direction a refusé de reconnaître toute implication des conditions
de travail dans ce suicide.
Les suicides ça n’existe pas dans ce monde là ou alors c’est « essentiellement parce que la
personne avait des problèmes personnels »  du moins c’est ce que la Direction nous dit.
Didier n’est pas le seul, il existe un phénomène « France Télécom » dans les établissements
de santé et du social. Mais il ne faut surtout pas que ça se sache. Et comme l’inspecteur du
travail n’y vient quasiment jamais…. Rien ne sort.
Voilà deux exemples pour montrer les conséquences sur les conditions de travail et sur la
qualité des soins que peut avoir cette politique que vous relayez.
Alors, si j’osais j’exprimerais un espoir : celui que les travaux de l’ARS fasse rayonner la
politique de santé dans notre région comme votre tour de verre qui brille au soleil.
Vous en avez tous les pouvoirs.

Remonter