Retour sur les rencontres nationales des métiers de « l’économie verte »

Par Patricia Andriot

 

Introduite par la ministre en charge du Développement Durable, Nathalie Kosciusko-Morizet, la journée du 14 juin, intitulée «  premières rencontres des métiers de l’économie verte » s’inscrit dans le prolongement du  grenelle de l’environnement. La ministre a rappelé qu’il s’agissait, pour elle, de faire un point d’étape pour mieux appréhender la dynamique générée par le  Grenelle de l’environnement en matière d’emplois et de métiers, qui en était un enjeu majeur sinon l’enjeu principal ;  il s’agit de sortir de la représentation de métiers verts comme métiers de demain pour prendre pleinement conscience que c’est aujourd’hui que le verdissement s’opère, que l’appareil productif se transforme sous nos yeux.

La première table ronde qui portait sur les éco-acitvités et plus particulièrement sur la structuration des filières dans une première partie, a  mis en évidence que la réconciliation entre économie et écologie est en cours,  en ce sens que la prise en compte de l’impact environnemental sur les activités humaines commence à être davantage vécue comme une opportunité que comme une contrainte par les acteurs présents. Il était par contre très perceptible que deux approches différentes du problème existent ; certains voient dans la prise en compte de l’enjeu environnemental  une démarche de recherche de niches ou de nouvelles potentialités de croissance, quand une autre approche  vise  à la transformation du modèle économique.

La seconde partie de la table ronde a plus particulièrement exploré la question de la valorisation des filières de métiers dits « verts » : les discussions ont montré la pénétration progressive de la problématique du développement soutenable au sein de la société.   Deux  enjeux ont été mis en avant pour promouvoir réellement une prise en compte de l’impact environnemental des activités économiques :

– développer une approche transversale qui ne réserve pas la question des métiers verts à quelques secteurs ni à la question strictement environnemental, mais qui inclue également la dimension sociale, qui envisage aussi une refonte de l’ approche comptable de l’activité économique

– ne pas négliger son acceptation sociale, qui passera par un renouvellement du dialogue sur cette question avec les partenaires sociaux et au sein des branches, mais qui passera aussi par une prise en compte au niveau des salaires.

Si la table ronde du matin, a posé la question sous l’angle de la reconnexion entre économie et écologie, les tables rondes de l’après-midi ont été consacrées aux aspects formation. En effet, les interventions visant a rappelé le résultat d’études  sur le sujet,  que ce soit au niveau de l’OCDE ou de cabinets de consultants français, il est maintenant avéré que l’enjeu environnemental se traduira davantage par une évolution des compétences et des métiers, que par la création nette massive de nouveaux emplois ;  dans ces conditions, et c’est confirmé par l’expérience issue de l’observation de mutations antérieures  de secteurs économiques, le rôle clef de politiques publiques d’accompagnement autour de la formation est avéré.

Dans cette perspective, les enjeux importants tournent autour de l’identification de l’évolution des métiers et compétences, afin  d’adapter au mieux des certifications, des formations mais aussi des formations de formateurs. Les discussions et témoignages laissent à penser que cette dynamique et ces évolutions sont en cours et la France semblent plutôt bien outillée sur le plan institutionnel pour mener à bien cet accompagnement.

Par contre, deux types de questions subsistent. D’une part  (et la table ronde qui s’est plus particulièrement intéressée au champ du bâtiment le démontrait clairement)  l’effort d’adaptation des compétences n’a de sens que si répond à une demande économique, que si la filière est mobilisée pour répondre à des marchés solvables. Or dans le contexte actuel d’austérité, il y a là des dynamiques un peu contradictoires. Le soutien de la demande,  notamment par l’investissement public a été évoquée  comme condition nécessaire et insuffisamment présente ;  même si à plusieurs reprises  des interventions de l’Etat ou des régions  ont tenté de montrer le contraire (évolution des cahier des charges des marchés publiques bâtiments, par ex).

D’autre part, la question de la prise en charge financière de l’effort de formation a également été évoquée et ne semble pas une question complètement réglée. En pleine réforme des OPCA (Organisme Paritaire Collecteur Agréé), et en période de mise en application de la récente loi sur la formation tout au long de la vie, il ne semble pas évident partout que l’enjeu de la prise en compte de la problématique métiers verts soit une priorité.

Dans un contexte de pouvoir d’achat restreint, les partenaires sociaux ont pourtant nettement fait entendre, que si ils sont très parties prenantes pour contribuer à une transformation écologique et sociale, il n’entendent pas supporter seuls les efforts à faire en ce sens.

La commissaire au développement durable, Dominique Dron a conclu la journée en rappelant les enjeux des discussions et en insistant pour dire qu’au-delà de l’enjeu économique , c’était surtout la durabilité et viabilité de notre planète qui était en question.

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