Résumé de la Conférence sur « la santé dans l’aménagement du territoire ? » organisée par le Théâtre de Langres

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Résumé, par Patricia Andriot

 

J’ai eu le plaisir d’assister à une conférence qui s’est déroulée, à Langres (Haute-Marne) au sujet des liens consubstanciels entre santé et aménagement du territoire rural, au travers de deux témoignages locaux et d’une intervention de Joëlle Barrat , Vice-Présidente à la santé du Conseil Régional. Cette rencontre a permis d’aborder les problématiques clefs de la santé sur notre territoire.

La présentation de l’hôpital de Bourbonne à mis en évidence comment un projet ciblé et guidé par les besoins peut se construire et redynamiser un établissement en perte de vitesse.  l’intervention de Mme Lecomte, infirmière libérale, a quant à elle  mis en évidence à la fois le rôle essentiel de ces acteurs  sur le territoire : dans tous les deux cas, concertation, volonté politique et l’intelligence collective territoriale  ont permis le maintien d’une offre de santé de qualité en milieu rural.

Face à ces expériences émanant d’abord de la volonté d’acteurs locaux, Joëlle Barrat a décrit les grands traits de l’organisation régionale de santé, (Agence régionale de santé, schéma organisationnels, objectifs…). Son propos a souligné une sorte de distorsion entre les objectifs annoncés et la réalité de mise en œuvre. Si l’idée d’une agence régionale permettant une meilleure adaptation de l’offre à des besoins locaux est séduisante,  tout comme le sont les objectifs annoncés  (améliorer l’espérance de vie, égalité de l’accès au soin, projets de qualité et efficience ) , de multiples exemples se multiplient et démontrent que derrière des objectifs d’intérêt général, la volonté de mutualisation et de rationalisation annoncées comme méthode ou fil conducteur interrogent un grand nombre d’entre nous.

Deux concepts qui ont le versant négatif du côté toujours positif annoncé.

Mutualiser qui signifie travailler ensemble, échanger plus , sortir de l’isolement mais c’est aussi bien souvent le vecteur de l’économie d’échelle, et d’économies tout court.

La rationalisation qui s’incarne par la T2A (Tarification à l’acte)  formalise les choses  sans prendre suffisamment en compte les coûts induits.

On assiste à une sorte de transfert du système médical (hôpitaux)  vers le secteur ambulatoire, qui n’obéit pas aux même règles de financement ; cette situation accroît  de fait les inégalités d’accès selon la géographie et la catégorie sociale ; poussé à l’extrême, on pourrait soupçonner un transfert de charges sur le secteur public tout en maintenant les excédents sur le privé.

Ces mutations organisationnelles, ne sont pas que sources d’inégalités croissantes ; elles remettent en cause l’offre de soin et induisent chez les catégories sociales les plus modestes, un phénomène de renoncement aux soins.

Confirmant ses risques, le débat à également permis d’aborder les questions de continuité des soins (suivi du patient lors de sa sortie d’hopital, inorganisation du dialogue entre le secteur hospitalier et le secteur ambulatoire pour le suivi du patient) , la question des frontières administratives très sensibles sur ce bassin de vie naturellement attiré par le nord Bourgogne et Dijon,  la prise en charge des soins alzheimer et personnes âgées…

Dans ce secteur comme dans d’autre, la soirée a mis en évidence une crise de confiance patente entre citoyens et décideurs, entres intérêt général et politiques mise en place par le gouvernement en place. Si la santé est un enjeu partout, il est crucial pour un territoire rural, toujours  en voie de désertification ; c’est à la fois une source de bien être de vie local et un enjeu économique. La politique se devrait donc, sur un tel territoire, d’être plus incitative que restrictive.

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