Refondation de l’école

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Refondation de l’école :
une réforme ambitieuse qui demande du temps, de la concertation et de l’imagination…

Par Patricia Andriot, vice-présidente du Conseil régional
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Mardi 15 mai 2013, à l’issue de son assemblée générale, la Ligue de l’Enseignement Haute-Marne organisait un débat sur la réforme des rythmes scolaires.

Eric Favet, secrétaire national de la Ligue de l’Enseignement, a expliqué qu’après près de 20 ans de débat, un consensus existe aujourd’hui sur le diagnostic d’une école « de raffinerie des meilleurs ». Claude Lelievre, spécialiste de l’éducation, a d’ailleurs rajouté l’idée que l’on cherche à élever le plafond alors qu’il faudrait rehausser le plancher…

Bref, tous les indicateurs montrent que le système est très performant pour les meilleurs, et très déficient pour les plus en difficultés. Nous assistons donc non seulement à une dégradation des résultats mais aussi à une exclusion. L’école de la République ne fait plus son travail et le constat est douloureux pour tous : enfants, enseignants et parents.

Sortir de ce système semble faire consensus, et c’est bien la volonté du ministre, entre autre, dans la loi sur la Réfondation pour une école plus juste.

Pour autant, cela ne suffira pas. En effet, sur 12 années de vie, à l’entrée au collège, un enfant a dormi 4 ans (moins qu’il y a 30 ans), a vécu 4 années domestiques et familiales, a été un an à l’école, un an derrière les écrans de TV, un an derrière les autres écrans, et un an d’activités de loisirs organisés (éducation non formelle). L’éducation informelle a donc un poids beaucoup plus important que l’école.

Aussi l’évolution de l’école se fera autant via une réforme que par la valorisation de l’éducation informelle, et ce tout au long de la vie.

Or, la culture et l’organisation de la société française est particulièrement caractérisée par la confusion entre réussite personnelle-professionnelle et réussite scolaire. L’école est le pivot déterminant de son « orientation de vie ».

Une « déscolarisation de la société » semble nécessaireEt c’est ce qu’essaye visiblement d’introduire Vincent Peillon. La loi en projet esquisse une alliance entre éducation formelle et éducation informelle… vraie nouveauté qu’il faut saluer. Néanmoins, cette alliance ne pourra vivre et donner des résultats qu’avec du temps et qu’à la condition qu’elle soit vraiment mise en œuvre sur le terrain.

Le directeur des services académiques a confirmé les choses et précisé quelques conditions de mise en route  parmi lesquelles les notions de projet et de confiance, confiance aux acteurs éducatifs notamment. La future loi ne parle d’ailleurs pas de rythmes mais bien de projets éducatifs territoriaux. Faire confiance aux enseignants pour qu’ils osent l’innovation et l’expérimentation. Tout ce qui n’est pas interdit est autorisé, des ajustements, des formes originales d’organisation sont possibles. Enfin, il s’agit aussi de la formation des enseignants, la place du numérique, et la continuité du parcours éducatif entre autre.

Les débats ont aussi été alimentés par deux élus de Chalindrey et Arc-en-Barrois, deux seules communes du département à mettre en place le projet éducatif territorial dès la rentrée 2013.

Le rendez-vous s’est terminé sur une invitation de l’Inspection à diffuser largement et rapidement cette approche positive de la loi. Les structures d’éducation populaire locales ont confirmé leur mobilisation dans l’accompagnement de ces pactes éducatifs territoriaux, et y compris en mobilisant un autre dispositif gouvernemental que sont les emplois d’avenir.

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