Bure-CIGÉO / non, ce n’est pas automatique !

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Bure-CIGÉO / Du laboratoire de recherche  à l’enfouissement de déchets radioactifs : non, ce n’est pas automatique

 

Dans les années 70, la France a fait le choix, sans concertation démocratique, du tout nucléaire pour produire son électricité, sans prévoir la gestion des déchets nucléaires. Pays le plus nucléarisé du monde, la France produit chaque année 1200 tonnes de déchets radioactifs qui resteront dangereux pendant des centaines de milliers d’années.

Pour les déchets hautement radioactifs et à vie longue (les plus dangereux), 3 voies de gestion étaient prévues par la loi en 1991 : 1 – le stockage sur site nucléaire, 2 – le stockage en couche géologique profonde, 3 – la transmutation. Mais seule la deuxième option a fait l’objet de véritables recherches. Il devait y avoir plusieurs sites de recherche. Mais il n’y a eu que Bure à la limite de la Meuse et de la Haute-Marne.

Le lobby électro nucléaire français veut rendre inéluctable le stockage à plus de 500 mètres sous terre. Alors que cette solution est abandonnée dans la plupart des autres pays nucléarisés au profit du stockage en surface. La suite de l’opération serait le creusement à Bure d’un centre industriel de stockage géologique (CIGÉO).

CIGÉO est l’objet d’un débat public alors même que les hautes instances scientifiques et de sécurité nucléaire n’ont pas encore donné leurs avis. L’enfouissement à 500m sous terre suscite de nombreuses questions :

– la gestion du risque d’incendie à 500 m sous terre en site fermé ?

– la gestion de dégagement d’hydrogène et son risque d’explosion ?

– le risque du transport de déchets hautement radioactifs sur les routes et les voies ferrées ?

– la réalité de l’homogénéité de la roche et sa dégradation ?

– le risque sismique ?

– l’impact sur l’image de la région et celle du Champagne ?

– le coût ?

– la réversibilité (possibilité de ressortir les colis de déchets) qui n’est pas garantie au-delà de 120 ans ?

Dès lors, il est impensable de donner un avis positif à ce projet. CIGÉO c’est pas automatique !
Les champardennais peuvent refuser l’implantation de CIGÉO en s’exprimant sur :
www.debatpublic-cigeo.org/index.html.

2 commentaires pour “Bure-CIGÉO / non, ce n’est pas automatique !”

  1. Bonjour,
    A la lecture de votre article, je suis d’accord avec vous sur le fait qu’il y a des questions tout à fait légitimes à se poser sur Cigéo et c’est justement tout l’intérêt d’un débat public. Pour le reste, je me permets de corriger certaines de vos affirmations :
    « seule la deuxième option a fait l’objet de véritables recherches » : Les 3 options ont fait l’objet de recherche pendant 15 années, ce qui n’est à mon sens pas négligeable ! Toutefois, les recherches sur l’entreposage de longue durée et la transmutation ont montré que ces solutions ne pouvaient pas se substituer au stockage profond (voir par exemple à ce propos l’avis rendu à l’époque par l’Autorité de Sureté Nucléaire : http://www.asn.fr/index.php/S-informer/Actualites/2006/RADIOACTIVITE
    « Il devait y avoir plusieurs sites de recherche. Mais il n’y a eu que Bure à la limite de la Meuse et de la Haute-Marne » : à l’époque, l’Andra a mené des investigations géologiques sur 4 sites français. Ces investigations ont toutefois montré que la géologie du site de Bure était la plus favorable à ce projet.
    « cette solution est abandonnée dans la plupart des autres pays nucléarisés au profit du stockage en surface » : cette affirmation est fausse. Pour les déchets à vie longue, beaucoup de pays envisagent et étudient le stockage géologique : la Suède, la Finlande, la Suisse, la Belgique, La Grande-Bretagne, la Suisse, la Lituanie, l’Allemagne, les Etats-Unis, le Japon… pour ne citer qu’eux. Pour plus d’infos, vous pouvez par exemple consulter le site de l’Agence Internationale de l’Energie Atomique :
    http://www-pub.iaea.org/MTCD/publications/PDF/LTS-RW_web.pdf
    http://www-pub.iaea.org/MTCD/publications/PDF/Pub1378_web.pdf
    Par ailleurs, la France dispose de 3 centres de stockage de surface pour les déchets de très faible activité et de faible et moyenne activité à vie courte. En revanche, ces solutions de stockage ne permettent pas de prendre en charge de manière sure, sur de très longues périodes de temps, les déchets les plus radioactifs, d’où le projet de stockage géologique.
    Bien cordialement,

  2. Bonjour Madame,

    Merci pour votre commentaire. Vous devez être Laurence Petit, et si c’est le cas, vous travaillez à l’ANDRA comme responsable de recherche.

    Vous partagez le constat qu’il y a des « questions tout à fait légitimes à se poser sur CIGEO » et nous nous en réjouissons. Nous considérons effectivement qu’un débat public est nécessaire et présente un intérêt essentiel. Vous reconnaitrez sans doute, même si cela ne relève pas de votre responsabilité directe, que la démarche de ce débat public est perfectible. Les toutes dernières décisions de la CNDP apportent des améliorations à cette démarche. L’effort en ce sens est à poursuivre.

    Vous vous permettez de « corriger » certaines (en fait quasiment toutes) de nos affirmations. Permettez nous en retour de « corriger » ou plutôt, parce que nous ne sommes pas vos professeurs, de nuancer ou de contredire, certaines de vos corrections.

    Sur les recherches, vous évoquez un avis de l’autorité de sureté nucléaire rendu public le 1er février 2006. C’était avant le vote de la loi no 2006-686 du 13 juin 2006 relative à la transparence et à la sécurité en matière nucléaire (dite « loi TSN ») qui a créée l’Autorité de Sureté Nucléaire dans la forme que nous lui connaissons aujourd’hui. Le 1er février 2006, l’ASN était en fait la Direction générale de la sûreté nucléaire et de la radioprotection (DGSNR), rattachée au Ministère en charge de l’industrie, celui en partageant la tutelle avec le Ministère chargé de la santé et celui chargé de l’environnement.

    Les avis de la DGSNR n’étaient pas soumis à une procédure contradictoire, et ne faisaient pas l’objet d’une évaluation ou d’une expertise indépendante. Vous comprendrez donc que nous n’accordions à l’avis auquel vous vous référez qu’une valeur toute relative.

    Lorsqu’on prend en compte les sommes allouées aux différentes voies de recherche initialement prévues, il est possible de relativiser votre affirmation selon laquelle « les recherches sur l’entreposage de longue durée et la transmutation ont montré que ces solutions ne pouvaient pas se substituer au stockage profond ».

    Nous vous encourageons à prendre connaissance de l’avis sur cette question de M. Ghislain de Marsily (ingénieur des Mines, Professeur émérite à l’Université Paris VI et à l’École des Mines de Paris, Membre de la Commission Nationale d’Évaluation de 1994 à 2006) publié dans le dossier « Prises de décision dans le nucléaire » publié dans le numéro 432 de mars-avril 2008 de la Revue des Ingénieurs. L’article de Ghislain de Marsily, intitulé « Gestion des déchets nucléaires : stockage ou entreposage ? » est téléchargeable ici.

    Vous y lirez que la recherche sur les autres sites (un granite sous recouvrement sédimentaire dans la Vienne, et un site argileux dans la plaine du Rhône dans le Gard) ont été abandonnés pour des raisons techniques (Vienne) ou politiques (Gard). En conséquence il est inexact d’affirmer que « investigations ont montré que la géologie du site de Bure était la plus favorable à ce projet » de stockage en couche géologique profond.

    Concernant les autres pays, vous affirmez péremptoirement que tous sont engagés dans le stockage en couche géologique profond. Nous ne partageons pas votre point de vue et reviendrons vite ici avec un panorama de l’état du débat dans les différents pays concernés.

    Vous concluez votre message en éliminant l’option de l’entreposage pour les déchets à haute activité et vie longue : « ces solutions de stockage ne permettent pas de prendre en charge de manière sure, sur de très longues périodes de temps, les déchets les plus radioactifs, d’où le projet de stockage géologique. » Permettez nous de contester vos axiomes : nous pensons qu’il n’y aucune certitude quand à « la prise en charge de manière sûre sur de très longues périodes de temps » de déchets hautement radioactifs avec le stockage en couche géologique profonde. Sur ce plan, nous pourrions vous renvoyer aux analyses des ONG environnementales et de leurs experts, mais nous vous suggérons à nouveau de lire l’article précité du Professeur de Marsily. L’option entreposage pour les déchets HAVL n’a pas véritablement été envisagée et explorée dans notre pays. Or pour qu’il y ait débat, il faut qu’il y ait le choix. Ce n’est pas le cas pour CIGEO.

    Au-delà des « questions légitimes » – comme vous dites – qui se posent sur CIGEO, l’absence d’alternative renforce le doute quant à la pertinence du projet, puisqu’il n’y a pas le choix. C’est ce que nous appelons « l’effet entonnoir » : après que toutes les autres options aient été soit éliminées soit pas explorées, CIGEO serait inéluctable.

    Nous ne partageons ni la méthode ni sa conclusion.

    La priorité, s’il était vraiment question de gérer de manière responsable les déchets nucléaires à haute activité et vie longue, serait aujourd’hui d’explorer la voie de l’entreposage en surface ou sub surface.

    Bien cordialement
    Le groupe des élus régionaux EELV

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