Les profits des entreprises contre la santé des citoyens : un rapport du CESER diabolise les circuits locaux d’approvisionnement

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Par Christophe Dumont

Président du groupe EELV

 

Le conseil régional dans sa séance du 20 juin a réaffirmé son attachement aux circuits courts de distribution pour les produits alimentaires particulièrement en réformant son règlement pour accroitre l’introduction de produits bio et locaux dans les menus des cantines scolaires des lycées de la région. Pourtant un rapport du conseil economique, social et environnemental régional (CESER) sur le sujet rédigé pour l’occasion lie produits locaux, qu’ils soient issus de l’agriculture biologique ou conventionnelle, et risques sanitaires, créant une atmosphère de suspicion sur la filière.

Alors qu’aussi bien en commission qu’en séance plénière, l’unanimité s’est faite  pour promouvoir une agriculture de territoire qui procure à notre région une autonomie alimentaire accrue , garantisse un juste revenu aux paysans, sauvegarde l’environnement et la biodiversité et garantisse la santé publique, nous avons jugé ce rapport consternant.

Qu’on nous comprenne bien : bien sur, on peut contracter une intoxication alimentaire n’ importe où, y compris à la cantine, avec des produits locaux, mais, d’une part, un approvisionnement local permet une traçabilité et un contrôle accru du consommateur, d’autre part  le système alimentaire industriel est, de plus en plus devenu, en lui-même, le problème.

Au niveau international, ces fameuses normes de sécurité sanitaire  réclamées par le CESER sont de plus en plus dictées par les Etats-Unis et l’union européenne et sous-traitées au privé, c’est ce que nous indique un rapport  publié par l’ONG internationale « GRAIN », titré : « à qui profite la sécurité sanitaire des aliments », au sous-titre sans équivoque : « les profits des entreprises contre la santé des populations ».

Ce rapport décrit les risques sanitaires liés aux élevages industriels comme le risque le plus grave, selon l’organisation mondiale de la santé, pour la population de la planète. Ce rapport  poursuit :  « les accords commerciaux, les normes privées de sécurité alimentaire des aliments ne font que renforcer l’agriculture industrielle prônée par les firmes de l’agroalimentaire qui nous rendent malades, et détruire ceux qui permettent de nourrir vraiment les populations », puis, plus loin : « la politique de sécurité sanitaire alimentaire n’a pas grand-chose à voir avec les consommateurs et la santé publique, elle est devenue le lieu de luttes de pouvoir pour le contrôle de l’alimentation et de l’agriculture, qui sont prises de plus en plus loin des producteurs et des consommateurs, dans le monde obscur des négociations commerciales dans lesquels ce ne sont pas la science et la santé publique qui déterminent les choses, mais la politique et le commerce ».

Que les grandes firmes de l’agroalimentaire diabolisent et même criminalisent les marchés locaux d’approvisionnement, c’est de bonne guerre, mais que le Conseil Economique  Social régional, devenu de surcroit récemment » Environnemental », oubliant de défendre les intérêts des citoyens et des agriculteurs champardennais,  se fasse le serviteur zélé de ces firmes agroalimentaires est plus inexplicable.

Pour notre part, nous continuerons  d’empêcher la diabolisation et la destruction des initiatives locales et Nous continuerons de prôner au nord comme au sud l’indépendance  et la souveraineté alimentaire que Via Campesina définit comme le « droit des peuples à une alimentation saine produite par de méthodes écologiquement rigoureuses et durables » en défendant ici les marchés locaux et l’introduction de produits bios, locaux, de qualité, dans la restauration collective.

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