Livre blanc de la sûreté des installations nucléaires manchoises : réaction des élus écologistes

centrale

Demain, le livre blanc de la sûreté des installations nucléaires du Cotentin sera rendu public. Fruit de deux ans d’un travail collégial des trois Commissions locales d’information de la Manche[1], cette démarche, initiée après la catastrophe de Fukushima, vise à réunir les informations permettant d’évaluer la sûreté des installations nucléaires lors de circonstances accidentelles extrêmes.

Après audition des exploitants, de l’Etat et des autorités régulant l’industrie nucléaire, 184 questions pointent les enjeux liés à prévention de l’accident, à la gestion de la crise et aux actions post-accidentelles et interrogent l’effectivité de la sûreté de nos installations manchoises.

Pour les trois élus régionaux écologistes qui siègent dans ces CLI, Clara Osadtchy, Marine Lemasson et Jérôme Virlouvet, cette démarche de Livre blanc est un travail de réflexion important qui constitue un bon de géant pour  les plus nucléophiles des élus locaux qui, il y a quelques années encore, se refusaient l’idée même qu’il puisse y avoir un jour une catastrophe. Le mythe de l’infaillibilité du nucléaire contre lequel les écologistes se sont battus depuis des décennies, s’est enfin fissuré.

Jérôme Virlouvet, membre de la CLI de l’Andra, a participé au voyage d’étude au Japon qui a permit à nombre de participants de saisir la complexité des conséquences de la catastrophe pour le territoire dont la population a été contaminée jusqu’à 80 kilomètres autour de Fukushima. « Nous avons vu à quel point nous n’étions pas préparés, réellement, à répondre à l’ampleur d’un tel désastre, à en anticiper la gestion et bien entendu à en éviter les causes« , témoigne le conseiller régional. Ce que confirme Clara Osadtchy, membre de la CLI Areva et présidente du groupe des élus écologistes au Conseil régional, qui, participante à une simulation d’accident en décembre 2011, relevait l’aspect chaotique de la gestion de crise : « Dans une situation de crise, ici fictive, rien n’est pleinement préparé et le pire reste à craindre. « 

Ainsi, le Livre blanc a le mérite d’exister et d’avoir été le fruit de  débat pluralistes comme on en a rarement vu autour du nucléaire, toujours présenté comme « indébattable ». 

Les écologistes tiennent à saluer cette démarche et attendent beaucoup des suites qui devront nécessairement être données par les pouvoirs publics. Car en effet, comme le rappelle Clara Osadtchy : « Le Livre blanc soulève de nombreuses questions qui ne trouvent pas de réponses satisfaisantes, qu’elles concernent le risque de dénoyage des piscines d’Areva et EDF, les évènements météorologiques extrêmes, la possibilité d’un crash d’avion auquel reste exposée l’une des 4 piscines d’Areva, ou encore l’effectivité du dispositif d’évacuation des populations alentours en cas d’accident nucléaire. »

En tout état de cause, ce Livre blanc doit être le point de départ pour aller plus loin dans la démarche d’information des citoyens, impératif inscrit dans la convention d’Aarhus et dans la charte de l’environnement adossée à la Constitution. Mais pour Marine Lemasson : “il devra surtout permettre d’apporter des réponses opérationnelles aux nombreux points noirs identifiés dans la sûreté, qu’ils soient organisationnels, techniques ou liés aux facteurs humains, afin de nous préparer au mieux en cas d’accident nucléaire grave, évènement improbable mais possible comme en témoigne le drame de Fukushima”. C’est maintenant le regard tourné vers l’Etat que les élus écologistes attendent les nécessaires dispositions permettant de diminuer au maximum de tels risques de catastrophe, tout en rappelant, encore une fois, que la seule possibilité de rendre les centrales nucléaires sûres, c’est de les fermer !



[1] Les Commissions Locales d’Informations sont composées de trois collèges, et rattachées aux site d’AREVA NC, à la centrale de Flamanville et au site d’enfouissement de l’ANDRA

 

Le livre blanc est à lire ici

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