Réaction aux déclarations de NKM : les élu/es écologistes au Conseil régional réaffirment leur position

 

La ministre des Transports et de l’Écologie a annoncé le 15 décembre dernier qu’elle souhaitait qu’une mission indépendante d’évaluation juge de la « pertinence économique » des lignes LGV qui sont projetés au sud de Bordeaux.

Nous avons toujours considéré que cette pertinence économique était nulle et qu’il fallait refuser ces projets parce que trop coûteux. Nous ajoutons que la ministre aurait pu aussi demander que l’on évalue la pertinence écologique et politique.

Le groupe écologiste désapprouve fortement la précipitation du Président de Région, de son groupe (PS) ainsi que de l’opposition Forces Aquitaine et l’UMP de co-signer une lettre à la ministre pour soutenir ce projet. Serait-ce une preuve de la crainte de ne pas voir ce projet aboutir dans sa totalité en raison de sa fragilité financière ?

D’un point de vue écologique nous avons toujours pensé que la Très Grande Vitesse n’était pas une bonne chose. La grande vitesse, au sens où on l’entend sur le plan international suffit, c’est à dire des trains sur des voies classiques modernisées allant jusqu’à 220 ou 240 km/h.

Sur le plan politique le réseau de LGV (Ligne à Grande Vitesse) que l’on prétend mettre en place est un acte de recentralisation puisque tout converge vers Paris et donc correspond à une vision désuète de l’aménagement du territoire.

Cependant, ce retournement de la ministre d’un gouvernement de droite ne nous donne pas envie de faire du triomphalisme. Il prouve que la crise est telle que le gouvernement est obligé à renoncer à certains de ses projets pharaoniques qu’il voulait d’ailleurs faire financer par les collectivités en grande partie. Mais aujourd’hui le système est allé au bout de sa logique. Les collectivités, et notamment les régions, n’ont plus de ressources pour mener leurs politiques. Elles peinent à trouver des financements auprès des banques. Elles n’ont plus de ressources fiscales et sont dépendantes des dotations d’Etat.

C’est le même État, avec son gouvernement de droite, qui n’a cessé de dire que les collectivités dépensaient trop alors même qu’ils les asphyxiaient et qu’il menait une politique qui profitait aux plus riches. Les fameux Partenariats Publics Privés (PPP) que l’on nous vante comme une solution miracle en sont une illustration. L’argent public paie les investissements et les bénéfices vont aux actionnaires du privé.

Après un Grenelle vidé de son sens, on se rend compte aujourd’hui que les projets LGV au sud de Bordeaux sont impossibles à financer, même avec l’aide des collectivités. On sous-entend qu’ils ne seront pas rentables et que leur pertinence économique est douteuse.

Nous l’avons dit, pas la peine d’y revenir.

On nous dit aussi que la LGV Tours-Bordeaux n’est pas menacée mais nous rappelons que son financement s’est fait à coup de promesses adressées aux collectivités d’Aquitaine et de Midi-Pyrénées . On leur a dit pour les faire payer qu’il y aurait des prolongements vers Hendaye, Pau et Toulouse.

Les financements pour Tours-Bordeaux risquent donc d’être remis en cause par ceux qui se sentiront trompés par un État qui les oblige à s’endetter pour des projets qui ne sont pertinents en rien.
L’enjeu des prochaines élections sera la mise en place d’un développement qui prendra en compte, les urgences écologiques, climatiques, sociales, mais aussi la fin d’un centralisme coûteux et incapable de répondre à la crise. Comme le disait dans les colonnes du quotidien Le Monde la semaine dernière le président de Bretagne Jean-Yves Le Drian : « La décentralisation doit être une régionalisation. Elle doit donner aux régions de France la possibilité et les moyens de bâtir et de mettre en œuvre de vrais projets de territoire, elle doit leur reconnaitre pleinement une fonction de collectivité stratégique et d’autorité organisatrice du développement et de cohésion territoriale ».

Eva Joly, notre candidate à la présidence de la République va plus loin en parlant de fédéralisme. Elle fait de la décentralisation un des axes de sa campagne.

La droite, en revanche, n’a cessé de recentraliser : sa prise de conscience de la non-pertinence du programme LGV n’est pas vertueuse. La crise fait simplement qu’elle ne sait plus où trouver l’argent.

Nous ne triomphons pas parce que nous savons que cette crise touche aujourd’hui ceux qui de toute façon n’auraient sans doute pas profité de la Trés Grande Vitesse, mais qui vont cependant devoir payer les erreurs passées.

Monique De Marco pour le groupe Europe Ecologie – Les Verts.

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