Intervention sur  » Tourisme et Patrimoine régional  » au Budget Primitif 2011

Par David Grosclaude – Intervention en séance plénière du 20 Décembre 2010

Monsieur le Président, mes cher/es collègues,

Il semblerait logique que l’identité linguistique de l’Aquitaine soit prise en compte de façon explicite dans notre définition d’une politique touristique. Tourisme et Patrimoine régional, tel est le titre du dossier qui nous est proposé. Les langues, nos langues que sont l’occitan et le basque, sont inscrites à l’article 75-1 de la Constitution comme faisant partie « du patrimoine de la France » donc, a priori, aussi de celui de l’Aquitaine.

Cette reconnaissance constitutionnelle est encore très insuffisante mais il est normal qu’elle soit prise en compte dans notre réflexion autour de l’image de notre Région. Ces langues nous donnent une identité originale. Cette diversité culturelle et linguistique est aussi importante que la diversité biologique. Il existe une clientèle touristique curieuse de cette diversité. Les exemples en Europe de régions qui utilisent leur spécificité linguistique comme un des éléments de leur politique touristique, sont nombreux. Une prise en compte de la langue se fait dans les Parcs naturels régionaux d’Aquitaine. C’est un exemple à suivre.

Nous valorisons des sites, c’est bien. Les langues et les cultures sont des monuments qui méritent une attention particulière, valorisables, pour faire venir des visiteurs chez nous.

Nous préconisons donc que la dimension linguistique soit intégrée dans plusieurs des aspects de notre politique en faveur du tourisme.

  •  La communication et la promotion vers l’extérieur. Nous avons une identité riche ; nous avons la langue la plus ancienne d’Europe avec le basque et avec l’occitan, la langue qui a donné un mouvement littéraire qui a révolutionné l’Europe. Voilà pour le passé.

 

  • Pour le présent et l’avenir, dans le domaine de la communication toujours, et pour montrer notre volonté de préserver et de développer nos langues, on doit imaginer leur utilisation dans les messages que nous envoyons vers l’extérieur. Il faut faire de même pour la signalétique.
  • Dans le domaine de la formation, il semble indispensable de proposer des formations qui intègrent la langue occitane ou la langue basque. Peut-on faire partager notre histoire sans cela ? Peut-on faire partager ce que nous sommes sans avoir les clés de domaines comme la toponymie, la patronymie ? Nous devons aussi aider les professionnels du tourisme à mieux faire connaître les artistes qui en Aquitaine chantent, jouent et créent en basque et en occitan. On sait que la création est l’un des attraits touristiques d’un territoire. Nous rappelons que concernant l’occitan nous avons en ce domaine la possibilité de travailler avec les régions voisines.

Nous avons une politique linguistique, jeune encore et perfectible, mais soyons cohérents et faisons de la transversalité. Nos langues font partie de notre identité et si vraiment nous considérons qu’elles ont apporté hier et qu’elles peuvent apporter demain au monde la nécessaire diversité dont il a besoin, ne les cachons pas à ceux qui veulent mieux nous connaître et qui viennent chez nous, en quête d’autre chose que ce qu’ils ont chez eux.

Afin de ne pas allonger inutilement les débats nous souhaitons que cette prise en compte de la question linguistique s’applique aussi à notre politique concernant la labellisation des sites majeurs. Il doit être possible de poser quelques conditions linguistiques liées à notre participation financière.

Monsieur le Président, mes cher/es collègues, je vous remercie de votre attention.

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