Intervention relative au fonctionnement de micros lycées en Aquitaine

Par Martine Alcorta – Intervention en séance plénière du 16 décembre 2013

Chères collègues, chers collègues,

Le « raccrochage » ne peut être la seule réponse apportée au «décrochage ».

Je voudrais saluer la volonté de notre collectivité à vouloir lutter contre le décrochage scolaire. La mise en place de ce « micro lycée » en est la preuve. Mais je m’interroge sur notre capacité à rattraper et raccrocher tous ceux qui décrochent si on ne fait rien pour remédier aux causes qui créent en amont ce décrochage.

Les enquêtes PISA confirment une tendance déjà bien connue de notre système scolaire qui réussit avec une bonne partie de nos élèves (et il faut aussi le dire) mais qui échoue avec beaucoup d’autres, creusant de plus en plus un fossé entre les jeunes en réussite scolaire et les jeunes en échec, nous éloignant de plus en plus de l’objectif de l’école de la République.

Nous formons des enseignants qui ont pour mission d’enseigner, mais ce n’est pas parce qu’un élève est enseigné qu’il apprend. Cette adéquation entre enseignement et apprentissage fonctionne bien pour une partie d’entre eux mais elle ne se fait pas pour d’autres.

Peut-être faudrait–il alors songer à former aussi des «apprentisseurs», pardonnez moi le néologisme, mais il signifie que nous avons aussi besoin d’enseignants qui soient en capacité d’«apprendre autrement» dans des cadres différents de ceux qui ne marchent pas. Il y a aujourd’hui assez de connaissances scientifiques dans les sciences de l’Homme, sociologie, psychologie, sciences de l’éducation, sur lesquelles s’appuyer pour innover et mettre en place d’autres formes d’apprentissage et d’autres cadres scolaires. Que l’Etat fixe à tous les établissements scolaires des objectifs communs est une chose, qu’il impose à tous le même cadre pour y arriver en est une autre. A quand l’autonomie des établissements ? Non pas celle qui met en proie les établissements avec des impératifs budgétaires inaccessibles et créé de nouvelles dépendances financières, mais celle qui fait confiance aux acteurs de terrain qui, avec un accompagnement expert, sauront trouver des réponses adaptées pour arriver partout aux objectifs communs.

Vous allez me dire que tout cela relève de l’éducation nationale, certes ! Mais peut-on continuer, en cette période de restriction budgétaire, à accepter que l’on dépense du coté de l’Etat de l’argent public pour financer des structures qui créent du décrochage, de la démotivation, de l’abandon et demander ensuite aux Régions de dépenser à nouveau de l’argent pour rattraper ces effets négatifs ? Où est l’efficacité de la dépense publique dans un tel scénario ?

Pourquoi la Région ne prendrait-elle pas les choses en main et au-delà des micro-lycées pour décrocheurs, dont je ne nie pas la pertinence actuellement mais dont je vois les limites sur du long terme si on ne fait rien en amont, pourquoi la Région ne pourrait-elle pas être force de proposition, et lancer avec l’Etat en Aquitaine, une expérimentation grandeur nature dans un établissement avec du public difficile, et avec pour défi et objectif de redonner envie d’apprendre et limiter sérieusement le pourcentage de décrochage ?

Je vous remercie.

 

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