Intervention relative à l’étude sur le potentiel des Energies Marines Renouvelables

Par Monique De Marco – Intervention en séance plénière du 17 octobre 2012

Monsieur le Président, mes chers collègues,

Lors de la présentation des zones pressenties pour les futurs appels à projets éolien off-shore par le Préfet Maritime en 2009, l’Aquitaine ne figurait pas dans les priorités.

L’étude du potentiel éolien terrestre montrait qu’il y avait du vent à terre, pourquoi n’y aurait il pas de vent en mer : cette réflexion fut le point de départ d’une démarche plus large : la connaissance du potentiel énergétique sur la façade maritime de l’Aquitaine.

En 2011, le Service Energie Climat de la Direction du Développement Durable lançait un marché sur l' »Étude régionale d’évaluation du gisement d’énergies sur la façade Aquitaine« . Cette étude faisait l’objet d’un groupement de commande entre la Région, commanditaire, et le Gip Littoral Aquitain, animateur, cette étude était confiée au cabinet Artélia pour un montant de 68.500 € HT.

Cette étude avait pour objectif de cartographier les zones potentiellement adaptées aux développements de projets énergétiques en mer compatibles avec l’environnement et les autres usages de la mer et du littoral.

 

1ère diapo : le périmètre de l’étude

Le périmètre d’étude s’étend à 12 milles nautiques des côtes Aquitaine soit 22,3 km qui correspond aux limites du Domaine Public Maritime, cette zone d’étude comprend aussi l’estuaire de la Gironde ainsi que l’embouchure de l’Adour sur leur partie maritime et le Bassin d’Arcachon. Le périmètre d’étude correspond à environ une zone de 6.000 km².

 

2ème diapo : la méthodologie de l’étude

Cette étude s’est attachée à prendre en compte tout d’abord les données géologique et morphologique du littoral aquitain telles que la bathymétrie, la nature des sols, la dynamique côtières, etc…

En premier lieu, cette étude a pris en compte sans a priori l’ensemble des énergies disponibles en milieu marin telles que :

  • la courantologie marine et estuarienne qui étudie les mouvements internes des masses d’eau (mécanique des fluides),
  •  la houle qui étudie le mouvement ondulatoire de la surface de la mer ,
  • l’éolien en mer qui étudie la vitesse et la direction du vent,
  • le gradient de température qui mesure les amplitudes thermiques entre 2 zones,
  • le gradient de salinité ou énergie osmotique qui mesure le différentiel de salinité entre 2 zones,
  • la biomasse algale qui relève la quantité d’algues valorisables.

En second lieu, cette étude a pris en compte l’ensemble des enjeux environnementaux tels que :

  • les Zones d’Intérêt Communautaire pour les Oiseaux (ZICO),
  • les Zones Naturelles d’Intérêt Ecologique, Faunistique et Floristique (ZNIEFF),
  • les zones Natura 2000 et les Aires Marines Protégées,
  • la protection des paysages et desmonuments historiques,
  • les sites remarquables et protégés,
  • l’ichtyologie (étude des poissons), les cétacée et les tortues.

Enfin, cette étude a aussi considéré l’ensemble des servitudes et des activités économiques tels que :

  • les infrastructures portuaires, les phares et les balises,
  • les émetteurs hertziens,
  • les voies maritimes et les zones de pêche,
  • les raccordements aux réseaux électriques,
  • les zones de Défenses Nationales (mer et air),
  • les activités touristique, le nautisme, le surf, la plongée, …

 

3ème diapo : les résultats des potentiels énergétiques

Dans un premier temps, il a été d’identifier et localiser les gisements des différentes ressources énergétiques au regard des enjeux environnementaux et économiques ainsi que des servitudes. Ici, les enjeux sont essentiellement l’ichtyologie et par voie de conséquence la pêche, le parc marin et les zones « Natura 2000 » pour l’environnement et les zones de navigation maritimes et aéronautiques militaires pour les servitudes.

Tenant compte des gisements énergétiques, d’une part, et de la maturité technologique de chacune des technologies d’autre part, il a été déterminé le potentiel énergétique en fonction des technologies les plus adaptées au littoral aquitain.

1.   Les énergies marines peu ou pas adaptées :

·   Biomasse algale : très faible pour une utilisation énergétique,

·   Température : ressource non adaptée en Aquitaine, réservées aux zones tropicales,

·   Salinité : pas d’applications en Aquitaine, technologie osmotique à développer,

·   Marée : ressource non adaptée en Aquitaine, valeurs de marnages insuffisantes,

·   Houlomoteur « côtier ou portuaire » (sur les ouvrages portuaires ou de défense contre la mer) : les ouvrages potentiellement intéressants sont le musoir de la digue de Socoa, la digue de l’Artha à Saint Jean de Luz et le musoir de la digue Nord de l’Adour. Le potentiel théorique est globalement très faible.

2.   Les énergies marines demandant un temps de maturation long :

·   Houlomoteur « offshore » (profondeurs > 50m) : la zone exploitable s’étend de Lège-Cap-Ferret jusqu’à la frontière espagnole, les distances à la côte varient de 5 km à 15 km. Au regard du périmètre Natura 2000, d’une forte biodiversité des cétacés et des zones pêche face au bassin d’Arcachon et du Gouf de Capbreton, le potentiel théorique est de l’ordre de 1.140 MW de puissance installée sur un espace de 230 km²,

·   Houlomoteur « nearshore  » (10 m > profondeurs > 50m) : la zone exploitable couvre tout le littoral avec des distances à la côte variant de 5 km à 10 km. On retrouve les mêmes contraintes que pour le off-shore, cependant, le potentiel théorique est de l’ordre 4.500 MW de puissance sur une zone de 72 km²,

Il est à noter de manière globale que le houlomoteur dans la zone nord Landes peut apparaître comme la moins contraignante mais celle-ci est plus éloignée des ports ce qui pourrait être un désavantage. Des études plus approfondies permettraient de préciser la nature des technologies, la puissance à installer et les coûts de mise en œuvre et d’exploitation.

3.   Les énergies marines à exploiter à court moyen terme :

·   Eolien : l’éolien posé et flottant mettent en évidence la limitation des emprises sur la façade girondine part la présence d’enjeux réglementaire, d’une forte biodiversité d’oiseaux marins et d’une variabilité de l’enjeu de pêche. En outre, le secteur est lourdement impacté par la zone aéro-militaire interdisant tout développement de l’éolien flottant. Néanmoins, pour l’éolien posé, le potentiel théorique est de l’ordre de 450 MW de puissance sur un espace de 50 km² à 10 km du littoral nord Girondin.

Il est à noter que l’étude porte jusqu’à 22 km des côtes et qu’au-delà on efface la contrainte militaire mais on ajoute celle du coût de raccordement. Pour information, un des projets éoliens off shore retenues dans l’appel d’offre national se trouve au-delà de la limite des 12 miles nautiques.

·   Hydrolien : il existe 3 secteurs d’intérêt, l’estuaire de la Gironde, les passes nord et sud du bassin d’Arcachon et l’embouchure de l’Adour au niveau des ponts Grenet et Saint-Esprit. Tenant compte des enjeux environnementaux, des zones de reproduction / nourricerie / migration de poissons et des contraintes de houle ou sédimentaires importantes, le potentiel théorique est de l’ordre de 100 MW.

 

4ème diapo : la localisation des technologies

La superposition cartographique des données des potentiels énergétiques, des enjeux environnementaux, des servitudes et des activités économiques a permis de mettre en évidence les zones géographiques susceptibles de recevoir des installations énergétiques par types de technologies.

On identifie sur cette carte : l’éolien au large du Nord Médoc, le houlomoteur au droit des Landes, l’hydrolien fluvial dans l’estuaire ou l’embouchure de fleuves, enfin, à moindre niveau les infrastructures maritimes de la baie de Saint Jean de Luz ou la digue de l’Adour.

 

Conclusion :

Nous voulions porter à connaissance cette étude sur l’évaluation du potentiel énergétique des énergies marines renouvelables en Aquitaine, le rapport d’étude est en cours de finalisation et sera disponible début 2013, les cartographies seront disponibles sur le site du GIP ATEGERI et à destination des professionnels usagers de la mer et industriels.

La Région a entamé une campagne d’information et de communication sur le dernier trimestre 2012 pour présenter les résultats de cette étude de manière individualisée auprès de l’ensemble des acteurs publics et privés. Cette campagne a débuté le 9 novembre par une rencontre avec les collectivités du littoral, se poursuivra avec les professionnels de la pêche, des ports, des activités touristiques et se terminera avec les partenaires industriels et scientifiques.

L’objectif de cette présentation individualisée est de porter à connaissance les résultats à des groupes restreints et de même profil afin connaître à la fois leurs ressentis mais aussi les pistes d’amélioration voire de préconisations.

Nous sommes au tout début des connaissances en la matière, les différents projets en court d’implantation en Bretagne et Normandie permettront d’améliorer la connaissance sur ces technologies, sur leurs mise en œuvre et leur exploitation ; cette étude est une base solide de connaissance en Aquitaine pour se projeter dans l’avenir pour assurer les futurs besoins énergétiques mais aussi sur les possibilités de développement industriels.

Les défis que devront surmonter les EMR dans l’avenir sont de plusieurs ordres : améliorer leur efficacité énergétique et leur fiabilité dans un milieu peu hospitalier, trouver des solutions d’exploitation, de maintenance et de raccordements et démontrer leur innocuité environnementale dans le milieu aquatique marin ou fluvial. Face à ces défis, les laboratoires et entreprises régionales pourraient se positionner pour des démonstrateurs locaux ou des projets exogènes.

A ce titre, nous sommes en relation avec la région Bretagne sur ce thème des Energies Marines Renouvelables pour développer d’éventuels partenariats sur des projets.

 

Plénière 121217 EMR

 

 

 

 

 

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