Comme je l’ai déjà indiqué au sein de cette Assemblée, la culture ne peut pas être observée ou évaluée au seul regard de son coût, d’autant qu’il s’agit d’un coût minime, d’un très faible pourcentage des budgets des collectivités ou de l’Etat. Mais que de bénéfices, que d’effets multiplicateurs !

La culture est un bien commun, une ressource sociale. Pour l’individu et pour la société, elle répond à des besoins fondamentaux : plaisir, convivialité, détente, émancipation, partage, construction d’un jugement et d’une sensibilité, mieux-vivre et mieux vivre ensemble : la culture offre tout ceci et permet de transcender le quotidien. La culture est même source de bonheur, en témoignent les statistiques du CREDOC, qui démontrent que les personnes qui visitent des sites patrimoniaux ont une probabilité supérieure de 59% aux autres de se déclarer « très heureux », à niveau de revenu, de profession ou d’âge équivalent.

Pour toutes ces qualités, pour toutes ces raisons, les activités culturelles rythment la vie des français pendant leur temps libre. D’après une récente étude de l’INSEE, elles arrivent même en tête des activités qui sont les plus appréciées en termes de loisirs, devant la pratique du sport par exemple ou la télévision : la pratique de la musique ou de la danse arrive en 1ère position, les spectacles, les musées et le cinéma en 3ème position, la photographie et la création artistique en 5ème position.

Dès lors, soutenir la culture c’est répondre à un besoin fondamental de nos concitoyens et nous en prenons toute la mesure ici.

Maintenir notre engagement en faveur de la culture, c’est aussi reconnaître qu’elle est indispensable pour une région où il fait bon vivre, ouverte sur le monde, une région attractive et dynamique. C’est aussi s’engager à soutenir un rempart contre l’uniformisation du monde. C’est bien sûr avoir l’ambition de protéger un outil de pensée, de connaissance, d’analyse du monde, et d’évasion, un outil primordial en temps de crise, un outil indispensable également pour la démocratie. « La culture, c’est l’âme de la démocratie » proclamait d’ailleurs Lionel Jospin dans sa déclaration de politique générale du 19 juin 1997.

Transmettre notre patrimoine culturel matériel et immatériel aux générations futures relève de notre responsabilité collective et cela a un coût que nous nous devons d’assumer. Randan et l’occitan sont en ce sens emblématiques pour le Conseil régional. Le Domaine Royal est notre propriété, l’ensemble des collections aussi. Le rapport spécifique Randan montre notre volonté collective de sauvegarder et de faire vivre ce patrimoine.

Concernant l’occitan, cette langue historique est largement présente dans l’identité auvergnate et son bassin d’expression s’étend sur la majeure partie du territoire auvergnat. A ce titre, je vous proposerai plusieurs évolutions de notre action en sa faveur, en cohérence avec les conclusions délivrées par Gustave Alirol dans le cadre de la mission que vous lui avez confiée, Monsieur le Président.

Par ailleurs, au-delà des retombées économiques et touristiques de la culture et du patrimoine, nous agissons pour l’emploi : l’emploi artistique évidemment, mais aussi les nombreux emplois induits, par exemple les emplois techniques dans le spectacle vivant, le cinéma, l’édition ou la librairie, les emplois très variés liés aux métiers d’art ou à la restauration du patrimoine.

Comme vous avez pu le lire dans le rapport qui est soumis au vote de notre assemblée, le contexte budgétaire très tendu nous amène à mesurer très précisément l’impact de nos aides. Le rapport de développement durable et humain nous conduit aussi à une réflexion plus fine sur nos dispositifs, en termes d’objectifs et d’indicateurs. Ainsi, l’année 2013 sera consacrée à l’élaboration d’une stratégie du Conseil régional pour la culture sur laquelle nous pourrons nous appuyer pour construire les budgets suivants autour d’axes (nouveaux ou non) mais d’axes revisités pour être plus en phase avec les attentes de la société d’aujourd’hui. J’en profite ici pour remercier le service culture pour son engagement.

2013 verra un début de redéfinition des contenus des différentes lignes budgétaires autour de 3 axes, pour une meilleure lisibilité :

- Le premier axe vise à conforter l’action culturelle pérenne sur l’ensemble des territoires. Les projets culturels illustrent le dynamisme des différents Pays, et la grande diversité des actions proposées est un atout au service du maintien et de l’accueil de populations ;

- Le deuxième axe, s’articulant autour de la transversalité et de la diversité des expressions, permettra de mieux accompagner les évolutions actuelles des esthétiques et le développement des industries culturelles et créatives ;

- Le troisième axe marque notre volonté de lutter contre toutes les formes d’exclusion sociale. La culture a un rôle majeur à jouer dans ce domaine. A ce titre, je tiens à rappeler que la culture et le patrimoine ne sont pas, et ne doivent pas être, la chasse gardée des intellectuels, des milieux aisés et des citadins. Nous avons donc un rôle majeur à jouer avec nos partenaires pour continuer d’œuvrer dans ce sens. Je vous rappelle qu’en 2011, près de 2 personnes sur 3 ont visité une exposition, un musée ou un monument, et que 57% des employés, 44% des ouvriers à bas revenus, et 42% des non diplômés ont fréquenté des sites du patrimoine. Sociologiquement, une telle proportion vient contrecarrer le regard porté bien souvent sur les pratiques culturelles et les loisirs.

La création, l’émergence, la qualité artistique, l’innovation sociale, la diversité des citoyens, des esthétiques et des territoires sont autant d’éléments pris en compte dans ce budget.

Pour conclure, je citerai Madame la Ministre Aurélie Filipetti (en septembre 2012) : « la culture et le patrimoine sont le disque dur de la politique, du point de vue de la citoyenneté et de l’économie ».

Merci de votre attention.

Annexe : retrouver l'ensemble des discours de Nicole sur les usages numériques, le domaine royal de Randan, et le Service Régional de l'Inventaire.