Premier constat, les membres de cette association, qui se présentent comme des experts de l’éolien – ce qui leur octroie le droit de juger l’éolien en toute objectivité bien évidemment - ne connaissent pas si bien le sujet finalement, ses acteurs, son cadre réglementaire. Et visiblement, ce ne sont pas un entretien et une mise au point de plus d’1h30 qui auront changé la donne…

En effet, ils reprochent à Lionel Roucan et à la Région de se limiter à « des ZDE socialement acceptables », alors que les zones de développement de l’éolien (ZDE) sont de la responsabilité de l’Etat.

Un schéma régional des ZDE sous la responsabilité de la Région – cherchez l’erreur - serait également en élaboration ; nous sommes ravis de l’apprendre car nous n’étions pas au courant ! Ce qui incombe à la Région, c’est bien la co-élaboration d’un schéma régional éolien, identifiant les zones auvergnates à l’intérieur desquelles des ZDE pourraient – la sémantique est importante - être proposées par les collectivités, en vue d’y envisager l’installation d’éoliennes qui bénéficieront d’un tarif d’achat garanti par l’Etat. Ce n’est pas exactement la même chose ! Une zone définie comme favorable à l’éolien par le schéma, ne verra donc pas forcément l’éclosion d’une ZDE.

Les populations seraient également la dernière roue du carrosse dans ce schéma. A priori, les échelles cartographiques sont étrangères aux membres de cette association. Avec une échelle de 1/500 000, il est effectivement difficile de repérer les 180 habitants de la commune d’Ally ! Le schéma régional définit les grandes zones favorables à l’éolien, mais c’est ensuite aux collectivités et à l’Etat d’approfondir plus finement les particularités du territoire : les sites remarquables, les zones protégées, les habitations, …

Enfin, voilà le comble, L.Roucan est sermonné parce qu’il respecte la loi ! Est-il utile de réagir à ce genre de propos ?!

Deuxième constat, les experts d’AMPV apprécient tout particulièrement les raccourcis et s’adonnent à une désinformation du public bien huilée !

Tout d’abord, les écologistes et L.Roucan notamment, sont favorables à l’éolien « parce qu’ils s’opposent au nucléaire bien sûr ». Inversement, les membres de l’association AMPV estiment l’éolien « totalement insignifiant ».

Les « vilains écologistes » souhaiteraient remplacer le nucléaire par la « somme de différents modes de production ». Les membres d’AMPV oublient malgré tout que les énergies renouvelables sont la cerise sur le gâteau d’une société sobre et efficace pour laquelle nous oeuvrons, une société négaWatt visant l’autonomie énergétique, la résilience, un « chemin de non-regret * » face au double défi énergétique, climatique, et à l’épée de Damoclès d’un nouvel accident nucléaire. Voilà bien le fond des propos de Lionel Roucan, lorsqu’il affirme que « l’écologie, c’est de l’économie ». De là à extrapoler, qu’il cautionne le libéralisme financier et l’économie de marché à outrance, il y a un grand fossé !

Alors oui, l’écologiste est aussi pragmatique, il a bien conscience du monde dans lequel il vit, et le fait que des éoliennes espagnoles soient installées en Allemagne, ne le surprends pas ! Le fait qu’un parc éolien soit rentable en partie grâce aux tarifs de rachat, ne le choque pas non plus dans la mesure où le nucléaire est rentable parce qu’il monopolise depuis 40 ans les financements publics et que son coût social et environnemental n’est pas pris en compte.

Il est également réaliste lorsqu’il affirme qu’un parc éolien ne crée pas toujours d’emplois locaux, selon le gestionnaire du site, et qu’il convient justement d’être vigilant dans les appels d’offre pour s’assurer de s’attacher les services d’entreprises vertueuses pour l’économie et l’emploi local. Les promoteurs industriels, quelle que soit la filière, ne sont pas toujours des philanthropes ; le comprendre, le prendre en compte dans notre réflexion, est apparemment un crime de lèse-majesté pour l’association AMPV.

Enfin, tant qu’à faire de la désinformation, autant le faire complètement, et dans ce domaine là, l’association AMPV excelle : « Roucan nous dit que pour I’année 2010 la production du parc d’Ally s’élèverait à 176MW. Or, ce n’est pas le bon chiffre. Après plusieurs appels téléphoniques, nous avons compris qu’il ne connaissait pas la production annuelle d’Ally. » Le chiffre « 176MW » correspond en réalité à la puissance installée d’énergie éolienne en Auvergne, la Région ayant pour ambition d’atteindre 800MW en 2020. L’usage des chiffres est un exercice complexe, nous mettrons cette erreur d’appréciation sur ce compte là…

Enfin, troisième et dernier constat, plus connu celui-ci. L’anti-éolien manque souvent d’argument(s) pour exprimer son rejet inconditionné du renouvelable.

Les lignes HT et THT ne le gênent pas dans le paysage parce qu’ « elles sont de couleur sombre » à l’inverse des éoliennes. Mais quand on lui demande si les éoliennes étaient sombres elles aussi, accepterait-il pour autant l’installation d’éolienne, il fait grise mine et préfère s’esquiver en posant une autre question censée chatouiller l’écologiste : « et les centaines d’oiseaux tués par les pâles ? Les bancs de poissons déplacés par les éoliennes en mer causant la fermeture de ports entiers ? Et la sécurité des riverains avec les glaçons qui tombent des pâles, qu’en dites-vous ? ». Là encore, tout est question d’échelle, de vérité scientifique aussi, mais pour l’association AMPV, il n’est pas question de comparer les risques de l’éolien, des énergies fossiles, et du nucléaire. Pas de parallèle non plus avec les risques encourus par la multiplication des autoroutes.

A en croire l’association AMPV, les éoliennes ne tournent presque jamais en Auvergne, elles font baisser le tourisme, l’attractivité du territoire, les études de bruit sont effectuées quand les éoliennes ne tournent pas, les promoteurs complotent avec les communes pour se faire de l’argent sur le dos des citoyens… bref, le mal est partout ! Soyez vigilants !