La droite, c’est l’estocade portée au système des retraites, un pouvoir d’achat des ménages en recul, 6 millions d’ayants droits aux minima sociaux en 2011, et en filigrane des inégalités qui se creusent toujours un peu plus.

C’est une République opaque, autocratique, où la séparation des pouvoirs n’est plus qu’un principe constitutionnel poussiéreux.

Enfin, c’est un Grenelle de l’environnement qui accouche d’une souris, une politique de faux semblant à l’égard des énergies renouvelables au profit d’un monde nucléaire périlleux, l’autorisation des gaz de schiste en catimini, la régression de la part du fret, et la construction acharnée de plus de 1 000 km de réseaux routiers et autoroutiers.

Malheureusement, cette liste est loin d’être exhaustive, mais une chose est sûre mes chers collègues, il est temps que ça change !

La sagesse de Patrick Viveret l’amène à écrire la chose suivante : « Nous sommes entrés dans une situation d’urgence démocratique. La logique financière ne supporte plus deux caractéristiques majeures de la démocratie : le temps d’une part, la pluralité et la divergence des orientations de l’autre ».

Paul Krugman, Nobel de l’économie 2008, corrobore largement ces propos. Pour lui, la généralisation des programmes d’austérité est l’équivalent des sacrifices humains chez les Mayas. Nous sommes dominés par un socle de croyance et de crédulités conduisant à penser que, face aux dieux des marchés financiers, nous n’avons d’autres choix que les rassurer avec des sacrifices.

Cette politique est inefficace, chaque plan d’austérité implique plus de chômage, d’inégalités, moins de service public, moins de richesses réelles et humaines. Mais on nous explique, non sans pédagogie infantilisante, que cette inefficacité est liée au fait que nous ne sommes pas allés assez loin dans le sacrifice !

Aller au bout de cette ineptie, c’est pourtant mettre en cause la démocratie et la paix, et renoncer au bien commun, aux investissements lourds, de long terme, sans rentabilité immédiate. C’est renoncer à la transformation écologique et sociale de nos sociétés. Un énième sacrifice que les écologistes n’accepteront pas plus que les précédents !

Le budget 2012 de la Région Auvergne s’inscrit dans ce contexte, un contexte où l’Etat étrangle les Régions et les collectivités locales, privant ainsi l’Auvergne de 30 M€ pour 2012.

Des recettes conséquentes qui auraient pu, qui auraient dû servir, Monsieur le Président, à financer des priorités régionales qui semblent avoir été omises dans le budget virtuel.

Certes, nous vous suivons en ce qui concerne les travaux des lycées, la formation professionnelle et l’apprentissage. Mais considérez-vous sincèrement que les besoins financiers liés aux infrastructures ferroviaires, à la culture, à l’économie sociale et solidaire, aux problématiques inhérentes à l’environnement et au développement durable sont satisfaits ? Pensez-vous tout simplement que le plus urgent est d’intervenir sur le programme Auvergne Nouveau Monde ? Vous comprendrez aisément que nous sommes forcément déçus par les résultats de cet exercice pourtant fort intéressant.

Un projet de budget nécessite le débat et la recherche de compromis acceptables. En ce sens, nous ne pouvons pas cautionner la construction de ce budget virtuel. Mais rassurez-vous, nous voterons le budget 2012 réel !

La première faiblesse de ce budget concerne le domaine des Transports.

Les dépenses de fonctionnement du TER dérapent. La Région y consacrera le tiers du budget dédié au TER, alors que les réformes de la taxe professionnelle et du régime des retraites des agents de la SNCF étaient censées ne rien coûter aux Régions. L’Etat se moque de nous sur ces dossiers !

Le dernier magazine régional avance un chiffre de 120M€ pour la mise en œuvre du futur Plan Rail. Notre groupe se pose la question de la provenance d’un tel chiffre. Jamais ce montant n’a été avancé en commission. De plus, cette somme est absolument insuffisante pour maintenir le réseau existant et a fortiori pour ouvrir de nouvelles lignes ! Nous demandons des explications sur ce sujet.

La seconde faiblesse concerne les politiques économiques et d’innovation de la Région.

Nous en avons enfin terminé avec le FRAE, et nous nous en réjouissons. Mais nous ne souhaitons pas aujourd’hui nous retrouver dans une nouvelle ère incertaine, incontrôlable avec les nouveaux dispositifs, le FIAD et le Bouquet de Services en particulier.

Sur le FIAD, malgré les finalités largement communiquées lors de la période de souscription pour convaincre les épargnants, nous n’y trouvons pas complètement notre compte : alors que les TPE et les PME étaient censées être au centre du dispositif, de même que le développement durable, les garanties que ce sera réalisé ne sont pas là aujourd’hui, et nous le déplorons.

Quant à l’innovation, c’est trop souvent la tarte à la crème de nos programmes, et nous souhaiterions voir préciser cette notion : si on arrive à faire des œufs carrés un jour, qu'est-ce que cela apportera aux Auvergnats ? Les critères d’utilité sociale et territoriale des produits et des services sont pour nous un paramètre essentiel de nos aides, et j’y ajouterais le soutien aux entreprises auvergnates indépendantes des grands groupes.

Sur le bouquet de services, nous regrettons l’absence de critères précis, de taux et de plafonds d’intervention, auxquels il faut ajouter l’absence d’ambition en matière de développement durable.

Nous espérons que nous parviendrons à faire évoluer ensemble ces dispositifs dans le bon sens, celui du pragmatisme, de la cohérence politique et de la durabilité.

En ce qui concerne l’action 2011 et le budget 2012, nous soulignons aujourd’hui plusieurs points de satisfaction :

Sur l’environnement et le développement durable tout d’abord, nous nous félicitons :

Premièrement, du maintien des crédits dédiés aux Parcs Naturels Régionaux en 2012 et des progrès obtenus en 2011. La révision de la Charte du PNR des Volcans d’Auvergne a permis d’aboutir à des avancées notables, parmi lesquelles l’instauration d’un plan de gestion global par site remarquable, et des limitations strictes pour l’usage des canons à neige. Pour le projet de PNR des Gorges du Haut Allier Margeride, l’année 2011 n’a pas été une année de tout repos, avec notamment la création du comité de rédaction de la Charte, l’avancement du diagnostic territorial, et la préparation de l’avis d’opportunité des rapporteurs. Les PNR, comme les projets de réserves naturelles régionales sont une chance pour notre Région. Il faudra continuer de garder cet état d’esprit à l’avenir !

Deuxième point de satisfaction, le financement de 8 contrats territoriaux en partenariat avec l’Agence de l’eau Loire - Bretagne, et l’élaboration en cours de plus de 10 SAGE en Auvergne. Ainsi, nous finançons et nous financerons dans la majorité des cas, le montage, la réalisation et l’animation de ces outils, en faveur d’une politique ambitieuse et durable de lutte contre la pollution de l’eau. Nous tenons d’ailleurs à vous rappeler qu’il faudra être vigilants l’année prochaine, face aux intentions du gouvernement et de nos camarades FNSEA (pardon UPA) de multiplier les retenues collinaires. 40 millions de mètres cubes de retenues d’eau supplémentaires sont au programme du gouvernement pour les 5 ans à venir, ce n’est pas acceptable !

Troisième point de satisfaction, le maintien du classement de la Couze Pavin, mettant un terme aux projets anecdotiques de microcentrales hydrauliques qui auraient détruit durablement les vallées, sous prétexte de produire quelques kw d’électricité.

Quatrième point de satisfaction, les objectifs et les orientations transversales et sectorielles du SRCAE, ainsi que la rédaction du Schéma régional éolien. Lionel Roucan aura l’occasion d’approfondir ces questions davantage, mais soulignons d’ores et déjà les ambitions affichées par la Région, au terme d’un exercice complexe de concertation, durant lequel il a parfois fallu se battre contre l’Etat. Le SRCAE et le Schéma régional éolien doivent engager l’Auvergne dans une véritable transformation écologique du territoire. Pour 2020, ces documents prévoient notamment de réduire les émissions de GES et les consommations d’énergie de plus de 20%, et de produire plus de 30% de nos besoins énergétiques à partir d’énergies renouvelables. Ainsi, quand la France et l’Europe peinent à s’engager depuis des années sur le 3 X 20, la Région Auvergne parvient à s’engager en quelques mois sur des propositions plus ambitieuses ! Il convient d’avoir bien à l’esprit que ces objectifs sont une merveilleuse opportunité pour la Région de développer des emplois verts et non délocalisables, des entreprises et des industries d’avenir, une agriculture biologique et de qualité. Loin d’être des fardeaux, ces engagements permettront au contraire à l’Auvergne d’améliorer son image et son attractivité.

Concernant la Culture et le budget 2012, nous nous félicitons en quelques mots :

- du maintien de l’engagement financier de la Région envers le spectacle vivant et les projets culturels de pays ;

- de la hausse des budgets dédiés à l’Orchestre d’Auvergne, au FRAC, à l’éducation et l’accompagnement artistiques ;

La Culture est un enjeu public. Elle est l’affaire de tous. C’est un enjeu de société fondamental de notre vivre ensemble. Les choix budgétaires et les orientations de la politique culturelle régionale permettent d’aller en ce sens, et c’est tant mieux !

Je vous remercie.