Claude-Marie Vadrot (chroniqueur de Politis, nous en dit plus sur son blog http://horreurecologique.blogspot.com/) :

Dés l’année prochaine, des camions de 25 mètres (25, 25 exactement) de long pourront emprunter les routes et les autoroutes françaises. Il s’agit de l’une des concessions faite aux Suédois lors du récent voyage à Stockholm du président Nicolas Sarkozy. L’initiative est également appuyée par les Finlandais qui, comme les Suédois, admettent déjà la présence de ces super-transporteurs routiers et aussi par les Danois. Avec la bénédiction de l’Allemagne qui construit déjà ces monstres routiers et veut l’imposer aux autres pays.

Ces camions qui seront donc 30 % plus longs que les engins déjà autorisés, pourront transporter jusqu’à 50 tonnes de fret. Ceci malgré l’opposition, très molle à vrai dire, du Commissaire européen aux Transports, Antonio Tajani nommé récemment à cette fonction par José-Manuel Barroso à la demande de Silvio Berlusconi.

De discrets essais sont en cours dans la Région Auvergne et ces monstres bénéficient déjà de dérogations dans les zones portuaires où des sont autorisés à porter des charges de 45 tonnes pour transférer des containers. Officiellement, il s’agit de « diminuer le nombre des camions » mais le lobby du transport routier à l'oeuvre sur ce sujet depuis plusieurs années, vise à mettre le rail hors-jeu, la Commission encourageant, sous couvert de concurrence ouverte, la fermeture des lignes de chemin de fer dans toute l’Union Européenne ; à commencer par celles des anciens pays de l’Est. Là où les chauffeurs coûtent beaucoup moins cher comme l’ont découvert depuis longtemps, les entreprises de transports française, anglaise, italienne et allemande.

Le résultat de cette nouvelle déréglementation pourrait, c’est l’objectif recherché, entraîner au cours des premières années, une diminution de 20 % du trafic-rail au profit de la route : la France des routes et des autoroutes sera encore plus sillonnée de camions, au risque évident de contribuer à la pollution et au réchauffement climatique, ces engins ne roulant pas à l’eau claire et les premières études montrant qu’à la tonne, il consomme encore plus de gazole. Le ferroutage, qui reste une promesse sans cesse renouvelée parce que non tenue, ne pourra pas prendre ces monstres en charge. Une conséquence parfaitement contraire aux objectifs du Grenelle de l’environnement comme le font remarquer les responsables de France-Nature-Environnement qui ajoutent que les parcours de ces camions seront allongés en attendant que de nombreux aménagements routiers, comme les ronds-points, devront être modifiés. Ce qui entraînera des coûts supplémentaires pour les collectivités territoriales. Sans compter, évidemment, un dégagement plus important de gaz à effet de serre. Et les accidents.

Il suffit enfin de lire chaque jour les dépêches de l’Agence France Presse ou d’écouter les informations de circulation pour s’apercevoir que les camions sont déjà de plus en plus impliqués dans les accidents quotidiens de la route. Mais ce n’est pas grave puisque l’on sait que les accidents de la route contribuent à faire croître le PIB.

Vendredi 10 juillet 2009 - Claude-Marie Vadrot