Destruction ou ambition pour l’éducation ?

Que le député Grosperrin félicite le Président Sarkozy pour son discours aux enseignants ne surprendra personne. La question est plutôt de savoir quel est le projet défendu au moment où le recteur d’Académie de Franche-Comté annonce 154 postes supprimés dans nos écoles à la rentrée sur les 5 700 postes supprimés en France qui font que 70000 postes ont été supprimés en 5 ans ! Et parmi les 154 postes, 34 postes de destinés aux enfants les plus en difficultés (RASED) et 29 postes d’intervenants en langue.

Dans le rapport parlementaire que le député a présenté à l’Assemblée nationale Monsieur Grosperrin a bien été obligé de faire état de l’échec de la réforme de la formation des enseignants, évoquant le caractère précipité de sa mise en place (la méthode Sarkozy !) et l’effet désastreux de la suppression de 16 000 postes correspondant à l’année de stage.

Comment peut-on sérieusement parler « d’innovation et de courage » et croire que l’on peut tout dire et son contraire sans que les citoyens s’en aperçoivent ?

Notre pays mérite un projet éducatif ambitieux, respectueux des difficultés comme des atouts de chacun de nos enfants.

Il est grand temps de sortir d’un système uniformisé qui n’arrive plus à prendre en compte la diversité des problèmes, à mettre en valeurs les qualités de chacun, et qui écarte les plus faibles dès le plus jeune âge. Il faut affirmer que chacun doit être pris en compte avec ses spécificités pour tirer tous les enfants « vers le haut ».

Nous ne pouvons accepter que la moitié des enfants des familles défavorisées soient en retard en sixième, ni qu’à 17 ans, 20 % des enfants, pour la plupart issus des familles les plus pauvres aient arrêté leurs études.
C’est le moment de réunir l’ensemble des acteurs éducatifs pour construire un nouveau projet. Une grande concertation doit être menée dès 2012 avec les personnels de l’éducation, les parents et les partenaires de l’école.

L’objectif est clair : l’éducation doit redevenir une priorité nationale.

  • elle doit rompre avec l’obsession de la performance et du résultat pour porter attention à chacun de nos enfants, personnaliser l’enseignement et assurer leur réussite,
  • elle doit adapter les rythmes scolaires d’abord à la physiologie des enfants et des jeunes et donc aux rythmes quotidiens, hebdomadaires et saisonniers,
  • elle doit mettre en cohérence le primaire et le secondaire pour scolariser les enfants de 6 à 16 ans, sans sélection ni orientation,
  • elle doit ne laisser aucun jeune de 16 à 25 ans sans solution,
  • elle doit garantir aux enseignants leur formation, leu apprentissage et la maîtrise de leur métier.

 

Éric ALAUZET