Réponse à un français d’Israël

Bonjour,

Vous avez envoyé une lettre à destination des électeurs français vivant en Israël – ou pour être plus précis, puisque nous constituons la majorité des électeurs de cette circonscription, des Israélo-français vivant en Israël.

Je n’ai malheureusement trouvé dans votre lettre aucune réflexion qui puisse nous toucher, alors qu’un élu est avant tout l’ambassadeur de ses électeurs.

N’avez-vous donc rien de spécifique à nous dire?

Les relations Israel-France, voyage des élus.

Votre analyse sur l’hostilité des médias français envers Israël, dont l’affaire AL-DURA?

Tous les problèmes rencontrés par les binationaux, notamment ceux de Jérusalem.

Relations professionnelles, reconnaissance des diplômes.

Sécurité sociale, défiscalisation.

Et à quoi bon de parler de relations universitaires si les mouvements de boycott anti-israéliens continuent de s’affirmer en France et en Europe?

Voulez-vous venir en Israël nous rencontrer (comme d’autres élus qui ont aussi chanté notre hymne national)?

Dans l’attente de votre réponse que je ne manquerai pas de publier, veuillez recevoir, Madame, Monsieur les candidats, mes meilleures salutations.

 

 

Bonjour,

Je sais bien que les électeurs français vivant en Israël sont la majorité des électeurs de la circonscription.

Je m’adresse à eux autant qu’aux autres et serais très fier si ils m’accordaient leur confiance.

Par contre je ne fais pas campagne, comme vous l’avez observé, sur les questions spéciques qui concernent les pays où nous vivons, même si, étant moi-même bi-national, je sais à quel point elles préoccupent chacun d’entre nous.

En effet ces élections ont quelque chose de spécial, que peu de candidats ont souligné.

Un redécoupage de notre circonscription aura lieu avant les prochaines élections.

La prochaine fois il y aura un député élu pour Israël, alors que les français des autres pays seront rattachés à un nouvel ensemble.

Il sera alors très important d’axer ces élections sur les questions concernant Israël.

Par contre, ce que je trouve intéressant cette fois-ci, c’est de saisir une chance que nous n’aurons plus: promouvoir tout ce qui nous rassemble, développer la compréhension mutuelle de nos différences et nous enrichir et enrichir la France de notre diversité.

Et elle est grande: culturelle, religieuse et historique. Elle regroupe Jérusalem avec Rome, Athènes et Istanbul: 4 villes symboles, qui appartiennent avant tout à ceux qui y habitent, mais qui font partie de notre histoire et culture commune, à nous, habitants de cette région,  et qui sont aussi une source d’inspiration pour toute la France et au-delà.

Je suis fasciné par cette richesse et c’est celle là dont je voudrais être l’ambassadeur.  Voilà en effet comment je vois la mission de député: résoudre les problèmes communs que nous avons, mais aussi écouter les différents points de vue sur les réalités de nos pays de résidence, les expliquer, sans parti pris,  en France, œuvrer pour les rapprocher.

Étant aussi Grec, j’ai vu mon pays trainé dans la boue par une partie de la presse française, à l’occasion de la crise dans ce pays.

Vous pouvez facilement imaginer comment je comprends votre indignation quand cela arrive en ce qui concerne Israël.

Mais vous savez, que dans un pays démocratique, comme la France (et comme Israël l’est aussi), le rôle des politiques n’est pas de censurer la presse (comme la dictature des colonels l’a fait, il y a heureusement longtemps, en Grèce). Leur rôle est de la convaincre. C’est, comme dit plus haut, mon engagement de faire ce travail, si je suis votre député: écouter les différents points de vue sur les réalités de nos pays de résidence, les expliquer, sans parti pris,  en France (et bien entendu dans la presse).

Binational et ayant vécu dans d’autres pays, je peux vous résumer ainsi mon expérience: si vous êtes franco-grec au Cameroun, tous les français vous considèrent comme français; si vous êtes franco-grec en Grèce, beaucoup ne voient en vous qu’un Grec.

Vous pouvez deviner, après cela, à quel point je peux comprendre et partager les difficultés et vexations que les bi-nationaux de Jérusalem rencontrent et pourquoi je peux être à leur côté.

Enfin, naturellement je souhaite venir vous rencontrer en Israël: pour vous écouter et vous comprendre, conditions nécessaires pour vous représenter.

Par contre je ne chanterai, comme candidat à la députation en France, que la Marseillaise; ni l’hymne grec, ni l’hymne israélien.

A titre personnel cependant je serai ravi d’apprendre l’hymne israélien et de vous apprendre l’hymne grec: ce sera, je suis sûr, mutuellement intéressant.

Par ces lignes je veux avant tout vous démontrer à quel point nous sommes proches, malgré nos différences.

Je ne serai pas franco-israélien, pas plus que vous ne deviendrez franco-grec, mais la France peut nous rapprocher (même sur les points qu’on peut lui reprocher).

Veuillez recevoir, Monsieur, mes meilleures salutations

Athanase CONTARGYRIS