Vendredi 18 septembre, à Nantes, s’est lancée la campagne d’EELV en Pays de la Loire pour les élections régionales des 6 et 13 décembre prochains. Découvrez ci-dessous l’intégralité du discours de Sophie Bringuy, tête de liste régionale pour les Pays de la Loire.
« Je voudrais d’abord remercier quelqu’un : quelqu’un qui nous donne beaucoup mais qu’on oublie souvent. Ce quelqu’un, c’est la NATURE, celle dont nous faisons partie, celle qui était déjà là avant nous. Voilà un chiffre frappant : 145 millions de millions de dollars ! 2 fois le Produit Intérieur Brut mondial. C’est l’évaluation du montant des services rendus par la nature à l’humanité – évaluation faite par les économistes de la Banque mondiale – 145 millions de millions d’euros. Quelle générosité !
J’ai bien sûr une pensée pour Dany COHN BENDIT qui a lancé dans cette salle la formidable dynamique «Europe Ecologie» en 2009. C’est une grande joie aussi de partager cette scène avec des personnalités comme Yannick JADOT, René LOUAIL ou encore Emmanuelle COSSE, qui symbolisent le souffle qui nous inspire aujourd’hui. Enfin c’est une fierté d’être là avec Pascale CHIRON, Jean-Philippe MAGNEN ou Ronan DANTEC, qui incarnent le socle sur lequel les rassemblements de 2009 et de 2010 se sont bâtis.
Une rencontre décisive
Je suis entrée en politique en 2009. Après plusieurs mois de valse-hésitation. En effet, quand Les Verts – pour être précise, Jean-Christophe GAVALLET, m’ont sollicitée pour être candidate : j’ai d’abord refusé, ensuite j’ai hésité, et puis j’ai finalement accepté, pour rendre service, malgré quelques doutes.
Mais la vie nous envoie des signes et parmi ces signes il y a des rencontres qui sont parfois décisives : c’est mon cas puisque c’est une rencontre qui m’a permis de transformer mon doute en conviction. Une rencontre déterminante dans un lieu banal. Pour moi tout s’est joué quand j’ai rencontré Jean-Philippe sur le parvis de la gare du Mans. Je fais partie de ces personnes qui fonctionnent à l’instinct : mes voyants étaient au Vert ! Et là, oui, vraiment, j’ai eu envie de faire campagne pour lui, avec lui. Depuis je n’ai jamais regretté cette décision. Je connais Jean-Philippe depuis maintenant six ans. Nous en avons vécu des aventures ! Tu as toujours été là, tu m’as soutenue, parfois protégée. Je tiens ce soir à te remercier pour l’inspiration que tu continues à me donner, pour ta loyauté aussi, pour ton authenticité.
Ce qui nous réunis ce soir :
Deux raisons essentielles.
1ère raison : Parce que les enjeux de notre époque exigent un engagement total. Il y a urgence à agir et nous devons, à la veille de la Conférence mondiale sur le climat, montrer que l’écologie apporte des solutions.
- Des solutions qui ne peuvent qu’émaner de nos territoires,
- des solutions que nous avons déjà commencé à mettre en œuvre, à expérimenter, et qu’il faut maintenant porter à une autre d’échelle.
2ème raison : Je suis là aussi pour vous toutes et tous. Parce que nous partageons la même envie. L’envie de faire campagne, de défendre notre projet de société :
- un projet pour un monde meilleur,
- un projet où chacun et chacune trouve sa juste place, un projet où l’humain et la nature sont réconciliés.
Et je n’oublie jamais qu’ « En politique, on est là pour servir, pas pour se servir ».
Aujourd’hui nous sommes face à deux constats implacables !
Le nombre de pauvres ne cesse d’augmenter sur notre planète, les inégalités s’accroissent. Face à cette réalité, certains répondent « libéralisation », d’autres rétorquent « régulation ». La plupart entonnent « produire plus, consommer plus ».
Nous, écologistes, nous avons conscience que la planète a ses limites. Que si elle est généreuse, elle ne peut pas donner plus que ce qu’elle a. Et même si elle pouvait supporter un productivisme effréné, nous savons qu’aujourd’hui, les bénéfices de la production ne seraient reversés qu’à une minorité.
Nous écologistes, nous ne sommes pas résignés : nous n’acceptons pas le modèle actuel qui génère de profondes inégalités sociales, sanitaires, environnementales, alimentaires… Certains ont cru pendant longtemps, d’autres croient encore aujourd’hui, que la justice sociale viendrait du productivisme, que plus le gâteau serait gros, plus il y aurait de miettes à redistribuer. C’est faux ! Ce qui est vrai c’est la réalité de l’humanité, notre réalité – celle de la finitude de la Planète et celle de l’accroissement des inégalités sociales.
Notre projet
Nous ne sommes pas condamnés à subir, nous avons le choix : nous voulons agir encore et encore pour changer de modèle :
- En portant un projet de société fondé sur le partage.
- En reliant justice sociale et justice environnementale.
Oui c’est vrai : nous osons imaginer un monde où chacun et chacune vive dans la dignité, dans une sobriété heureuse et désirable. Je vous rappelle qu’Oxfam estime qu’en 2016, les 1 % les plus favorisés de la planète posséderont un patrimoine supérieur à celui des 99 % restants. Nous, nous imaginons un monde où 100% des richesses est équitablement partagé entre 100% des habitants et habitantes de la Planète.
Oui, l’écologie est profondément sociale. La loi débridée du marché n’a jamais été l’amie de l’écologie comme elle n’a jamais été l’amie de notre santé, ni l’amie des questions de société et encore moins de la citoyenneté.
- On ne peut pas être écologiste et soutenir la loi Macron.
- On ne peut pas être écologiste et s’accommoder du pacte de compétitivité.
- On ne peut pas être écologiste et fermer les yeux sur les scandaleux traités transatlantiques.
Notre projet est fondé sur le partage. Nous devons le porter avec conviction et passion ! A travers nos propositions concrètes, montrons qu’un autre modèle de développement est possible, qu’il est souhaitable, que les solutions existent déjà.
Nous voulons partager une meilleure qualité de vie. La région doit agir pour soutenir une agriculture de qualité, tournée vers la Bio, pour que nous mangions sain. Elle gère aujourd’hui le second pilier de la Politique Agricole Commune, elle dispose du levier de la commande publique, elle accompagne les projets de territoires.
La question de l’agriculture et de l’alimentation sera au coeur de cette campagne. Parce qu’il y est question de ce que nous mangeons, de l’air que nous respirons et de l’eau que nous buvons, car il est question aussi des visages de nos campagnes et des nombreux emplois qui peuvent y être créés.
Portons un projet pour partager une économie respectueuse et créatrice d’emplois durables, ancrés sur nos territoires. Une économie fonctionnelle, collaborative, circulaire, renouvelable, sociale et solidaire. Soutenons les monnaies locales pour dynamiser ces alternatives.
Portons un projet pour partager nos savoirs, car ils sont essentiels pour une transition génératrice d’épanouissement personnel et qui créée des emplois. Chacun – chacune doit avoir accès aux savoirs, savoir-faire et outils…
Notre projet, il implique aussi de partager sur nos territoires & l’équité territoriale. Que chacun et chacune, vivant en ville ou à la campagne, aient accès à des services de proximité et de mobilité, à des solutions de transport alternatives au tout-voiture.
Portons un projet pour partager avec le monde. Le monde près de chez nous, en soutenant la création dans ses formes plurielles et la diffusion culturelle dans tous les territoires, et aussi en luttant contre toutes les discriminations.
Partager avec le monde, c’est aussi accueillir celles et ceux qui aujourd’hui fuient leurs pays. Ils viennent d’Afrique ou d’Asie, de Syrie, d’Irak, d’Afghanistan, de Tchétchénie, d’Erythrée, de Libye ou de Somalie… pour construire un avenir meilleur, pour survivre, tour simplement. Je veux que les Pays de la Loire deviennent région « Refuge ».
Le choc généré par la diffusion de la photo d’Aylan a libéré une parole politique trop longtemps retenue. Alors que les associations et certains élus se mobilisent depuis des années dans les villes et à la campagne, leur combat pour les migrants restait à peine audible. Ce basculement nous montre la puissance de la parole politique, une parole qui quand elle met en débat la complexité de notre monde permet que la conscience collective s’élève.
Partager avec le monde, c’est permettre à chacun et chacune de vivre dignement. Et c’est pour cela que nous ferons campagne : pour l’expérimentation du revenu de base universel en région. A l’heure où notre Gouvernement œuvre pour la remise en cause des droits sociaux, notre responsabilité n’est pas seulement de dénoncer les renoncements, mais aussi de défendre un droit à une vie digne.
Les décideurs politiques aujourd’hui disent ce qu’ils croient que les gens veulent ou sont prêts à entendre, alors qu’ils devraient plutôt parler : du souhaitable, de l’intérêt général, du bien commun, et avoir le courage de le mettre en débat.
Le plus grand parti de France est celui de l’abstention.
- Et si au lieu d’accaparer le pouvoir, les responsables politiques le partageaient ?
- Et si l’humain était remis au cœur des décisions, au lieu d’être une simple variable d’ajustement ?
Notre campagne des régionales !
Pendant les prochaines semaines, je veux que nous semions les graines de la transition. Pas une transition lointaine et inaccessible. Non : nous voulons une transition à la portée de chacun et chacune. Nous devons consacrer notre énergie toute entière à être créatifs et à ouvrir les imaginaires. C’est de notre responsabilité, c’est notre devoir.
Je veux que nous fassions une campagne dédiée à l’écologie des solutions, celle qui donne envie de changer. Mais je refuse de mettre sous le tapis les sujets qui fâchent ! Ce soir, je n’en citerai qu’un : Notre-Dame-des-Landes.
- Parce que si le nouvel aéroport se réalisait, ce serait une catastrophe environnementale.
- Parce que ce projet est devenu un symbole national & international : le symbole du non-sens du modèle actuel, le symbole d’une vision à court-terme au bénéfice de quelques-uns.
Je veux que les choses soient claires entre nous : si vous croyez que Franck Nicolon, Christelle Cardet, Maël Rannou, Lucie Etonno et moi-même portons cette campagne, pour brader nos convictions pour des postes de conseillers régionaux ? Vous vous trompez !
Notre projet est sans ambigüité : il portera une alternative crédible et souhaitable au projet de nouvel aéroport à Notre-Dame-des-Landes. Nous devons obtenir la remise à plat du dossier, en mettant en débat ce qui a été confisqué aux citoyens et citoyennes il y a plus d’une quinzaine d’années :
La possibilité d’optimiser l’aéroport actuel de Nantes Atlantique.
- soit nous parvenons à cette avancée décisive, ce que nous souhaitons ;
- soit nous n’y parvenons pas, et alors, nous refuserons de signer un accord de majorité dans lequel le lancement de l’étude d’optimisation de Nantes Atlantique dès 2016 ne serait pas inscrit.
Cette exigence de remise à plat est plus que jamais légitime, car nous savons aujourd’hui, grâce au formidable travail de l’Atelier Citoyen, que la réalisation du nouvel aéroport coûterait au moins 7 fois plus cher que l’optimisation de l’existant. Il est hors de question de tromper celles et ceux qui comptent sur nous dans la lutte contre ce projet socialement et économiquement inutile, destructeur et coûteux.
Autre chose doit être clair entre nous : oui, nous irons jusqu’au bout pour défendre nos convictions. Et parmi ces convictions, il y a celle que des élu-e-s écologistes doivent être en responsabilités. Parmi ces convictions, il y a celle que si Bruno Retailleau devenait président de la Région, il détricoterait le travail réalisé depuis plus de dix ans.
Si notre pari d’une alliance « rose-verte » au Gouvernement a pour l’heure échoué, nous avons un bilan à défendre. Depuis 2004 en responsabilités au Conseil Régional des Pays de La Loire. Les écologistes ont marqué de leurs empreintes des actions politiques concrètes :
Aujourd’hui, ce sont 20% de produits biologiques, certifiés et sans OGM que nos jeunes mangent dans les établissements gérés par la Région.
Depuis 2010, plus de 10 000 dossiers d’aides aux particuliers pour la rénovation énergétique ont été traités, soit 50 millions d’euros.
Depuis 2005, plus de 1 800 opérations visant l’amélioration de la qualité de l’eau et des milieux aquatiques ont été menées, pour 31,5 millions de subventions régionales.
Plus de 22 000 stagiaires auront bénéficié du service public régional de la formation professionnelle continue.
Il y a aussi la signature en 2012 d’un partenariat interrégional avec le Gouvernorat de Gafsa, l’inscription de la clause d’insertion dans la Charte régionale de la commande publique durable, la nouvelle structuration de l’Etablissement Public de Coopération Culturelle Bretagne – Pays de la Loire créé en 2013, l’ouverture de la première formation en biodynamie dans notre Région en 2014…
Soyons fiers de nos réussites et donnons-nous la possibilité de poursuivre ce travail. Les enjeux l’exigent.
Notre Région s’est engagée depuis 2011 dans la lutte contre les paradis fiscaux et judiciaire – c’était un engagement de campagne des candidats Europe Écologie aux régionales de 2010 -, elle s’est déclarée région « hors TAFTA » en 2013 – hélas avec l’abstention du groupe socialiste. Demain, je veux qu’elle s’engage dans le désinvestissement carbone, en même temps qu’elle actionne tous les leviers à sa disposition pour aller encore plus loin dans la transition énergétique.
Conclusion
Il nous reste moins de cent pour dire à chacun et chacune que nous sommes acteurs de notre futur. Ne nous laissons pas parasiter par celles et ceux qui ont décidé de sauter du train en marche. Rassemblons nos forces. Elevons la parole politique pour qu’elle soit à la hauteur des enjeux sociétaux et embarquons de nouvelles personnes dans l’aventure écologiste. Plus nous serons nombreux et nombreuses à l’imaginer, plus notre rêve prendra corps.
J’ai commencé en vous parlant de la nature et je finirai en rappelant une sagesse simple et profonde : « La terre n’appartient pas à l’homme, c’est l’homme qui appartient à la terre. »
(Sitting BULL) »
Vendredi 18 septembre 2015, discours de lancement de campagne de Sophie Bringuy