TSCG – Eric Alauzet http://www.alauzet.net Député du Doubs Mon, 30 Apr 2018 12:43:44 +0200 fr-FR hourly 1 Pourquoi je ne m’opposerai pas au TSCG http://www.alauzet.net/eric-alauzet-pourquoi-je-ne-mopposerai-pas-au-tscg/ Tue, 02 Oct 2012 23:50:33 +0000 http://ericalauzet.eelv.fr/eric-alauzet-pourquoi-je-ne-mopposerai-pas-au-tscg/ La tentation est grande de dire NON. Non au délabrement de la société et à l’exclusion. Non un libéralisme qui étreint l’Europe depuis des décennies. Quel dilemme ! Basculer dans le gouffre de l’austérité ou dans celui de la dette qui conduira également à l’austérité.

Depuis Maastricht, en 1992, j’ai voté oui. Oui également au traité constitutionnel en 2005. Moins pour garantir la paix sur ce continent que par la conviction profonde que les grands problèmes de ce monde passent par une Europe politique. Qu’il s’agisse d’assurer la sécurité du monde (conflits armés, délinquance internationale et trafics en tout genre), la protection de la nature et du climat, la lutte contre la misère dans le monde ou la régulation économique. Cette conviction reste profondément ancrée en moi et jamais je ne perds ces objectifs de vue.
Je ne me trope pas de coupable.

Malheureusement, depuis 50 ans, l’Europe, comme les Nations, évolue sous la coupe des conservateurs et des libéraux. Même la gauche n’avait pas su y résister quand, à la fin des années 90, elle dominait l’Europe avec onze Gouvernement socialistes et sociaux démocrates sur quinze. Une Europe où les nationalismes – toujours plus exacerbés – ont encore ralenti le processus d’intégration et la capacité de l’Union à se donner les moyens de faire face à la mondialisation libérale. Il ne faut pas s’y tromper, des nations isolées dans la mondialisation et sous l’emprise du libéralisme auraient sombré plus durement.

Dans cette situation, il y a plusieurs erreurs à ne pas commettre.

La première est bien connue et récurrente depuis le début de la construction européenne, elle consiste à mythifier l’État nation qui protège face à la pieuvre européenne. Face aux difficultés, la tentation du repli sur soi est grande mais elle est vouée à l’échec.

La seconde erreur serait de penser que ma voix ne change rien et que je peux, à l’occasion de ce vote, me placer aux côtés de ceux qui soufrent en exprimant et ma révolte et mon aspiration à une société plus juste, plus durable, plus démocratique. Cette position est politiquement envisageable pour le groupe EÉLV au vu de sa situation minoritaire au sein de l’Assemblée nationale. En effet, quelque soit le vote des parlementaires écologistes, le TSCG sera adopté. Aussi je m’astreins à raisonner comme si j’étais en situation de faire pencher la balance.

La troisième conduit à penser que la riche et puissante Allemagne impose ses vues à la France et à l’Europe. C’est ignorer le mécontentement du peuple allemand qui vit mal le renforcement de la solidarité adossée au TSCG et au MES et qui n’accepte pas de payer les déficits de certains pays. Après la réunification de l’Allemagne, les Allemands ne veulent pas passer une nouvelle fois à la caisse. Oui le TSCG est un compromis qui a demandé des concessions à tous, y compris aux libéraux et aux plus orthodoxes de la finance, y compris à l’Allemagne.

La quatrième erreur consiste à penser que le TSCG sera la cause de tous nos maux et qu’il est inviolable. Le NON au TSCG se structure autour de l’analyse suivante : trop fort, trop rapide, trop injuste. C’est en effet un risque, c’est même une réalité à l’œuvre, antérieurement au traité. Pourtant, la récente actualité nous a montré des signes contraires. Ainsi, les ministres des finances et la Troïka ont décidé de repousser de 2013 à 2014 l’objectif pour le Portugal de ramener son déficit à 3% par an. Le rythme peut donc varier. Plus étonnant encore, la BCE, par la voix de son président, Mario Draghi, s’est engagée il y a quelques jours, à couvrir sans limite les dettes souveraines des pays de l’Union. Personnes n’auraient imaginé cela il y a encore quelques jours. Les libéraux doutent enfin devant l’échec de leur politique d’austérité. Autre évolution récente : la structure des réductions de dépense du budget de la France pour 2013. Sur les quelques 30 milliards d’économie à réaliser à cette échéance, la part de la réduction des dépenses, envisagée à hauteur de15 milliards d’Euros avant l’été est désormais ramenée à 10 milliards d’Euros, ce qui signifie moins d’austérité. En effet, un effort plus important sera demandé aux ménages les plus aisées et aux multinationales qui contribuent trop peu au pot commun. On comprend avec cet exemple que des marges de manœuvre existent, que la fin de l’histoire reste à écrier et que la bataille politique garde tout son sens – y compris au niveau des États – pour limiter (éviter ?) l’austérité.

Il faut aussi expliquer au passage que la dette constitue un véritable fléau dont les conséquences ressemblent étrangement à celles de l’austérité. Un appauvrissement des ménages et des États ainsi qu’une paralysie de l’économie du fait d’un argent devenu rare et cher, le creusement des inégalités avec un enrichissement rapide des détenteurs de la dette.
C’est la cinquième erreur qui consiste à négliger voire à ignorer la dévastation liée à l’endettement

Au fond, la question n’est pas tant celle du remboursement de la dette mais de qui rembourse la dette et à quel rythme. Le projet politique est donc clair pour la gauche et pour l’écologie : aller vers la justice fiscale, y compris à l’échelle européenne. Par une harmonisation fiscale pour résorber la dette, l’investissement dans les projets d’avenir, notamment dans le colossal chantier de l’amélioration thermique des bâtiments qui se finance avec les économies d’énergie sans aggraver la dette, le renforcement de l’intégration et de la gouvernance européenne.

Enfin, j’accorde une attention particulière à la cohérence du vote entre le vote du TSCG, celui de la loi organique et enfin le vote du budget 2013 et des budgets suivants d’ores et déjà inscrits dans la logique du TSCG.

Éric Alauzet
Député du Doubs

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