Coronavirus : les personnes les plus précaires sont aussi les plus exposées

Houda Saadi coordonne l’Autre Hangar, qui réceptionne et stocks les dons des professionniels pour les personnes dans le besoin.

A Nantes, comment les personnes en situation de grande précarité et notamment celles qui sont à la rue ont-elles vécu la période de confinement ?

Militants au sein d’associations et de collectifs, François Prochasson et Houda Saadi, colistier.e.s de Nantes Ensemble, se sont engagés auprès des plus fragiles pendant la crise sanitaire. Témoignage.

Pendant le confinement, à Nantes 200 personnes vivent dans la rue

A Nantes, parmi les publics les plus exposés à la crise sanitaire, on retrouve principalement les personnes SDF, les exilé.e.s et les Roms ,et les problématiques sont différentes pour ces trois publics. Par exemple, avec un accès à l’eau potable difficile, les campements de Roms constituent de potentiels foyers de contamination importants. Les gestes barrières sont quasiment impossible à mettre en place. Et que dire du système des attestations de déplacement dérogatoire qui a conduit à des situations absurdes ? « Des avocats m’ont fait remonter des scènes ubuesques dans lesquelles les sans-abri sont menacés d’être placés en détention s’ils ne sont pas en mesure de fournir une attestation, justifiant l’adresse de leur domicile. Cela montre bien que nous sommes dans un système aberrant qui broie encore plus les personnes à la rue », s’indigne François Prochasson.

François Prochasson, avec Christophe Jouin et Damien Carêmes,visitent le stade où des exilé.e.s ont pu trouver refuge à Nantes en janvier 2020.

Une période qui a intensifié l’engagement des bénévoles

 « A L’autre Cantine, après l’annonce du confinement qui sous-entendait que les activités humanitaires s’interrompaient, nous avons unanimement refusé de ne pas aider les personnes à la rue », affirme Houda. Et pour ne pas arrêter de servir leurs 400 repas quotidien aux personnes dans le besoin, les bénévoles de l’Autre Cantine se sont imposés des règles d’hygiène exceptionnelles pendant la période. Ils ont également développé une plateforme de solidarité, l’ « Autre Hangar », qui a servi d’entrepôt logistique à d’autres associations de solidarité pendant la période.

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« Paradoxalement, des choses positives émergent de cette période de crise sanitaire qui apporte notamment un nouveau souffle aux associations nantaises. Les bénévoles, en général des retraités, ont rajeuni car, confrontés au chômage partiel par la force des choses, certains actifs Nantais ont eu envie de se sentir utile pendant cette période. Ils ont rejoint nos luttes », constate François Prochasson.

Houda Saadi coordonne l’Autre Hangar, qui réceptionne et stocks les dons des professionniels pour les personnes dans le besoin.

Qu’adviendra-t-il des personnes à la rue après le déconfinement ?

Le virus ne disparaîtra pas au lendemain du déconfinement et les personnes les plus précaires vont demeurer les personnes les plus exposées. Pour les associations et collectifs qui leur viennent en aide, le combat va continuer. « La ville est propriétaire de bâtiments qui sont vides et nous demandons à ce qu’elle les mette à disposition pour loger les personnes qui sont à la rue. De concert avec les associations utilisons ces lieux pour protéger les sans-abri du virus et les conduire à retrouver leur autonomie. Il faut à tout prix éviter ce qu’il s’est passé au square Daviais, lorsque la ville de Nantes a, du jour au lendemain, refusé d’écouter les associations et que la situation a dégénéré », conclut François Prochasson.

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Aller plus loin :

Hébergés à la faveur du confinement, les sans-abri britanniques reprennent espoir

Un article publié du « Sunday Times » publié par le Courrier international le 5 mai 2020 https://www.courrierinternational.com/article/reportage-heberges-la-faveur-du-confinement-les-sans-abri-britanniques-reprennent-espoir