Numérique et gestion des données : mieux protéger sa vie privée sur le web

Numérique

Télétravail en visio-conférences, groupes de discussion ou apéros numériques en famille… Internet a été au coeur de nos confinements. A l’occasion du 3e rendez-vous des web-conférences de l’écologie politique, Mado Hervy et Louise Vialard, deux co-listières de Nantes Ensemble, nous rappellent combien il est important de protéger ses données personnelles.

  • Quels sont les enjeux politiques de la protection de nos données sur le web ?

« Que vous teniez des propos féministes sur un réseau social, que vous vous y exprimiez pour la défense du peuple Palestinien ou que vous vous mettiez à critiquer la politique de votre gouvernement : tout ce que l’on écrit sur le web le reste de manière durable. Cela permet à ceux qui mettent la main sur ces données (des entreprises, des institutions, des personnes…) de contrôler notre futur. Or, en tant qu’ancienne enseignante, l’idée même que le futur d’un enfant ou d’un adolescent, c’est-à-dire d’un adulte en devenir, soit bloqué pour ces raisons est parfaitement insupportable », affirme Mado Hervy.

Des associations de défense des droits de l’Homme comme Amnesty International ou Reporter sans frontières, sont les premières à nous alerter sur le fait que les Etats, même ceux qui se présentent pourtant comme des démocraties, utilisent les données personnelles pour surveiller les agissements de leurs citoyens.

  • « On tond la peau du mouton et on l’a lui vend après ! »

Sur l’impératif de protéger ses données sur le web, l’éclairage de Louise Vialard aborde surtout les enjeux économiques. « A l’origine, Internet est un système révolutionnaire de partage d’informations avec un mode de gouvernance décentralisée. Dans son ADN, Internet est donc censé être le système le plus égalitaire possible, mais il a été parasité par des entreprises, à l’image des GAFA, qui ont décidé d’y appliquer le système capitaliste pour s’enrichir », explique Louise, indignée face à l’omniprésence de la publicité sur le web. « La pub est partout ! De façon très vicieuse, le marketing infiltre nos fils d’actualité. Par exemple, sur Instagram, on va jusqu’à proposer aux usagers de noter les publicités qui les envahissent. Autrement dit, on tond la peau du mouton et on l’a lui vend après ! »

  • Opter pour une plus grande sobriété et exiger l’intervention des pouvoirs publics

Communiquer avec ses proches, travailler, enseigner ou encore accomplir ses démarches administratives… : aujourd’hui, se passer du web est véritablement mission impossible. Le devoir d’en faire un bon usage s’amplifie et Mado Hervy pose la question de la sobriété numérique : « A-t-on vraiment besoin d’accélérer les échanges de données ? A mon sens, le déploiement de la 5G encourage le mauvais modèle… » Sans compter que nos pratiques numériques ont un impact considérable sur l’environnement ! Pour fonctionner, Internet a notamment besoin d’infrastructures (tuyaux, centres de stockage…) ou de terminaux (ordinateurs, smartphones, tablettes…) En conséquence, tout le système repose sur une immense consommation d’énergie ainsi que sur l’extraction de métaux rares.

Selon Louise, l’intervention des politiques publiques est absolument nécessaire : « à la fois pour lutter contre la fracture numérique, expliquer aux internautes l’impact de leurs pratiques sur l’environnement mais aussi pour les protéger des entreprises qui défendent sur le web un modèle lucratif. Les logiciels libres sont nombreux mais ils sont souvent moins simples à utiliser que ceux proposés par les entreprises qui se servent de nos données. Sur Internet, il faut toujours avoir en tête la formule suivante : si c’est gratuit, c’est que vous êtes le produit ».

Aller plus loin :

L’institut du numérique responsable. (Think tank qui propose des alternatives pour réduire l’impact environnemental d’Internet et encourager l’innovation responsable). https://institutnr.org/

– FING: think et do tank sur les transformations numériques. Objectif: innovation numérique au service des communs

– Sur la surveillance des individus, le documentaire « Nothing to Hide », réalisé par Marc Meillassoux et Mihaela Gladovic (2017).

– Article de Médiapart sur les acteurs économiques du numérique dans l’Éducation Nationale et les enjeux que ça pose : https://www.mediapart.fr/journal/france/050520/dans-l-education-nationale-le-confinement-revele-un-numerique-noyaute-par-le-prive-edition-pas-finie-mais

A propos des intervenantes :

Mado Hervy – Syndicaliste militante Solidarité Palestine. Ancienne enseignante, elle est engagée de longue date dans une association de solidarité internationale qui milite pour faire obtenir ses droits au peuple palestinien.

Louise Vialard – Entrepreneuse numérique responsable issue d’études d’architecture et passionnée d’écologie. Révoltée par la politique du numérique et la gestion de ses infrastructures, son diplôme porte sur la récupération de chaleur des serveurs informatiques pour chauffer la ville.

Envie de suivre ou de participer aux web-conférences de l’écologie politique ? Retrouvez toute notre actualité sur la page Facebook Nantes Ensemble.

https://www.facebook.com/NantesEnsemble/?eid=ARBciSMWV47h2LnYdRNtt26ctIMD2ops-c1vhMOxy5WFsYGElyTDuf4a3lUO5c_GGXoPN8N_IfPXhans