Nos 5 propositions pour plus de cultures à Paris
La culture est une priorité pour les écologistes. Parce qu’elle participe à la construction de notre relation au monde et aux autres, elle est une part essentielle de la lutte que nous menons face à l’urgence climatique, démocratique et sociale qui est la nôtre aujourd’hui. La culture est un vecteur d’émancipation, de rencontres, d’ouverture à l’autre qui sont plus que jamais nécessaires en ces temps troublés. Jean Vilar en son temps s’écriait : « « Dieu merci, il y a encore certaines gens pour qui le théâtre est une nourriture aussi indispensable à la vie que le pain et le vin… » Aujourd’hui, les écologistes estiment que la culture dans son entier est un bien commun aussi indispensable que l’eau et un air pur.
Paris est une ville de culture. L’État culturel est omniprésent. Elle est, à tous égards, une ville exceptionnelle du point de vue artistique et culturel. Elle attire des personnes des quatre coins de France et du monde en raison de la richesse de ses musées, de ses théâtres, de ses salles de concerts et de son patrimoine. Nous préserverons ce dernier, et confierons à des artistes le soin de le faire vivre.
Cependant, notre ville connaît encore trop de fractures culturelles en son sein. Trop de personnes n’ont pas accès, soit pour des raisons financières, soit par des phénomènes d’exclusion et d’auto-exclusion, aux lieux de culture. Nous ne pouvons permettre, dans une ville comme la nôtre, que tant de personnes se refusent à poser les pieds dans un musée, ou ne trouvent pas d’endroit pour exprimer leur propre création, leur propre rapport à la culture et au monde. Pour que chacun et chacune puisse participer à ce qu’Alessandro Pignocchi, à la suite de Philippe Descola, nomme la recomposition des mondes, nous ouvrirons les lieux de culture à la participation citoyenne.
La Ville doit également permettre aux artistes de continuer à vivre à Paris, d’y loger et d’y créer. Pour cela, nous mettrons en place des soutiens spécifiques au logement pour les artistes, et nous nous assurerons qu’il existe, dans chaque arrondissement, des lieux de création.
Nous devons également permettre à l’écosystème culturel de Paris d’exister en toute quiétude. Il faut que chacun et chacune puisse retrouver un sens de la beauté dans une ville souvent trop âpre et violente. Pour cela, les institutions culturelles à taille humaine, qui tissent des liens dans les quartiers où elles sont implantées, seront soutenues par les écologistes. Ces lieux auront à cœur de faire vivre un enracinement ouvert et généreux, cher à la philosophe Simone Weil. Ville-monde, Paris doit soutenir la diversité des cultures, notamment en confiant la gestion du centre d’archives LGBTQ+ aux associations porteuses du projet, mais aussi en assurant l’accessibilité complète des lieux culturels à toutes et tous.
Enfin, parce que le monde dans lequel nous vivons ne cesse de capter notre attention, sur les écrans publicitaires et les smartphones, jusqu’à un épuisement quotidien, nous souhaitons retrouver une écologie de l’attention. Pour cela, nous mettrons en œuvre un programme éducatif centré autour de l’attention et de la sérénité.
Nos 5 propositions pour plus de culture à Paris
Protéger un écosystème culturel riche
Défendre, soutenir et encourager les lieux culturels à taille humaine.
Les lieux culturels à taille humaine et les tiers-lieux sont des oasis de création, de lien social et de plaisir partagé. Par leur travail constant dans les quartiers où ils sont implantés, ces lieux contribuent à faire vivre la culture de manière quotidienne et volontaire. Les fermetures du cinéma La Clef dans le 5e arrondissement, les difficultés que connaît le Lavoir Moderne Parisien dans le 18e, les problèmes rencontrés autour de la réouverture annoncée du cinéma La Pagode dans le 7e arrondissement sont symptomatiques des difficultés que rencontrent tiers-lieux et lieux culturels à taille humaine à Paris, ou dans sa périphérie comme on peut le voir avec Mains d’Œuvres.
Nous défendrons ces lieux en mettant en place un fonds de rachat du bâti des lieux en difficulté, à hauteur de 50 millions d’euros, en usant du droit de préemption de la Ville lorsque leur propriétaires chercheront à les vendre. Une fois les bâtiments rachetés, nous opérerons une séparation du foncier et du bâti, et construirons avec les structure gérant le lieu un plan d’exploitation qui permettra d’en assurer la pérennité. Nous travaillerons avec les acteurs locaux (écoles, bibliothèques, commerces) pour faire vivre les lieux culturels et leur permettre de créer des dynamiques vertueuses dans les quartiers où il sont implantés.
Promouvoir des cultures variées au sein des activités de la Ville de Paris.
Parce qu’il est nécessaire que la diversité des cultures soit représentée au sein de cette ville-monde qu’est Paris, nous la mettrons à l’honneur dans les événements organisées par la Ville : expositions, concerts, conférences. Nous organiserons, par exemple, un cycle de diffusion et de valorisation des connaissances des peuples autochtones d’Amazonie, d’Afrique et d’Arctique, au travers du réseau international de l’Alliance française.
Nous ferons également attention au respect de la parité lors des nominations à la tête des institutions culturelles de la Ville. Nous demanderons aux personnes chargées des programmations, tout en respectant leur liberté garantie par la loi, de porter une attention particulière à la parité et à la diversité des esthétiques représentées, afin que toutes et tous les artistes puissent avoir une chance égale dans la création et la diffusion de ses œuvres.
Nous confierons la gestion du futur Centre des Archives LGBTQ+ aux associations initiatrices du projet. En effet, elles disposent de la compétence, de la légitimité et de la connaissance nécessaires à la bonne mise en œuvre de ce Centre. Ce lieu sera également chargé de faire vivre la culture LGBTQ+ dans toutes ses dimensions et ses diversités.
Enfin, promouvoir des cultures variées passe également par l’amélioration de l’accessibilité des lieux culturels pour toutes et tous, notamment pour les personnes en situation de handicap. Nous souhaitons donc un état des lieux de l’accessibilité culturelle à Paris, afin de lancer un plan de mise au norme des institutions culturelles, et un développement des pratiques d’accessibilités (panneaux en braille, traductions en LSF ou a minima surtitrage).
Supprimer les mobiliers urbains publicitaires et augmenter le nombre de panneaux associatifs et culturels.
La publicité met sur un plan d’équivalence les industries de consommation et les lieux culturels, et les place dans une concurrence défavorable à ces derniers. Afin d’éviter l’augmentation permanente des budgets publicitaires qui affectent particulièrement les structures culturelles, qui ne peuvent faire face à industries financièrement plus importantes, nous supprimerons les mobiliers urbains publicitaires. Nous les remplacerons par des panneaux d’information associatifs et culturels, afin que les Parisiens et les Parisiennes soient incités à aller dans les lieux culturels de proximité.
Nous demanderons également la suppression progressive des espaces publicitaires dans le métro, et leur remplacement par des espaces de création et d’expression artistique, afin que le réseau des transports en commun permette un contact régulier avec des œuvres d’art. Nous voulons transformer le rapport à la Ville, que celle-ci ne soit pas un espace privatisé pour les besoins de la consommation, mais un lieu où vivent les arts au quotidien.
Accompagner les acteurs culturels dans la transition écologique.
Parce que la transition écologique est une urgence, et parce que les acteurs culturels n’ont pas toujours les savoirs et les moyens de la mettre en œuvre rapidement, nous proposerons un service de la transition écologique, chargé de les accompagner dans la transformation de leurs pratiques et de leurs matériels. À ce service sera associé un fonds de transition qui permettra d’aider les structures à la rénovation thermique des salles ou à l’amélioration de leur matériel. Nous nous appuierons sur les savoirs développés par certains lieux et festivals pour proposer des plans de transition écologique.
Nous travaillerons avec les lieux de spectacles vivant à la décarbonation des transports des troupes accueillies, notamment pour privilégier le transport ferroviaire au transport aérien. Via les réseaux européens de salles de spectacle, nous faciliterons les tournées intra-européennes décarbonées.
Soutenir la création artistique
Soutenir le logement des artistes
Le logement à Paris est une préoccupation supplémentaire dans la vie des artistes, qu’il s’agisse des artiste, auteurs et autrices ou des artistes interprètes. La réussite des quelques artistes qui bénéficient d’une grande reconnaissance cache mal la précarité structurelle de la situation du reste des artistes. Or, Paris ne peut pas se passer d’artistes qui vivent, ressentent dans leur chair et disent par leur art ce que devient la ville. Nous ne pouvons permettre que les artistes la fuient en masse, faute de moyen d’y vivre.
Ainsi, nous souhaitons augmenter la part du logement social dans le parc locatif parisien, et dédier une partie des logements aux artistes. En outre, nous voulons leur réserver une partie des logements de l’office foncier solidaire. Nous voulons ainsi permettre aux créateurs et créatrices d’aujourd’hui et de demain de vivre dignement, à proximité de lieux de diffusions de leurs œuvres, afin qu’ils et elles puissent continuer à se nourrir au quotidien de la riche vie culturelle et des beautés de Paris.
Mettre en place des plateaux culturels associatifs dans les arrondissements qui en sont dépourvus.
La création artistique requiert des lieux : lieux de répétition pour le spectacle vivant, qu’il soit musical ou théâtral, ateliers pour la création plastiques, lieux de résidence d’écriture. Or, les lieux de création sont inégalement répartis à Paris : certains arrondissements comportent un grande variété de lieux de création, tandis que d’autres en sont relativement dépourvus. Nous souhaitons que Paris reste une ville de création, et ne devienne pas une ville-musée qui ne vit que sur les acquis du passé.
Nous créerons donc dans les arrondissements où cela est nécessaire des plateaux culturels, où les artistes pourront venir créer. Ces plateaux seront gérés par des associations, et seront interdisciplinaires. Ils favoriseront les rencontres, les échanges, au sein et entre les disciplines artistiques. Ils pourront également accueillir des expositions ou des représentations de fin de résidence, afin que la création puisse être suivie d’une diffusion. Nous favoriserons le développement des résidences d’auteurs et d’autrices dans les différents arrondissements de la capitale.
Pour développer les pratiques de tout le monde, et pas uniquement des professionnel·les, nous souhaitons ouvrir autant que faire se peut les bâtiments municipaux d’arrondissement aux associations de création artistique en amateur. Nous participerons à informer le public de leurs activités, afin d’inciter chacun et chacune à développer sa propre pratique.
Mettre en place une agence intercalaire citoyenne et culturelle.
Nous créerons une agence intercalaire citoyenne et culturelle. Elle aura pour mission d’identifier et de recenser le patrimoine immobilier vacant de la Ville. Elle travaillera pour cela auprès des différentes directions. Suite au recensement, nous entamerons une phase d’expérimentation au cours de laquelle nous mettrons une part des locaux et des terrains à disposition des artistes et des créateurs. Nous créerons ainsi des tiers-lieux citoyens, associatifs et culturels. Passée la phase d’expérimentation, nous entamerons une évaluation du projet pour l’étendre.
Créer un centre intermétropolitain des arts publics.
La culture urbaine parisienne est une riche ressource de création artistique. Si la capitale se distingue par son patrimoine artistique (édifices, statues, fontaines, etc.) pluriséculaire, elle s’enrichit aussi quotidiennement de nouvelles œuvres contemporaines éphémères ou pérennes. Gratuit et accessible à tout le monde, l’art public est un bien commun. Il s’agit l’ensemble des productions culturelles (architecture, street-art, sculpture, écriture, design, paysage, etc.) qui confèrent à l’espace public ses couleurs, ses formes, ses contours, et font de chaque métropole un espace unique (par son mobilier urbain, son bâti, ses parcs, ses fontaines, etc.).
C’est pourquoi nous la soutiendrons en créant un centre intermétropolitain des arts publics, qui n’a actuellement aucun équivalent en France. Ce centre sera un établissement public dont la gestion et l’administration relèvera de la Ville de Paris. Il aura vocation à documenter la connaissance des expériences passées et présentes dans le domaine de l’art public, à soutenir les innovations et à associer le plus grand nombre de résident·e·s et d’acteurs d’autres métropoles (artistes,conseiller·ères politiques, etc.) à la réflexion pour un espace public beau et durable
Tester un dispositif pilote de chèque emploi-culture.
Soutenir la création artistique, c’est aussi pouvoir faciliter l’emploi des artistes. Or, les dispositifs actuels d’emploi (type GUSO) sont trop méconnus pour être utilisés par les particuliers ou les entreprises. Nous souhaitons faire rentrer la création artistique là où elles est encore trop rare. Pour ce faire, nous proposerons la création d’un dispositif pilote de chèque emploi-culture, sur le modèle du chèque emploi-service, pour permettre aux particuliers d’employer des artistes sans lourdeur administrative.
Le dispositif du chèque emploi-culture sera accompagné d’une campagne d’information et d’incitation à l’emploi d’artistes, qu’ils s’agisse d’auteurs, d’autrices ou d’interprètes, par les entreprises et les particuliers.
Mettre en place un dispositif municipal d’accompagnement de la culture.
L’efficacité du dispositif local d’accompagnement dans le domaine de la culture est établi par tous les rapports d’évaluations récents. À l’échelle de Paris, ce dispositif reste de l’avis des professionnels et acteurs du secteur, sous-dimensionné. Nous souhaitons donc spécifiquement renforcer le dispositif local d’accompagnement culture à l’échelle de Paris. Nous doterons financièrement le fonds d’ingénierie dédié à l’accompagnement des structures culturelles. Ce dispositif pourra notamment être sollicité par les structures en difficulté ou souhaitant au contraire changer d’échelle, pour un accompagnement à l’évolution et à la consolidation de leur modèle économique. Il pourra par exemple être un préalable souhaitable à la prise de parts par la Mairie dans les SCIC culturelles.
Sur le modèle de Smart.be ou Clara bis nous encouragerons et accompagnerons par la prise de parts, la création de coopératives d’activités et d’emplois structurées de façon à pouvoir accueillir les statuts et régimes spécifiques à la culture, dont l’intermittence. Au niveau des arrondissements, le dispositif d’accompagnement municipal se déclinera par l’organisation de sessions collectives régulières animées par des professionnel·le·s du secteur, offrant aux artistes et structures émergentes en particulier, un appui administratif et un soutien entrepreunarial de base : aide à la constitution de dossiers, identification des dispositifs, aides, appels à projets et bourses. Ce dispositif permettra aux artistes et structures d’avoir accès, gratuitement à un accompagnement professionnel sur les fonctions autres qu’artistiques.
Défendre et faire vivre notre héritage culturel
Mettre en œuvre un grand plan de rénovation des monuments de la ville.
Le patrimoine public parisien est d’une richesse exceptionnelle. Il attire de nombreuses personnes de tous les horizons, et inspire de nombreuses créations artistiques, qu’elles soient professionnelles ou amatrices. Sa préservation est donc nécessaire, particulièrement dans une période d’incertitude climatique. Pour ce faire, nous engagerons 150 millions d’euros pour sa rénovation, en ciblant en priorité les lieux dont l’état d’endommagement font craindre pour la sécurité du public. Nous en assurerons également l’accessibilité à toutes et à tous, notamment aux personnes en situation de handicap.
Nous travaillerons avec les associations liées à la préservation du patrimoine tout au long de la mandature, de manière ouverte et transparente, afin de profiter de leur expérience et de leur expertise. Nous organiserons une campagne de dons et de mécénat pour abonder un fonds de restauration des œuvres présentes dans les lieux de cultes construits avant 1905. Nous organiserons la valorisation du patrimoine parisien, tant pour sa dimension culturelle, parfois trop méconnue malgré la gratuité de nombreux lieux (lieux de cultes, musées de la Ville de Paris), mais également pour leur potentiel d’îlots de fraîcheur en situation de canicule.
Supprimer l’affichage publicitaire.
Le patrimoine parisien souffre, lors des rénovations, d’affichages publicitaires qui constituent une privatisation de l’espace public. Dans une période qui appelle à une moindre consommation des biens superflus, l’affichage publicitaire sur les lieux patrimoniaux devient une pratique d’un autre monde. Nous y mettrons fin, afin d’éviter que le coût écologique de la consommation ne se répercute sur la qualité de vie des générations futures, et qu’elles puissent profiter du patrimoine que nous entretenons pour elles.
Diversifier l’offre culturelle en lien avec les lieux patrimoniaux.
La richesse du patrimoine parisien est d’autant plus importante lorsque celui-ci vit de la création. C’est pourquoi nous souhaitons multiplier les créations contemporaines au sein des lieux patrimoniaux parisiens, qui sont autant de lieux potentiels de production de spectacle vivant, d’exposition. Il s’agit également de lieux qui peuvent accueillir des événements éducatifs et culturels, liés au patrimoine, à la création, mais également à la culture scientifique. Nous travaillerons au développement de ces activités, et à leur diversité, qui permettra de faire rentrer de nouveaux publics dans ces lieux, afin qu’ils deviennent des lieux habituels de visite, de création, de diffusion des œuvres et des savoirs.
Faire appel à des artistes contemporains pour repenser le mobilier urbain, par exemple les fontaines de la capitale, et pour créer des oasis de fraîcheur.
La mise en place de mobilier urbain doit être pensée dans une triple perspective. D’une part, ce mobilier doit être accessible à toutes et à tous, sans exclusion. D’autre part, sa création doit être pensée selon les nouvelles conditions climatiques dans lesquelles nous vivons, et participer à la production d’oasis de fraîcheur pour les situations caniculaires. Enfin, le mobilier urbain est une partie intégrante de l’art public, et participe en tant que tel à la beauté de la ville et à la construction d’un patrimoine commun et vivant.
C’est pourquoi nous ferons appel à des artistes contemporains pour repenser le mobilier urbain selon ces trois axes, pour permettre la constitution d’une ville plus humaine, plus belle, et plus résiliente. Nous mettrons en œuvres des appels à projet artistiques de création de mobilier urbain, ouverts et transparents dans les critères d’attribution. Ces critères comprendrons des critères de bien-être social, de réflexion esthétique, et de production éco-responsable.
Promouvoir une écologie de l’attention dès le plus jeune âge
Mettre en place des ateliers d’éducation à l’image dans les écoles.
Les images ont une place centrale dans notre société. Elles sont véhiculées par de nombreux médias (affiches, téléphones, tablettes, télévisions, cinémas…), et constituent désormais une partie non-négligeable de notre paysage urbain autant que de notre paysage mental. Or, la multiplication des images doit s’accompagner d’un apprentissage qui permet de les décrypter, d’en comprendre les effets et les mécanismes. C’est pourquoi nous souhaitons la mise en place d’ateliers d’éducation à l’image dans les écoles parisiennes, pour que nos enfants puissent être outillés dans un monde qui ne cesse de capter leur attention par la multiplication des images.
Nous souhaitons également renforcer les dispositifs « Mon premier cinéma » et « École et cinéma », multiplier les partenariats avec les salles de cinéma indépendantes et s’assurer d’une juste rémunération de ces salles dans le cadre de l’accueil scolaire. Nous souhaitons que cet accompagnement au cinéma permette l’apprentissage de l’analyse des films, de leurs enjeux, mais aussi de leur production.
Promouvoir une politique « zéro écran » dans les écoles, en-dehors des usages pédagogiques.
Le développement d’une écologie de l’attention passe également par la limitation au maximum des écrans dans les écoles, en-dehors des modules pédagogiques dédiés. En effet, l’utilisation d’écrans (télévisions, tablettes) tend à légitimer leur usage dans toutes les sphères de la vie. Or, des études montrent que le développement de l’usage des écrans chez les jeunes enfants affectent leurs capacités d’attention et leur développement cognitif, particulièrement lorsque les contenus ne leurs sont pas adaptés2. Pour protéger nos enfants, nous ferons donc attention à ce que les écrans restent une exception dans le cadre scolaire. Nous mènerons également une politique d’information auprès des parents, dès la naissance du premier enfant, sur les dangers d’un usage non-restreint des écrans, notamment de téléphones, par les enfants en bas-âge.
Interdire les panneaux numériques et les panneaux déroulants lumineux actuels
La multiplication des panneaux numériques et lumineux pose plusieurs problèmes au sein de notre ville. Ces panneaux ont un coût écologique important, par leur fabrication, et par leur consommation d’énergie. Ils ont également un coût d’investissement difficilement supportable pour les petits commerces. Enfin, ils produisent une pollution lumineuse qui affecte la faune, mais également les êtres humains. La pollution lumineuse perturbe la production de mélatonine, et donc le rythme circadien, et participe au développement du diabète et de la dépression. Il s’agit donc aussi d’un enjeu de santé publique.
Parce qu’ils sont conçus pour attirer l’attention et les regard, ces panneaux constituent des outils de captation d’attention. Pour retrouver notre regard, notre capacité d’ouverture, notre sens esthétique, il est nécessaire de limiter ces écrans. Nous souhaitons faire respecter entièrement la législation en vigueur qui interdit l’usage commercial de la lumière dans l’espace public entre une heure et sept heure du matin. Nous souhaitons revoir le règlement local de publicité pour limiter entièrement l’usage de publicités lumineuses, afin de pacifier la ville.
Créer des partenariats systématiques entre les musées et les écoles pour initier les enfants à la culture artistique, historique, scientifique et technique.
Retrouver ses capacités d’attention, c’est aussi les utiliser au profit de la connaissance et de la découverte de notre monde. De nombreuses écoles à Paris mettent en œuvre des partenariats avec des musées pour initier les enfants à la culture. Nous souhaitons renforcer ces partenariats, pour faire sortir l’école hors de l’école et habituer tous les enfants sans exception à aller au musée. Nous souhaitons également travailler avec les écoles pour ouvrir ces sorties aux parents.
Ces partenariats devront prendre en compte la diversité des cultures à Paris, et aussi les types de culture. Il s’agira en effet de développer les cultures artistiques mais également les cultures scientifiques, afin de rappeler à chaque enfant ce que la science elle-même comporte de création et d’attention.
Mettre en place un plan musique pour que chaque enfant à Paris apprenne à jouer d’un instrument.
L’attention se développe également par l’apprentissage de la musique. À Paris, cet apprentissage a trop longtemps été limité aux conservatoires d’arrondissement. Or, si les conservatoires permettent un apprentissage exigeant et de qualité, ils ne suffisent pas à insuffler un esprit musical chez l’ensemble des enfants de Paris. C’est pourquoi nous mettrons en place des ateliers musicaux systématiques dans chaque école, pour que tous les enfants de la capitale puissent apprendre à jouer d’un instrument.
Nous souhaitons mettre en œuvre un plan musique à cet effet, et faire participer les artistes musiciens et musiciennes à la transmission de leurs esthétiques et de leurs valeurs. Nous voulons que cet apprentissage de la musique permette l’enseignement de tous les types d’instrument, et de toutes les expressions musicales. Nous souhaitons à la fois ouvrir les horizons, et permettre aux enfants d’apprendre la concentration et l’écoute que requiert la pratique d’un instrument de musique.
Recomposer des mondes communs
Développer la participation artistique et citoyenne.
Les modes de sélection des commissions d’appels à projets culturels restent parfois encore trop opaques aux yeux du public et des artistes. C’est pourquoi nous souhaitons rendre transparents les critères d’attribution des appels à projet. Nous voulons aussi élargir la composition des commissions, en y incluant des artistes qui serviront de référents. Les commissions seront régulièrement changées, pour éviter les effets d’entre-soi, et d’échanges de bons procédés.
Nous souhaitons également mettre en œuvre les droits culturels exposés par la déclaration de Fribourg de 2007, qui comprennent notamment accès et la participation à la vie culturelle. Pour favoriser cette participation, nous souhaitons que des habitantes et des habitants puissent également participer aux commissions d’appels à projet, pour donner un point de vue situé sur chaque projet, en lien avec le quartier où il sera réalisé. Nous voulons également travailler avec les institutions culturelles parisiennes pour qu’elles ouvrent leurs propres projets à des participations citoyennes de proximité, afin que chacun et chacune ait son mot à dire dans l’élaboration de la culture de son quartier.
Utiliser les bibliothèques de la ville hors des horaires d’ouverture pour élargir les usages, par exemple en faire des ludothèques associatives.
Les bibliothèques de la Ville de Paris sont un formidable outil d’accès à la lecture. Elles permettent à chacun et chacune de découvrir de nouveau mondes, d’élargir ses horizons. Elles permettent aussi de trouver un temps différent, dans une monde accéléré, le temps patient de la lecture, de la réflexion. Les bibliothèques sont un lien de resynchronisation du monde et de création de communautés culturelles. En tant que telles, elles doivent pouvoir accueillir le plus grand monde, et trouver de nouveaux publics.
Or, pour ce faire, l’élargissement de leurs horaires des ouvertures (extension le soir, ouverture le dimanche) n’est pas une réponse adéquate : loin d’élargir les publics, ces ouvertures étendues ne font que répartir le public existant sur des horaires plus larges. Nous souhaitons confier les bibliothèques, en dehors des horaires d’ouverture, à des associations qui cherchent un lieu pour exercer leur activité, dans le cas où la bibliothèque est un lieu adéquat qui permet de créer des synergies, et transformer par exemple la bibliothèque en ludothèque le temps d’un après-midi. Les associations s’engageront au maintien en l’état des lieux, à travailler avec les bibliothécaires pour valoriser les ouvrages en lien avec leur activité, et à rappeler à leurs membres la possibilité de créer un compte lecteur gratuitement.
Programmer un rendez-vous annuel ouvert à tous les acteurs des secteurs artistiques avec pour dénominateur commun : un art éco-responsable.
Les pratiques artistiques participent encore trop souvent à la crise écologique que nous vivant. Cependant, les acteurs du secteur artistiques sont conscients de ces enjeux, et commencent à modifier les comportements. L’émergence d’un festival comme We love green est la preuve d’un changement en cours. Nous souhaitons renforcer les rencontres, partenariats et échanges de bonnes pratiques pour accélérer la transition écologique du milieu culturel.
Nous souhaitons également créer un événement annuel festif et écologique, ouvert aux acteurs du secteur culturel éco-responsables, sur le périphérique. Nous voulons ainsi participer à la réappropriation de ce lieu par la culture et un rapport nouveau à l’environnement. Nous voulons travailler avec les communes limitrophes pour en faire un événement qui brise cette frontière et qui lie Paris et le reste de la métropole, afin de donner une réalité sensible au Grand Paris, et participer à l’élaboration d’un véritable monde commun entre la capitale et les autres villes franciliennes.