Faire de Paris une ville Zéro déchet
David Belliard, candidat écologiste à la mairie de Paris, propose une tarification incitative sur les déchets en lieu et place de la taxe d’enlèvement sur les ordures ménagères.
Co-signée par Antoinette Guhl, adjointe à la maire de Paris en charge de l’économie circulaire et candidate écologiste Paris 20 : Maël Coutand, militant Zéro Déchet ; Léa Vasa, adjointe à la maire du 10ème arrondissement en charge de l’économie sociale et solidaire, candidate écologiste Paris 10.
Au retour des courses, qui n’a jamais passé plusieurs minutes à déballer ses produits, pour jeter directement cartons et plastiques ? Résultat des courses, la multitude d’emballages et de suremballages fait déborder nos poubelles que l’on s’empresse de descendre pour alors faire déborder les conteneurs en pied d’immeuble…
Et où finissent nos poubelles ? Dans l’air que nous respirons, sous forme de particules fines après avoir été incinérées, dans l’agglomérat de micro-billes plastique dans l’océan Pacifique formant un nouveau continent de déchets ou dans les grandes décharges à ciel ouvert en Chine, en Malaisie, en Indonésie et aux Philippines.
Faire de Paris une ville zéro déchet !
Permettre aux objets d’avoir une seconde vie
Le cercle vicieux du tout consommable, du tout jetable est bien rodé. Mais si nous voulons répondre à l’urgence climatique et la nécessité de préserver notre environnement, il va falloir changer. Comme bien souvent, les solutions, nous les avons déjà.
Question déchet, tout ne commence pas en bas de chez nous, dans les poubelles de nos immeubles. Problème d’envergure nationale voire internationale, la gestion de nos emballages est (encore) débattue en ce moment au Parlement avec la nouvelle loi sur l’économie circulaire.
La nécessité est de réduire drastiquement les déchets à la source et de permettre aux objets d’avoir une seconde vie. Pourtant, le gouvernement commence déjà à reculer sur le retour de la consigne, tant sur la consigne pour réemploi des bouteilles en verre que sur la consigne pour recyclage des bouteilles en plastique – d’autant que s’assurer du bon recyclage du plastique, plutôt que de sa suppression, n’était déjà pas très ambitieux…
Le meilleur déchet est celui qu’on ne produit pas
A Paris, même combat : les politiques publiques se succèdent, tentant année après année, campagne électorale après campagne électorale, de rendre les rues de Paris plus propres. Mais la question de la propreté n’est que l’arbre qui cache la forêt. Elle ne réside pas simplement dans la maîtrise technique d’une nuisance dont la solution serait la mise en place de poubelles toujours plus grandes, toujours plus compactantes. Elle doit passer avant tout par la limitation drastique des déchets que nous produisons.
Nous devons nous attaquer au cœur du problème : à la quantité de déchets que nous produisons, qu’ils finissent dans le caniveau, dans les poubelles de rue ou dans nos containers domestiques. Il est urgent de proposer une toute autre logique. Ne parlons plus seulement d’un problème de propreté, qui est localisé, parlons concrètement d’un problème de production de déchets, qui est bien plus global. En conséquence, soyons audacieux et fixons pour Paris l’objectif de devenir un territoire zéro déchet.
Le meilleur déchet est celui qu’on ne produit pas. Nous voulons dire très clairement que le recyclage est indispensable, mais qu’il ne nous sauvera pas. Tout ce qu’il nous reste à penser avant l’étape du tri est une opportunité pour questionner nos modes de vie et de consommation, interroger les produits que nous achetons, poser la question du gaspillage et évaluer nos besoins réels, pour enfin guider notre action publique d’ensemble.
Connaître la quantité de déchets et combien coûte ce service
Pour répondre à cet objectif, il est nécessaire de mettre en place une mesure d’accompagnement qui révolutionnera l’approche culturelle de nos déchets : une tarification incitative, qui remplacera la taxe d’enlèvement sur les ordures ménagères. Celle-ci est aujourd’hui socialement injuste – les pauvres comme les riches s’acquittent du même montant forfaitaire alors que ces derniers polluent davantage – et elle n’incite pas à réduire nos déchets. La nouvelle tarification permettra à celles et ceux qui jettent moins, de payer moins.
L’Ademe, qui accompagne depuis des années des communes françaises de toutes tailles dans la mise en place de la tarification incitative, indique d’ailleurs très clairement les performances d’une telle mesure : elle conduit en moyenne à réduire de 41% la quantité d’ordures ménagères et à augmenter de 40% la collecte des biens à recycler.
Le pouvoir pédagogique de cette mesure est tel que dans les villes où le dispositif est mis en place, les comportements des usager·e·s commencent à changer dès l’année précédant l’entrée en vigueur de la tarification incitative. En permettant aux citoyen·ne·s de connaître la quantité de déchets qu’ils produisent et combien leur coûte ce service, la tarification incitative sera un instrument puissant et incontournable pour conduire les Parisiennes et les Parisiens à s’emparer de toutes les solutions qu’il est par ailleurs nécessaire de mettre en place pour les accompagner dans la réduction de leurs déchets.
Animation du tissu économique
Il existe aujourd’hui de nombreux exemples de villes qui ont mis en place cette mesure comme Grenoble ou Besançon en France ou encore San Francisco, Munich ou Parme au niveau international. Si d’autres l’ont fait, Paris peut le faire. Cette mesure est un acte concret pour préserver notre environnement et les ressources de la planète.
Se fixer l’objectif ambitieux du zéro déchet, c’est s’inscrire dans une dynamique de long terme, grâce à des solutions qui ont déjà fait leurs preuves ailleurs (mise en place d’un service municipal de consigne, distribution de couches lavables aux nouveaux parents, organisation d’un vrai plan de compost de proximité, généralisation du tri à la source dans les espaces et bâtiments publics, développement des ressourceries, création de magasins en vrac, etc.).
De nombreuses autres alternatives restent à inventer avec les citoyennes et citoyens pour répondre aux problématiques parisiennes. Elles déborderont bien au-delà du seul champ de la propreté, auront un impact social et solidaire, animeront le tissu économique, seront créatrices d’emplois et seront sources d’économies, tant pour les Parisien·ne·s que pour la Ville de Paris.