Subventions régionales : la liberté des associations foulée au pied
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reunionLe rapport sur la lutte contre les violences faites aux femmes a été l’occasion ce jeudi, dans l’hémicycle régional, de sérieuses dérives dans les débats, mêlant allègrement les sujets d’égalité femme/homme et d’immigration. Le groupe écologiste regrette amèrement que le nouvel exécutif régional laisse ainsi les idées d’extrême droite filtrer dans l’hémicycle, donnant du grain à moudre au Front National.

« La mention du « port du voile intégral forcé » comme seul exemple de prescription vestimentaire subie est une preuve de plus d’une vision étriquée qui cultive une approche discriminante voire islamophobe de ce phénomène, » a déploré Bénédicte Monville-De Cecco.

 

Sur le rapport en lui-même, si nous ne pouvons que nous réjouir que la Région fasse de la lutte contre les violences faites aux femmes une priorité, l’approche de la droite reste dramatiquement indigente sur le traitement des causes de ce phénomène.

Bénédicte Monville-De Cecco a rappelé qu’il est peu efficace d’appréhender les conséquences d’un système sans s’attaquer à ses racines : « Il faut avant tout remettre en cause le caractère systémique de la domination masculine qui écrase notre société et conditionne l’imaginaire des hommes et des femmes. »

 

Le vote du rapport « expressions citoyennes » a été l’occasion d’un même dévoiement. En lieu et place de parler de la liberté d’expression, Mme Pécresse a décidé d’exclure, sans possibilité de débat aucune, les associations qui appellent au Boycott de l’Etat d’Israël, jouant la polémique, et arguant d’une infraction pénale, dont le jugement n’est pourtant toujours pas finalisé (un recours est porté auprès de la Cour européenne de justice-CEDH). Le groupe Europe Ecologie Les Verts & Apparentés a tenu à rappeler que le mouvement BDS (Boycott Désinvestissement Sanction) est avant tout une campagne internationale et citoyenne, qui ne peut être assimilée à un mouvement porteur de discrimination. De nombreuses associations défendent la possibilité d’appeler au boycott, parmi lesquelles l’Union Juive Française pour la Paix, Amnesty International, la FIDH (Fédération international des droits de l’homme) ou la  Ligue internationale des Droits de l’Homme pour protester contre les politiques d’occupation et de discrimination du gouvernement israélien, et demandent le respect de la liberté d’expression, d’opinion, d’association et d’assemblée.

 

Quant à l’exclusion de toute subvention pour les associations dites « caractère politique », l’ambiguïté de la formule a suscité l’inquiétude des écologistes.

« Qui jugera de ce qui est politique et de ce qui ne l’est pas ? » a noté Ghislaine Senée, qui craint surtout que le clientélisme de la droite ne fasse loi.

 

 

 

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Dans toutes les collectivités locales de droite, mais aussi plus largement depuis que les dotations de fonctionnement sont à la baisse, les associations se voient la cible de réductions drastiques. Si les collectivités territoriales se drapent de bonnes intentions, comme la nécessité de rationnaliser les financements, de vérifier l’intérêt et les retombées sur le territoire, ou encore la cohérence avec certaines valeurs décidées par le haut, c’est toujours pour mieux cacher les coupes budgétaires nécessairement corrélées à des choix politiques.

 

Le nouvel exécutif régional, sous couvert de délibérations pour l’expression citoyenne ou de lutte contre les discriminations, suit ce même modèle, sans le dire, bien évidemment.

« Le ‘tout est possible’ cache un ‘c’est moi qui choisis’, » déplore Mounir Satouri, président du groupe écologiste. « L’exécutif fait en réalité ses calculs – sous la table – avec des budgets moindres en fonction de potentielles retombées électoralistes… »

Nécessairement, certains champs sont oubliés ou malmenés : l’environnement, la culture, le soutien aux publics en difficulté, le local…

« Comment expliquer que le volet environnemental disparaisse complètement des projets d’expression citoyenne ? » s’insurge l’élu, qui rappelle combien les associations environnementales sont des sentinelles pour la protection de la population, sa santé, son bien-être et son avenir…

 

Ardent défenseur d’un soutien affiché au secteur associatif, le groupe écologiste tient à dénoncer avec fermeté la destruction systématique mais silencieuse qui s’opère aujourd’hui contre l’emploi associatif[1], contre la pérennisation des subventions[2], contre la liberté de ton associative…

« La droite régionale veut faire des associations des prestataires de service, en leur supprimant toute liberté d’initiative, » déplore Mounir Satouri, président du groupe écologiste.

 

 

 

[1] Emplois aidés, emplois tremplin, emplois d’insertion… qui ne sont progressivement plus soutenus.

[2] Les conventions tri-annuelles engagées dans la précédente mandature sont subitement arrêtées