Largage de kérosène : les compagnies doivent assumer le coût des pollutions
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air_france_boeing_777-300er_572891563[Communiqué de presse EELV&A]

Dimanche matin, alors que nombre de familles franciliennes se dirigeaient vers la forêt de Fontainebleau pour prendre un bol d’air, un largage massif de kérosène a été effectué par un avion d’Air France suite à une difficulté mécanique. Un autre incident a eu lieu ce matin, causé par un avion en partance pour les Philippines. Légale pour des raisons de sécurité, cette pratique autorisée par le contrôle aérien doit être revue à l’aune des risques écologiques selon le groupe écologiste.

 

La forêt de Fontainebleau est l’une des zones sur lesquelles les dégazages de ce type sont permis. « Nous sommes satisfaits que M. Valletoux, Maire de Fontainebleau, s’en émeuve mais le largage ne serait pas moins dangereux sur une autre zone francilienne – a fortiori habitée, » remarque Bénédicte Monville-De Cecco, conseillère régionale de Seine-et-Marne qui ajoute que « le kérosène est un mélange d’hydrocarbure toxique pour la vie animale et végétale et a aussi des conséquences irréversibles sur la température de notre planète et sur le climat. »

 

Pour les écologistes, c’est donc bien la législation qui doit être remise en cause et repensée sous le prisme de la protection de l’environnement.

« Comme en mer pour le dégazage des bateaux, le seul levier que nous ayons est le levier financier et judiciaire. Les largages – et les raisons qui amènent à effectuer ces largages – doivent être davantage contrôlés, » propose Annie Lahmer. Le groupe écologiste tient à rappeler que le trafic aérien est trop subventionné, puisqu’il échappe à la taxe carbone, à la taxation sur le kérosène, ou encore au code des douanes[1], contrairement au train qui est par conséquent souvent plus cher. « Il faut que les compagnies aériennes assument le coût des risques qu’elles font courir aux humains et à l’environnement. Il faut également que les contrôles techniques soient renforcés avant le départ des avions face au vieillissement de la flotte… »

 

« Si les élu-es de droite sont en colère, ils auraient dû voter la loi sur le préjudice écologique et l’amender avec nous pour que l’indemnisation soit automatique dans tous les cas de pollution, » regrette Bénédicte Monville-De Cecco qui pointe les paradoxes des discours et rappelle que M. Valletoux est aussi président du CRT (Comité régional du tourisme d’Île-de-France) et devrait s’interroger sur le développement du trafic aérien, en particulier celui de l’industrie touristique low-cost.

 

[1] Selon les éléments issus des études du RAC (Réseau Action Climat), «  le manque à gagner annuel pour l’Etat français lié aux niches fiscales accordées au secteur aérien est évalué entre 1,2 et 1,42 milliard d’euros  » sur la seule taxe sur la kérosène… cf. http://www.rac-f.org/Salon-du-Bourget-Le-transport