L’agriculture biologique et citoyenne ferait-elle peur à l’ordre établi ?
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capture-decran-2016-10-14-a-14-54-09C’est une constante dans l’histoire, les modèles qui ne sont plus viables développent des stratégies de résistance agressives pour survivre coûte que coûte. Le modèle agricole industriel ne garantit plus la santé des agriculteurs et des consommateurs et l’emploi des professions agricoles. Depuis 2000, l’agriculture industrielle francilienne a perdu 80 exploitations céréalières, 50 éleveurs, 15 maraîchers et 13 arboriculteurs pendant que l’agriculture biologique gagnait 6 céréaliers, 2 éleveurs, 7 maraîchers et 1 arboriculteur.[1]

La région devrait accompagner ce mouvement, porter les priorités sur la transformation des pratiques et l’accompagnement des agriculteurs pour les aider à aller vers une production respectueuse de la santé et de l’environnement. Pourtant, depuis l’arrivée de la droite à l’exécutif régional, l’heure semble à une complaisance décomplexée envers la FNSEA, envers le modèle agricole qu’elle soutient majoritairement.

Ce sont ainsi toute une série de mesures qui coupent la possibilité de cette transition et l’expression de l’initiative citoyenne. Les actrices et les acteurs commencent à en ressentir les effets et ce jeudi 13 octobre 2016 le réseau AMAP Île-de-France a été contraint d’organiser une manifestation symbolique pour dénoncer les renoncements de l’exécutif régional dans le soutien au bio et aux AMAP[2].

« Les AMAP sont le symbole des nouveaux modèles émergents », soutient Mounir Satouri, présent à leurs côtés. « Des citoyennes et des citoyens  qui s’organisent pour partager des récoltes produites par des Paysans en Bio, c’est l’avenir de la nouvelle agriculture, et forcément, ça dérange les exploitants qui veulent alimenter les marchés. »

L’agriculture industrielle qui a investi le Conseil Régional Île-de-France a décidé de lutter contre les nouveaux modèles agricoles citoyens et biologiques, à rebours de toute logique, à rebours de l’histoire. Une preuve, s’il en est besoin : la récente condamnation de Biocoop à payer 30 000 € d’amende pour une campagne publicitaire anti-pesticides[3] jugée anti-concurrentielle.

« Lors de la COP21, les solutions portées par les citoyennes et les citoyens ont démontré qu’elles étaient porteuses d’espoir et de ré-enchantement du monde, » rappelle Bénédicte Monville-De Cecco. « Après la grand-messe médiatique, les gardiens du temple de la consommation et des marchés ont repris le cours de leurs activités et verrouillent la possibilité d’aller plus loin »

[1] http://www.bioiledefrance.fr/spip/IMG/pdf/CP_ChiffresCles-3.pdf

[2] Association pour le Maintien d’une Agriculture Paysanne.

[3] http://lareleveetlapeste.fr/biocoop-condamne-a-payer-30-000-e-campagne-publicitaire-anti-pesticides/