CR 83-16 : UN PPI 2016-2022 RÉVISÉ ET RENFORCÉ POUR FAIRE FACE A LA RÉALITE DES BESOINS
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Voir le rapport : CR_83-16_lycées plan investissement (les temps d’interventions sont limités par une durée proportionnelle à la représentativité dans l’hémicycle)

Bénédicte Monville-De Cecco

« Madame la Présidente, dans ce rapport, vous dites augmenter les moyens consacrés aux lycées franciliens et, en effet, le budget d’investissement augmente, consécutivement à des projets de construction de nouveaux lycées. Cependant, le budget de fonctionnement baisse, et dramatiquement, puisque ce sont 110 millions d’euros qui manqueront pour la rénovation des lycées, et 19 millions d’euros qui manqueront pour les grosses réparations.

Cependant, le contenu du rapport permet rapidement de comprendre l’intérêt, pour la majorité, de développer une vision disons catastrophiste de l’état des lycées franciliens. Nous y lisons la vétusté des lycées, les sureffectifs, que la nouvelle majorité ne pouvait laisser les communautés scolaires dans de telles difficultés. En réalité, il s’agit de convaincre de la nécessité de mobiliser des recettes nouvelles pour répondre au double défi de la qualité et de la rapidité. Je cite encore le rapport. Très vite, nous butons sur les expressions « valorisation du foncier disponible des lycées », « recourir à des marchés de partenariat » – entendez PPP, c’est-à-dire des partenariats public-privé. L’exemple de valorisation du foncier lycée disponible qui nous a été donné en commission éducation par sa vice-présidente était particulièrement édifiant : valoriser le parc du lycée de Dammarie- les-Lys, en Seine-et-Marne. Entendez : vendre un parc dont l’intérêt écologique et éducatif n’a pas de prix, pour payer les travaux de rénovation. Après cela, à qui la majorité veut-elle faire croire qu’elle agit dans l’intérêt de la communauté éducative, et de quelle éducation parlons-nous quand nous vendons des espaces verts pour permettre à des entreprises privées de réaliser des bénéfices au détriment de la qualité de vie de l’ensemble des habitants d’Île-de-France, et justement de l’éducation des jeunes générations.

Quant au partenariat public-privé, dont le principe fut adopté en 2004, ils ont pu connaître un certain engouement parce qu’ils permettaient aux collectivités locales de continuer à afficher des réalisations en transférant de gros investissements au secteur privé, sans les porter sur la dette. La plupart de ces partenariats se sont révélés extrêmement coûteux en réalité pour les collectivités, et Madame de la GONTRIE l’a rappelé, au point que la Cour des comptes, dans un rapport de février 2015, met en garde contre eux et que la commission des lois du Sénat les a qualifiés de « bombes à retardement » dans un rapport de 2014. Soit la nouvelle majorité, visionnaire, n’a pas vu que, depuis 2011, leur utilisation n’a cessé de baisser du fait, justement, de leurs énormes inconvénients, soit ses intérêts sont ailleurs.

Nous nous demandons aussi, derrière le souci de la communauté éducative, vous écrivez par exemple qu’il s’agit d’adapter les espaces d’enseignement aux nouvelles pédagogies. Nous pensons alors qu’il va être question de Maria Montessori ou de Célestin Freinet, de grandes figures des nouvelles pédagogies, en effet, qui ont également réfléchi au rapport entre espace et apprentissage. Mais non, il n’est question que des technologies de l’information et de la communication, sans doute, là encore, parce qu’elles constituent une source de profit incommensurable, en effet, avec les théories de Maria Montessori et Célestin Freinet.

Ce que dissimule ce rapport, c’est finalement l’occasion, pour un certain nombre de partenaires privés, d’engranger des bénéfices considérables sur la construction des lycées en Île-de-France. »