» Madame la présidente,Monsieur le Vice-président,

Chers collègues,

A la lecture de vos orientations budgétaires je ne sais pas trop si nous, écologistes, devons nous réjouir ou nous inquiéter.

Je m’explique.

Vos orientations budgétaires sont une relative bonne nouvelle puisque nous avons maintenant la certitude que nous n’appréhendons pas le monde de la même manière.

Compétitivité, sécurité, attractivité, économie, croissance, développement. Voilà les maîtres mots qui orientent vos politiques.

La croissance économique que les pays occidentaux ont connu pendant 30 ans, ne reviendra pas. La trajectoire normale est autour des 1 à 2% et faire croire que ce retour à des croissances de PIB supérieures à 3 ou 4%, c’est un mensonge. Cette croissance des années 70-90 était liée à la consommation des énergies fossiles et des ressources de notre planète. Ces ressources ne sont pas inépuisables et nous sommes entrés dans le siècle de l’épuisement de ces ressources.

Vos orientations budgétaires, tout comme le budget de l’année qui vient de s’achever, tendent à maintenir « coûte que coûte » un modèle économique à bout de souffle qui s’acharne à ponctionner l’argent public en pure perte.

Perte financière évidemment mais aussi perte de sens collectif lorsque l’on fait croire aux gens qu’ils ne trouvent pas du travail parce qu’ils sont mal formés, pas assez flexibles ou parce que des étrangers viennent leur voler leur emploi.

Le chômage de masse est structurel, et quand c’est la structure même qui pose problème, il faut en changer.

Alors vous ne serez pas étonnée que nous, écologistes, nous inquiétons pour notre Région, parce que l’ensemble des solutions que vous vous acharnez à mettre en place ont déjà été essayées des centaines de fois sans succès. Sans succès pour l’économie au service des personnes. Sans succès pour le bien vivre ensemble. Sans succès pour la préservation de notre planète et pour la lutte contre le dérèglement climatique.

Le climat justement, parlons-en.

Cela ne vous aura pas échappé. Cette semaine, nous sommes exactement un an après la COP21 et l’accord de Paris.

Dans vos orientations budgétaires, pas une seule fois le mot climat. Pas un seul mot sur ce que pourrait être une région exemplaire en matière de lutte contre le dérèglement climatique.

Alors plutôt que de faire ici la longue liste de vos renoncements pour prendre à bras le corps ces problématiques ou de faire votre sombre bilan après un an de mandature, je vais utiliser le temps qui nous est imparti pour tracer les lignes de ce que devrait être une Région engagée dans la course contre la montre pour arriver en 2050 à ce que l’augmentation de la température terrestre ne dépasse pas les +2°C.

Vous auriez pu, Madame la Présidente, engager notre région dans une politique énergétique ambitieuse qui ferait de notre institution une autorité organisatrice de la production d’énergie renouvelable sur son territoire. Imaginez le nombre de créations d’emplois non délocalisables dans beaucoup de corps de métiers si un grand plan de rénovation thermique était engagé. Si un grand plan de production d’énergie (solaire, éolien, hydraulique, géothermique, méthanisation) était engagé sur l’ensemble de nos territoires. Imaginez la dynamique que cela créerait dans les zones rurales.

Vous auriez pu, Madame la Présidente, faire que l’agriculture de notre région se tourne vers la création de petites unités de productions (bio évidemment) qui, nous le savons maintenant, créent bien plus d’emplois que l’agriculture intensive (qu’elle soit conventionnelle ou bio). Imaginez le visage rural de notre région si, à la place d’immenses champs lessivés par les intrants, nous avions des fermes à taille humaine.

Vous auriez pu Madame la Présidente, faire que la recherche soit soutenue et responsable. Imaginez notre région, phare mondial de la recherche fondamentale et appliquée sur des enjeux d’avenir au service des populations.

Vous auriez pu, Madame la Présidente, en finir avec les grands pôles d’activités qui obligent l’ensemble de nos concitoyennes et concitoyens à se déplacer sur de longs parcours entre des zones dortoirs et des zones d’activités. Repenser l’aménagement du territoire pour le bien des personnes.

Vous auriez pu, Madame la Présidente, engager notre région dans un grand chantier pour le lien social. En soutenant toutes les initiatives associatives qui œuvrent quotidiennement pour faire vivre la citoyenneté et renforcer le sentiment d’appartenance à un destin commun.

Les enjeux écologiques, sociaux et climatiques, ne sont pas issus d’un mauvais film de science fiction. La vitalité de l’économie n’est pas un préalable pour la mise en œuvre de politiques publiques mais une conséquence de mesures prises.

Être tourné vers l’avenir, c’est oser d’autres solutions raisonnables. Faire perdurer ce qui n’a jamais fonctionné, c’est être déraisonnable.

Nous, écologistes, affirmons que ces orientations budgétaires sacralisent une vision réduite et déraisonnable. En considérant que le soutien à l’économie du siècle dernier est l’avenir, vous marchez à reculons avec une volonté de faire faire à l’ensemble des Francilien-nes un grand bon en arrière. »